jeudi 18 avril 2024

 

La militance PCF fracturée par l’attitude de la direction Roussel sur la Palestine 

Durant des dizaines d’années, et même si la dérive social-démocrate et euro-complaisante du PCF allait s’accentuant, ce parti jadis anticolonialiste a longtemps gardé un positionnement décent sur la question palestinienne. Le fait que désormais, sur cette question aussi, la dérive social-imperialiste du PCF soit devenue flagrante, le plaçant même à droite de LFI, crée des tensions croissantes y compris chez des militants ordinairement prompts à tout avaler par « esprit de parti » mal compris. Quand on en est, comme Roussel et Chassaigne, à voter les crédits de guerre réclamés par Macron pour guerroyer en Ukraine derrière un régime pronazi couvé par l’OTAN, on peut bien dans la foulée renvoyer quasiment dos-à-dos les deux parties aux prises au Proche-Orient, c’est à dire le peuple palestinien génocidé, et l’agresseur fasciste Netanyahou fauteur de guerre régionale, voire mondiale. 

Bref il n’y a que la première trahison qui coûte et, comme l’écrivait Racine dans La Thébaïde,

« Les premiers forfaits coûtent quelques efforts,

Mais on commet, Attal[1], les seconds sans effort ».

A lire : Interview de Roussel dans l’Huma, déclaration du CCN, les appels à droite toute du PCF.


L’enquête de Médiapart qui démontre la montée de la contestation de Roussel Deffontaine au sein du PCF

Dans une enquête de Médiapart publiée le 11 avril il est fait état d’un « malaise grandit au sein du Parti communiste français (PCF), que même l’exigence de cohésion en pleine campagne pour les européennes du 9 juin ne parvient pas à étouffer complètement » selon les mots du journaliste Mathieu Dejean.

Entre autres éléments, il est rapporté que le 8 mars la section de Gennevilliers dans le 92 a voté à l’unanimité une déclaration « une déclaration protestant contre le refus répété du parti designer les appels à manifester du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens (CNPJDPI). » Même tonalité du coté de la coprésidente communiste au conseil de Paris Raphaëlle Primet qui a écrit pour témoigner de la « colère contre le manque de prise d’initiative (de la direction du PCF ndlr), de parole et d’actes forts ». Les camarades communistes qui osent privilégier la défense du peuple palestinien, dans la continuité des prises de position de toujours, plutôt que la stratégie de triangulation visant à se rapprocher du PS et d’EELV, en reprenant les éléments de langages de la droite extrême de Macron à Le Pen, pour attaquer les positions de la gauche (LFI notamment) dénoncent un climat de répression interne. Dans la section du 19e, Hadrien Bortot rapporte au journaliste de Médiapart « Le choix fait par la direction de participer à l’idée qu’il y a deux gauches sur la question palestinienne a créé de fortes divisions dans le parti : j’en ai fait les frais en étant taxé de “soutien des terroristes” par une camarade »

Les militants communistes dénoncent ainsi une absence délibérée de la part de la direction du PCF qui est à l’encontre du soutien au peuple palestinien.

Les associations de défense des palestiniens sont interloquées par une double conditions posées par le PCF comprenant notamment que la solution à deux Etats soit définie comme seule solution politique au conflité. Interrogée par Médiapart, Anne Tuaillon, présidente de l’Association France Palestine solidarité (AFPS),longtemps proche du PCF, souligne « Alors qu’il y a un génocide en cours, le PCF fait de cette seule solution une condition pour signer les appels communs. On a du mal à le comprendre, l’essentiel étant de marquer notre solidarité avec les Palestiniens. »

Jean Claude Lefort, député PCF du Val de Marne pendant 20 ans, beau père de Salah Hamouri et figure de la cause palestinienne en France a publiquement annoncé quitter le PCF en raison de ses prises de positions.

Et Médiapart de souligner que la ligne sur le conflit israélo palestinien de Roussel est désormais écrite par le trotskyste Christian Piquet, transfuge du NPA et de la LFI, en condamnant les « pulsions génocidaires » et « pogrom à l’intention génocidaire déclenché le 7 octobre » par le Hamas mais n’employant pas, après la destruction des deux tiers de des constructions de Gaza, le siège interdisant l’aide humanitaire et y installant la fin, et plus de 30 000 victimes civiles les mêmes termes de génocide s’agissant d’Israël. Le candidat PCF aux européennes Léon Deffontaines reprend à son compte les éléments de langage de Macron « Par leur refus de qualifier le Hamas de terroriste, les Insoumis affaiblissent la voix des palestiniens en France » et même de l’extrême droite avec un ignoble « LFI cherche des parts de marché électorales dans des réseaux communautaires ». La député PCF Faucillon, pourtant parmi l’aile la plus réformiste du mouvement s’inscrit en faux « On ne peut pas marquer un mouvement de recul dans une période où il faut avancer sur le cessez-le-feu et sur l’analyse d’un projet colonisateur qui mène une guerre génocidaire : ces mots ont une grande importance, car la qualification des faits, c’est aussi ensuite celle des responsabilités »

Hadrien Bortot souligne « Je pense qu’on a voulu coller au discours médiatique et que six mois après, on essaye de changer de cap tout en ayant cassé le rassemblement nécessaire »


[1] On peut au besoin remplacer ce nom bien venu par un autre, également en deux syllabes…

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