mercredi 19 avril 2023



Hommage à Jacques Gaillot, Juste parmi les Justes.

Nous apprenons avec tristesse la mort de Jacques Gaillot, un grand militant chrétien qui n’avait pas peur d’affronter sa hiérarchie quand sa conscience le lui conseillait (il fut « cassé » par le pape archi-réactionnaire Woytela, qui le démit en 1995 de sa charge d’évêque d’Evreux dont il occupait le sacerdoce depuis 1982 ), de fréquenter des communistes « sulfureux » et j’ai de lui deux souvenirs pas si « pieux » que cela:

– Contacté par mon camarade Désiré Marle, prêtre-ouvrier du Pas-de-Calais et militant CGT, président du Comité Honecker de Solidarité Internationaliste, le Père Gaillot avait apporté son soutien à Erich Honecker et aux communistes allemands au moment où ils étaient abandonnés par tous, et d’abord par les dirigeants « eurocommunistes » occidentaux et français.

– Quelques années plus tard, pour marquer sa solidarité avec Cuba, Jacques avait concélébré une messe dédiée à Cuba socialiste avec Désiré Marle.

« Et si les chrétiens du pays / Sans vergogne / Jugent que cet homme a failli

Çà laisse à penser que pour eux / Sans vergogne / L’Evangile c’est de l’hébreu »

Brassens, Les Quatre Bacheliers

Honneur et tendresse pour ce Juste parmi les Justes!

Georges Gastaud 

Note de Pedrito

Ce devait  être en 2000, 2001. Nous venions avec mon épouse Gisèle de passer le dimanche après midi, comme tous les quinze jours, à l'hôpital de LANNEMEZAN, où mon neveu Philippe avait été transféré après avoir été battu à mort deux ou trois ans auparavant à la sortie d'un bar à AUCH, par trois ivrognes sanguinaires.  Nous rentrions par la route qui descend vers TRIE, destination finale MAUBOURGUET. En traversant CASTELNAU MAGNOAC, je reconnais, assis sur un banc public et devisant avec un ami, Mgr GAILLOT. Je dis et j'écris monseigneur, parce que, bien que athée, j'avais pour cet homme une profonde admiration, tellement son comportement humain me paraissait exemplaire, en opposition absolue avec le pape de l'époque, le très réac  polonais qui ne lui arrivait pas à la cheville dans le domaine de la fraternité prôné par l'Église catholique.

J'ai stoppé le moteur, je me suis approché d'eux, je  les ai salués, juste le temps de dire à l'Évêque ma profonde et respectueuse admiration. Il n'a pas paru étonné, l'habitude sans doute de recevoir de tels hommages. J'ai tout de suite reconnu le regard et le visage tout entier de l'homme bon que la télé m'avait fait connaitre. Il m'a remercié, sensible sans doute à ma démarche spontanée, agréablement surpris sans doute car je lui avais précisé en deux mots que je n'étais pas croyant mais que si j'avais tenu à le saluer c'était pour son courage et l'image qu'il donnait de sa foi et de l'Église. Et je l'ai quitté aussi rapidement que je m'étais arrêté.

J'ai appris plus tard qu'il vivait dans une maison de retraite pour religieux.

Sa disparition m'a fait beaucoup de peine. 

Épilogue.

Quand à mon pauvre neveu, il s'est éteint peu de temps après, et ces quatre années de grandes souffrances sur son fauteuil roulant. Quand on a ramené le corps chez ses parents, alors que mon épouse Gisèle, - sa tante par alliance, qui l'avait patiemment visité chaque quinzaine  par amour pour moi, pour me faire plaisir- se levait pour saluer sa dépouille, comme la mère de Philippe venait de lui prendre la main, en lui disant "vous venez, Gisèle? " , mon autre neveu, le frère de Philippe, s'était interposé d'un autoritaire " NON MAMAN, LA FAMILLE D'ABORD!" 

Dois-je préciser que je n'ai pas apprécié. Pour mon épouse, et pour elle seule, sa patience, sa gentillesse, l'amour qu'elle avait manifesté pour tous, elle qui avait effectué avec moi une centaine de visites de Philippe, alors que le frère ne s'était pas donné la même peine.....Loin de là.... Ma femme qui avait sacrifié pendant plus de 4 ans une centaine de dimanches, ma perle considérée par un petit malappris comme ne faisant pas partie de la famille!!! . Je n'ai pas pardonné. L'immense orgueil de ce neveu l'a dispensé d'exprimer un regret. Un seul. Un tout petit peu d'humilité, ce ciment des vrais hommes.

Depuis ce jour, j'ai rompu avec lui. Malheureusement aussi avec sa mère, qui n'a pas eu le courage de dire à son fils de réfléchir. De se faire pardonner sa goujaterie. Voilà pourquoi je rattache à Mgr GAILLOT ce triste épisode de ma vie, où je me suis détourné d'une partie de ma famille, à cause d'un malotru qui dicta sa règle imbécile à sa mère. Sans que celle-ci n'objecte la moindre réplique.

 

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