lundi 15 janvier 2024

 

Un nouveau gouvernement : pour quoi faire ?

 

Qu'attendre du gouvernement formé, ces jours-ci, par Gabriel Attal ? Pas grand-chose, si l'on en juge par ses lacunes flagrantes.

 

 Qu'est-ce qu'un gouvernement ? Une sorte de super organigramme appliqué à l'ensemble d'une nation afin d'en permettre, secteur par secteur, la meilleure gestion possible. Mais ce tableau de bord ne peut se prévaloir d'aucune neutralité scientifique (si tant est que la science soit neutre). Il reflète l'orientation politique et les sympathies momentanées du Prince pour les membres de sa cour rapprochée. Autrement dit le népotisme y demeure la règle tacite – un poste de ministre est toujours une récompense – ; tout comme la stratégie insidieuse qui consiste à détourner telle ou telle personnalité de son clan politique initial.

Sous cet angle-là le gouvernement formé par Gabriel Attal en est une assez parfaite illustration, avec Rachida Dati nommée à la Culture au grand dam des Républicains ou Stéphane Séjourné (ex-compagnon du premier ministre) qui devient le nouvel occupant du Quai d'Orsay. Pour le reste aucune surprise, puisqu'on retrouve, chacun à son poste respectif, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Eric Dupond-Moretti, Sébastien Lecornu et Christophe Béchu, déjà présents dans le gouvernement Borne.

Au demeurant, ce n'est pas ce qui est le plus dérangeant dans ce nouveau gouvernement ramené à seulement quatorze ministres. Ce qui est problématique c'est justement son « resserrement », avec la compression - je n'ose parler de disparition - de ministères fondamentaux à l'équilibre du pays. Voici Amelie Oudéa-Castera en charge de l'Education Nationale, des Sports et des Jeux Olympiques. Même si elle peut compter sur une armée de collaborateurs pour la seconder dans cette triple tâche, on se doute bien à quel événement va aller, au cours de ces prochains mois, sa priorité. Et c'est dramatique, car l'école en France va mal, très mal, dégradée par un nombre croissant d'élèves de plus en plus réfractaires aux normes républicaines, à commencer par la laïcité. Mal payés, agressés et démoralisés, les enseignants auraient pourtant bien besoin d'un(e) ministre qui s'occupe d'eux à plein temps, eu égard à leur rôle fondamental dans la société. Il leur faudra sans doute attendre un prochain remaniement ministrériel pour cela.

Ce n'est pas mieux avec le nouveau ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités attibué à Catherine Vautrin. Célébrés pour leur dévouement durant la crise de la Covid 19, les acteurs de la Santé sont depuis retournés dans l'ombre. Et pourtant, c'est peu dire que ce secteur est malade, lui aussi, avec l'expansion des déserts médicaux, le manque de lits et de personnel dans les hôpitaux, la progression de la logique comptable appliquée à la souffrance humaine. Que va faire madame Vautrin - et avec quel budget - dans cette situation ? Privilégier le retour à l'emploi des chômeurs ou le retour à la santé, tant des patients que des soignants ? Peut-être simplement calmer le jeu en attendant les prochaines élections ? Une chose est certaine, c'est que pour elle, « le travail c'est la santé », comme le chantait Henri Salvador.

D'autre part, à l'heure où la natalité est en chute libre dans ce beau pays de France, on ne peut que déplorer l'absence d'un vrai ministre de la famille dans le gouvernement Attal. Tout comme les seniors, retraités et personnes âgées, qui attendent toujours leur ministère, alors même qu'ils représentent un quart de la population française maintenant. Et que dire des handicapés qui n'ont même plus un secrétariat d'état pour améliorer leur condition ? En revanche, on y trouve toujours, en la personne d'Aurore Bergé, une sempiternelle ministre (déléguée) à l'égalité des femmes et des hommes ; comme si celle-ci n'était pas déjà inscrite depuis longtemps dans la loi.

Pas plus que le précédent, ce nouveau gouvernement, de par ses choix de fonctionnement, ne sera en mesure de répondre aux attentes vitales des Français. Mais qui nourrit encore cet espoir ?

 

Jacques Lucchesi

 

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