Missak, Mélinée Manouchian et le bal des hypocrites
lundi 19 juin 2023 par Charles Hoareau (ANC)
Les réactions se succèdent depuis l’annonce par « Sa Suffisance » de faire entrer au Panthéon Missak et Mélinée Manouchian.
Évidemment l’ANC ne peut qu’approuver une telle décision même si on ne
croit pas un seul instant à la sincérité des intentions de l’annonceur
de cette nouvelle.
On ne peut que l’approuver et notre histoire en témoigne.
En 2009, nous étions alors sous la présidence Sarkozy et voulions créer une association d’éducation politique populaire.
Nous disions que nous étions alors en résistance (nous le sommes
toujours) face à ceux qui veulent casser tous les droits conquis en
particulier à la Libération et nous pensions que les questions
d’immigration étaient au cœur du combat de classe, de cette résistance
face aux casseurs.
Elles le sont toujours.
La preuve par la loi séparatisme, les licenciements au lycée Victor Hugo à Marseille où la question du racisme et de l’islamophobie sont en bonne place et par le fait qu’à chaque fois que cela est possible, un élément de la vie sociale est utilisé pour dénoncer les migrants (ou français qui ne « sont pas de souche »).
Dans ce contexte le choix du nom à donner à cette association de formation à la lutte s’imposait : ce fut celui de Manouchian.
Il s’impose encore aujourd’hui et la décision de la Panthéonisation des époux Manouchian ne peut que nous donner raison.
Les résistantes et résistants d’aujourd’hui, des Vert Baudet aux camarades de l’énergie, des grévistes de la chimie à celles et ceux qui foulent le pavé et se mobilisent sans relâche depuis des années contre toutes les saloperies que ce gouvernement au service du grand capital nous pond en permanence, ils et elles sont les enfants des Manouchian.
Eux seuls peuvent s’en réclamer et les honorer sans être soupçonnés
de rentrer dans le bal des hypocrites qu’ouvre celui qui règne sur la
France avec mépris, arrogance et inhumanité.
Celui qui, pour ne prendre qu’un exemple a ri des morts des
kwassa-kwassa avant d’ordonner plus tard la destruction des habitations
« d’immigrés » comoriens que les gouvernements de notre pays ont
fabriqués en fracturant un pays entier au mépris des résolutions de
l’ONU.
Pour terminer je voudrais juste citer Mourad Laffitte lui qui dans ses films a porté à plusieurs reprises cette question de la résistance et du rôle des immigrés durant cette période.
« On ne peut que se réjouir de l’entrée de Missak et Mélinée Manouchian au Panthéon. A travers cette panthéonisation, c’est la résistance communiste, Francs-tireurs et partisans - main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI) unités de la Résistance communiste fondées en avril 1942 pour conduire la guérilla urbaine – J’ai une pensée pour Julien Lauprêtre, dernier résistant à l’avoir rencontré, à Arsène Tchakarian, du groupe Manouchian, à Léon Landini qui œuvre depuis plus de soixante-dix ans pour la reconnaissance de ses camarades. A celles et ceux qui ont permis cette entrée au Panthéon.
Raymond Aubrac m’avait dit un jour : « peut-il y avoir un esprit de résistance sans projet politique ? ». Nous y sommes ! J’imagine, moi, modeste réalisateur qui a travaillé vingt-cinq ans sur cette question, qui a eu la chance de rencontrer la majorité des survivants, ce 21 février 2024, jour de la commémoration, remontant la rue Soufflot un cortège d’hypocrites et de fourbes, ceux-là mêmes qui piétinent au quotidien les valeurs de la résistance, son esprit et son programme.
On va honorer à bon escient un poète résistant qui a fui le génocide arménien et qui contribuera à la libération au prix de sacrifices et dans le même temps, durcir le droit d’asile, [renforcer] la stigmatisation de l’Etranger.
Missak Manouchian fut l’une des premières victimes des lois
Daladier (lois qui en 1938 facilitent les expulsions et ouvrent des
“camps de concentration” selon le terme de l’époque, pour les étrangers
“indésirables” que l’on ne peut renvoyer dans leur pays)
On va honorer un résistant étranger dans un pays où l’extrême-droite a
pignon sur rue, se livrant à toutes sortes d’exactions. Dans un pays qui
compte 88 députés fascistes. N’oublions jamais que Missak Manouchian
que nous allons honorer était en tête de cortège de la manifestation du 9
février 1934 en réaction à la manifestation antiparlementaire du 6
février 1934, conduite par les ligues d’extrême-droite. »
Panthéoniser et rendre inoffensif ?
Une première réponse pourrait nous venir de l’analyse de Lénine
qu’il exprime dans son introduction de l’État et la Révolution publié en
1917 :
(JP-ANC)
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