mercredi 13 mars 2024

 

Qui conseille le chef de guerre au sommet de l’État Français ?

Depuis l’intervention de la Fédération de Russie en Ukraine le 24 février 2022, Emmanuel Macron se pose en chef de guerre incontesté en Europe. Ce doit être une idée fixe chez lui, car le 16 mars 2020, au début de la « crise sanitaire », ce dernier martelait au peuple français : « Nous sommes en guerre, en guerre sanitaire certes. Nous ne luttons ni contre une armée ni contre une autre nation, mais l’ennemi est là, invisible, insaisissable, et qui progresse… » (1) 

Je supposais à tort que son instinct guerrier allait s’amenuiser avec le temps. Or, ce « modus operandi intellectuel supposé temporaire » est devenu, malheureusement, permanent. Sa véritable nature perturbée s’étale de plus en plus et la question de sa légitimité à la tête de l’État se pose de plus en plus. Il n’est pas le seul dans ce cas. Joe Biden, 46e président des Etats-Unis, semble ne pas avoir tous ses neurones bien alignés. Le problème est qu’Emmanuel Macron et Joe Biden dirigent des pays possédant le feu nucléaire et qu’ils peuvent, d’un clic, transformer cette planète en une fournaise inhabitable.

Élevé et biberonné par les anges gardiens de la République, l’ENA et la banque Rothschild, notre chef de l’État et des armées semble être tout émoustillé à l’idée de faire pleuvoir des bombes sur la Fédération de Russie. Tel un Néron qui regardait avec exaltation Rome en flammes, jouirait-il en secret de voir Paris dévasté ? Le problème, avec les irresponsables, réside dans leur imprévisibilité. Entouré d’une caste technocratique, arrogante et définitivement déconnectée, plus centrée à conserver leurs privilèges qu’à contrarier « Jupiter », le bénéfice collectif de la nation est quasiment réduit à zéro.

Un élan de folie collective a propulsé à la tête de l’État, en 2017, un jeune président ayant épousé une femme de la génération des « boomers ». Toutes les générations ont été séduites et l’ont porté au pinacle. J’étais loin de me douter, qu’avec un bilan aussi désastreux de son premier quinquennat, les Français allaient en redemander en 2022. Comme dit le proverbe : « L’erreur est humaine, mais persévérer est diabolique ». - Citation de Sénèque ou de Ménandre -. 

Voici quelques dates clé de l’escalade de l’Attila français :

24 février 2022. Ukraine : "A cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse", déclare Emmanuel Macron (2)

29 août 2022. Extrait de son entretien avec Mateusz Morawiecki, Président du Conseil des ministres de Pologne. « Nos échanges de ce jour porteront bien évidemment sur la guerre en Ukraine et sur notre détermination commune à soutenir l'Ukraine pleinement, aussi longtemps que cela sera nécessaire. » (3)

31 décembre 2022. A l’occasion des vœux présentés aux Français, il avait envoyé un message aux ukrainiens : « Nous vous aiderons jusqu’à la victoire  », « soutien sans failles ». En clair : Il venait de déclarer, de facto, la guerre à la Russie, mais il nous souhaitait une bonne année et une bonne santé. (4)

17 et 18 février 2023. Les leaders occidentaux étaient réunis à la conférence de Munich pour un «  Davos de la sécurité internationale  ». Emmanuel Macron y a accusé la Russie d’être une «  puissance de déséquilibre et de désordre  ». (5)

16 février 2024. Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de faire, devant le Parlement, une déclaration « relative à l'accord bilatéral conclu avec l’Ukraine » suivie d'un débat et d'un vote. Cet accord de sécurité « inscrit notre soutien à l'Ukraine dans la durée pour faire échec à la guerre d'agression de la Russie. » Dans ce texte, signé avec Volodymyr Zelensky à Paris, la France s'engage à fournir en 2024 « jusqu’à trois milliards d'euros d'aide militaire supplémentaire » à Kiev, après un soutien qu'elle chiffre à 1,7 milliard en 2022 et 2,1 milliards en 2023. Soit un soutien civil et militaire dans la durée... (6)

26 février 2024. Le chef de l’Etat avait affirmé que l’envoi en Ukraine de troupes au sol ne devait pas « être exclu », au nom d'une « ambiguïté stratégique ». La plupart des autres pays européens et même les Etats-Unis, se sont démarqués de cette position, tout comme les opposants en France. Quant au Kremlin, il a accusé et à juste titre, le président français « d'augmenter le niveau d'implication directe de la France » dans le conflit.

7 mars 2024. Ayant réuni les chefs de parti à l’Élysée, ses paroles ont été sans ambiguïtés. Extrait du magazine Le Point. « Guerre en Ukraine. Ce qu’a dit Emmanuel Macron aux chefs de parti : aucune limite, aucune ligne rouge… au soutien de la France à l'Ukraine ». Tous les responsables des partis politiques présent sont ressortis inquiets par les propos du président de la République. (7) Mais après, dans le salon des Ambassadeurs, tous les partis d’opposition sont tombés d’accord, pour dire qu’il faut « apporter un soutien indéfectible à l’Ukraine ». Il faudrait savoir ! D’un côté, les principaux responsables des partis politique sont inquiets, et de l’autre il faut soutenir Zelensky et ses bataillons aux relents néo-nazi. - Azov, Centre Droit, Aidar…- (8)

Depuis l’opération spéciale lancée en Ukraine le 24 février 2022 par la Russie, une partie du haut commandement militaire, s’exprime régulièrement dans les médias. Des généraux, tels que Yakovleff, Goya, Trinquand, Pellistrandi, Minguet, multiplient les interviews. Leurs analyses séduiront certainement les férus de l’art de la guerre et conforterons les soutiens inconditionnels de la « suprématie » de l’armée ukrainienne face à « l’infériorité » de l’armée de la Fédération de Russie. Présentées finement, leurs explications comportent immanquablement une plaidoirie en faveur d’un rehaussement constant du budget des armées. Plus de bombes, plus de chars, plus de balles, plus de destructions, donc plus de morts. (9)

Éminence grise de l’Élysée, Isabelle Dumont, est une experte de l’Ukraine qui a soufflé dans l’oreille de François Hollande et d’Emmanuel Macron. Inconnue du grand public, parlant quatre langues, elle fait partie du cercle restreint des conseillers de la présidence. Entre 2015 et 2019, elle a été ambassadrice à Kiev et a ensuite intégré le pôle diplomatique de l’Élysée. Elle connaît l’Ukraine sur le bout des doigts et considère que la guerre dure, en réalité, depuis 2014. - Date du coup d’Etat de l’Euromaïdan -. Elle a fait partie du groupe de travail de négociations sur les accords de Minsk, signé le 5 septembre 2014. Accords qui n’ont jamais été respectés par les gouvernements ukrainiens. Depuis le 14 décembre 2023, elle a été postée ambassadrice à Ankara en Turquie. Le problème est qu’Isabelle Dumont ne semble pas avoir dénoncé les bombardements incessants causés par les différents gouvernements ukrainiens dans la région du Donbass depuis 2014, alors qu’elle en a été un des témoins directs. – plus de 18 000 morts dont beaucoup de civils -. Pourquoi ? (10) et (11)

Son remplaçant en Ukraine s’appelait Etienne Poncins. En poste depuis 2019 à Kiev, il cède sa place le 18 août 2023 à Gaël Veyssière. Voici son message posté sur le site « La France en Ukraine » à cette date sur X : « Alors que je quitte mes fonctions, je veux redire le soutien indéfectible de la France à l’Ukraine et notre admiration pour sa courageuse résistance à l’agression russe. ». Totalement en phase avec l’OTAN et la politique de la France.

Le nouvel ambassadeur à Kiev s’appelle Gaël Veyssière. A peine arrivé, il montre qu’il soutiendra sans faille la politique jusqu’au boutisme d’Emmanuel Macron. Extrait de son discours du 24 janvier 2024 : « Il n’y a pas de paix durable sans justice et sans sanction. La France y contribuera » « Dans sa tribune pour Європейська правда, l’Ambassadeur de France en Ukraine Gaël Veyssière détaille la poursuite du soutien de la France à l’Ukraine en 2024… » (12)

Ces ambassadeurs doivent être atteints du « syndrome de Stockholm ». En effet, un décret a été publié le 17 avril 2022 annonçant la suppression du corps diplomatique dès 2023. Cette mesure s’inscrit dans le cadre de la réforme de la haute fonction publique d’Emmanuel Macron, envisageant la suppression des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires. Les 800 hauts fonctionnaires du ministère des Affaires étrangères avaient jusqu’au 1er janvier 2023 pour choisir de rejoindre le pot commun des « administrateurs d’État ». Ceux qui refusaient cette transition risquaient de ne pas voir leur contrat renouvelé à l’échéance de 2023.

Abordons maintenant le nerf de la guerre. Qui finance le complexe militaro-industriel ? (13) Ce sont évidemment vos impôts. Grâce à l’émergence, depuis les années 1990, de fonds cotés en bourse (ETF 14), beaucoup de financements ont été possibles sans que cela n’attire l’attention du grand public.

Le 30 juin 2022, au cours d’une cérémonie de signature organisée par le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, les dirigeants et les ministres de 22 pays de l’Alliance ont lancé le fonds OTAN pour l’innovation, premier fonds de capital risque « multi souverain » au monde. Voici un extrait de sa déclaration : « Ce fonds est unique en son genre. Grâce à son horizon d’investissement à 15 ans, il va permettre de développer des technologies naissantes qui ont le potentiel d’induire des changements profonds pour notre sécurité dans les décennies à venir, en soutenant l’écosystème d’innovation de l’Alliance, ce qui renforcera la sécurité de la population de nos pays, soit un milliard de personnes.  »

Le 1er août 2023, vingt-trois pays de l’Alliance (OTAN) sont officiellement devenus associés commanditaires du Fonds OTAN pour l’innovation (NIF). C’est le « premier fonds de capital-risque multi souverain au monde », qui va investir 1 milliard d’euros dans des start-ups technologiques du secteur de la défense. L’industrie de la défense a retrouvé des couleurs et de l’intérêt auprès des investisseurs depuis le début de la guerre en Ukraine. Les budgets militaires ont explosé pour le plus grand plaisir des marchands d’armes.

Actuellement en Europe, les engagements d’aide militaire pour l’Ukraine ont augmenté de manière spectaculaire pour atteindre la fabuleuse somme de 50 milliards d’euros. Le complexe militaro industriel européen n’a pas la capacité de produire aussi vite que celui de la Russie et pourtant, il continue de percevoir l’aide ukrainienne via le fonds spéculatif ETF de l’OTAN.

Pour produire plus d’obus, les lobbies militaires réclament plus d’aide des États pour générer encore plus de bénéfices. Emmanuel Macron a suivi cette tendance depuis 2022, en augmentant le budget du ministère des armées tout en déclarant sa volonté de créer une économie de guerre et un complexe militaro industriel français.

En 2024, la France est devenue le deuxième marchand d’armes du monde, et l’Ukraine le troisième importateur d’armes. (15) À ce propos, une question : je n’ai jamais entendu parler de mouvement de grèves dans les usines d’armement… Curieux, non ? 

Et la paix dans tout ça ? Avec des va-t-en-guerre au sommet de beaucoup de pays de l’UE, des Etats-Unis et d’Israël, elle joue les abonnés absents. Ceci implique que la responsabilité de chacun de nous est engagée. Chaque personne peut influencer le cours de l’histoire. Le futur n’est pas écrit. Il sera ce que la population dans son ensemble en fera. Habiter un havre de paix ne dédouane en rien de ses responsabilités envers ses voisins et les peuples de la Terre. Continuer à faire l’autruche est le moyen le plus rapide pour que cette planète finisse un jour par exploser. Chaque personne a le pouvoir de dire non. Chaque personne peut s’élever contre des lois et des ordres liberticides. Chaque personne peut dire non à la guerre et à la misère. C’est juste une question de bon sens. Mais encore faut-il le vouloir.

Claude Janvier.    Blog Agora Vox

Écrivain, essayiste et chroniqueur de l’émission hebdomadaire « Libres Paroles » sur TV ADP. Intervenant régulier sur RT France et des médias libres et indépendants. Son dernier livre : « Les Démasqués, Qui dirige réellement le monde ? » KA Éditions https://kaeditions.com/product/les-demasques-qui-dirige-reellement-le-monde/

 

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