Gérard Collomb, Bernstein, Kautsky, Lénine et le PCF
Après ces temps d’hommage à Gérard Collomb, il n’est pas inutile de rappeler à quel point il symbolise ce qui fracture la gauche depuis 1920, ce qui a conduit à la trahison de l’espérance de 1981, puis à cette fracture avec les milieux populaires qui a failli détruire totalement le parti communiste.
Il faudra faire le bilan de l’ère Collomb pour Lyon et son agglomération. Un formidable développement, creuset de terribles inégalités, une formidable transformation accélérant des ségrégations toujours plus fortes. Il faut penser dialectiquement pour n’oublier ni le formidable ni l’injustice...
Mais la première leçon pour les communistes, c’est l’impasse d’une stratégie de rassemblement dans une union de la gauche d’en haut et électoraliste. Si Deferre avait exclu les communistes, le très mitterrandien Collomb les avait associé, les intégrant dans l’institution jusqu’à pousser leurs élus à s’oublier dans le jeu politicien, et à s’opposer en 2014 aux militants qui les avaient choisis.
La leçon lyonnaise de Gérard Collomb, c’est que le parti communiste n’a aucun avenir dans une gauche électorale, médiatique, politicienne. Il n’a aucune force ailleurs que dans ses racines populaires, travailleuses, militantes... Et ce sont les seules forces qui vaillent pour construire un rassemblement populaire majoritaire
Témoignage de Pierre-Alain Millet pour le groupe communiste et républicain de la métropole du Grand Lyon, le 27/11/2023
Gérard Collomb, une vie engagée dans la recherche d’une troisième voie
Gérard Collomb a été une personnalité politique lyonnaise de premier plan. Il restera dans l’histoire dans la lignée d’Edouard Herriot, ces maires de consensus qui sont rattachés d’abord à l’histoire de cette ancienne capitale des gaules marquée par un christianisme progressiste, le radicalisme, un équilibre politique que les moments révolutionnaires comme ceux des canuts n’ont jamais vraiment déstabilisé.
L’histoire fera plus tard le bilan, mais ce ne serait pas rendre hommage à l’homme politique, au penseur du réformisme, au formidable débatteur public craint par tous ses contradicteurs, dans cette enceinte notamment, que de masquer nos désaccords, nos divergences, et parfois de durs combats politiques. Il avait à la fois une étonnante connaissance de si nombreux dossiers, et un sens de l’histoire au cœur de tout engagement politique. Porté au siège de maire par l’union de la gauche, il a construit un régime politique élargi, ce vieux projet d’un centre progressiste qui avait échoué avec Deferre en 1969 et qu’il a pu construire pendant 20 ans à Lyon, déstabilisant ses adversaires comme ses alliés, les communistes s’en souviennent en 2014...
C’est en tentant de le porter au plan national, comme un des pères fondateurs de la macronie, qu’il a butté sur une impossibilité. Il ne peut y avoir de gauche, fut-elle centriste, sans les milieux populaires, et le capitalisme pousse toujours les contradictions à leur forme la plus violente, poussant comme il le dira en quittant le ministère de l’intérieur, à vivre face à face plutôt que cote à cote...
Il laisse ouvert ce vieux débat historique du rapport entre la gauche et les classes sociales. J’en garde un souvenir personnel dans le mandat de 2008. J’avais utilisé une citation de Marx qui m’avait valu une réplique surprenante de sa part, dénonçant l’attaque du réformiste Berstein [1] par le révolutionnaire Kautsky [2], celui pourtant dénoncé comme renégat par Lénine. Au-delà de sa culture historique et politique hors du commun, il m’avait sans équivoque rappelé le vieux débat entre réformisme et révolution, un débat qui reste plus ouvert que jamais.
En pensant à tous ses proches, je garde le souvenir de son incroyable énergie redevenu conseiller d’opposition, de notre dernière rencontre dans les couloirs de la métropole et de son tutoiement amical et souriant, malgré la maladie.
(°) Il est bien tard pour s'en préoccuper !!!!!!!
(point de vue de Pedrito, ancien militant déboussolé par les leçons du passé - les trahisons - et la tournure actuelle enclenchée par Fabien Roussel, à mon humble avis guère plus engageante d'union au sommet mortifère avec des politiciens m'as tu vu sociaux démo. plus enclins à la collaboration de classes avec la droite qu'aux choix nécessaires de la nécessaire abolition du capitalisme impérialiste. Rien à voir avec une union populaire autour d'un parti communiste débarrassé de ses dérives électoralistes )
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