mercredi 14 septembre 2022

Vu d’Écosse.

Hommages à Élisabeth II : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”

Le quotidien écossais “The National”, résolument indépendantiste, critique avec véhémence la myriade de cérémonies protocolaires et la déférence de la plupart des médias et élus britanniques à l’égard de la famille royale.

La une du quotidien écossais “The National”, le 14 septembre 2022 : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”.
La une du quotidien écossais “The National”, le 14 septembre 2022 : “Ce genre de cirque n’a pas sa place dans une démocratie moderne”. The National

Alors que les cérémonies d’hommage à Élisabeth II battent leur plein, The National n’y va pas avec le dos de la cuillère à marmelade dans son édition du 14 septembre, dénonçant “une pantomime grotesque”, menée par la famille royale britannique avec la complicité des élus, de la presse, de la police, etc.

Au lendemain de l’étape écossaise du nouveau monarque, Charles III, et du cercueil de la défunte reine, le journaliste n’épargne pas même la chèvre Shenkin, mascotte du troisième bataillon des soldats royaux gallois, vedette d’une procession à Cardiff trois jours auparavant et dont la photo s’affiche à la une du National.

La Première ministre d’Écosse, Nicola Sturgeon, entend organiser un nouveau référendum sur la sécession en 2023, et le deuil national décrété au Royaume-Uni a tout d’une longue épreuve pour les indépendantistes écossais :

“Ceux d’entre nous qui pensaient que les funérailles de la reine seraient marquées par la dignité et la retenue sont stupéfaits par la façon dont on les utilise pour magnifier un empire perdu. […] Il n’y a rien dans cette caricature d’un féodalisme venu du XVIIIe siècle qui puisse être qualifié de convenable. […] Un jour ou deux, d’accord. Mais pas dix-huit jours où tout devrait s’arrêter pour permettre à l’aristocratie britannique et à ses lèche-bottes dans les médias de droite de se livrer à leur penchant fétichiste.”

La BBC, qui est passée du statut de “diffuseur modéré et équitable à celui d’instrument de l’establishment britannique” – comme “lors du premier référendum sur l’indépendance”, en 2014 – “a établi un nouveau record de servilité”, assène le journaliste. Selon lui, la chaîne britannique a “fourni des commentaires dignes de ceux qu’on risque d’entendre à la mort de Kim Jong-un”.

Quelques individus ont par ailleurs été interpellés durant les différentes cérémonies à travers le royaume “pour avoir participé à des manifestations pacifiques contre la monarchie”. “Il semblerait que des suspensions provisoires de la liberté d’expression ont été tolérées ces derniers jours”, commente le chroniqueur :

“Et ce n’est pas encore fini, tant s’en faut. Il reste encore le couronnement du roi l’année prochaine.”

 

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