lundi 24 juin 2024

 

Le dernier coup de dés d’Emmanuel Macron

En règle générale, les soirées électorales sont d’un ennui mortel. On peut y voir les politiques se succéder sur les plateaux télé pour expliquer combien leur stratégie était juste et combien leurs résultats sont satisfaisants. C’est drôle, mais les soirs d’élection, tout le monde a un motif pour être satisfait – et s’il ne l’a pas, il le trouve. Et à côté d’eux, des experts ès sondages et autres professeurs à Sciences-Po distribuent des bons et mauvais points dans la plus grande auto-satisfaction.

Mais il y a des exceptions. La soirée électorale de dimanche dernier fut remplie, pour ce qui me concerne, d’une profonde schadenfreude. Quel plaisir de voir tous ces européistes, professionnels du bavardage télévisuel, tous ces soi-disant politologues, « experts » on ne sait pas très bien de quoi, ou tout simplement politicards à la retraite – mention spéciale pour Bernard Guetta, que Dieu le garde mais le plus loin possible – sortis de leur zone de confort par le résultat. Ah, que des vertueuses indignations! Ah, quel mépris pour ce peuple qui a commis le crime irréparable de ne pas voter comme on lui avait dit. Et pourtant le résultat n’aurait dû surprendre personne, puisqu’il est conforme à toutes les prévisions qui s’enchaînent depuis six mois. Mais, comme le disait le philosophe, savoir c’est une chose, et croire, c’en est une autre. Tous ces experts me faisaient l’effet de cet astrologue qui, s’étant fait licencier d’une publication, prétendait devant les prud’hommes n’avoir pas reçu de préavis. Quant on fait profession de lire l’avenir, il est peu sérieux de se montrer sa surprise devant les évènements.

Même chose chez les citoyens « de gauche ». La palme revient à ceux qui expliquent « depuis hier soir je ne reconnais plus mon pays ». Soyons sérieux : le pays n’a pas changé « hier soir ». Cela fait au moins six mois que toutes les enquêtes indiquent qu’un tiers des votants avait l’intention de mettre un bulletin Bardella dans l’urne, et le résultat du RN n’est que le prolongement d’une dynamique à l’œuvre depuis plus de quinze ans. Que croyaient ces gens ? Qu’à la dernière minute un chevalier blanc allait arriver et convaincre tous ces beaufs fascistes de la France périphérique de voter pour Glucskmann ?

Ce qui est arrivé est dans l’ordre des choses. Cela fait bientôt deux décennies que le Rassemblement National est dans une dynamique montante. A chaque élection, et quelle qu’en soit la nature, il améliore ses scores. Les études montrent que sa stratégie de long terme lui permet de pénétrer des électorats qui, jusqu’à maintenant, lui étaient structurellement hostiles. Le « social-souverainisme » lui a permis d’attirer à lui l’électorat populaire, jusqu’à devenir le premier parti ouvrier de France, avec entre 45 et 50% du vote de cette catégorie, presque autant que le PCF dans sa meilleure période. L’épuration des éléments les plus radicaux et un comportement impeccable là où il a conquis le pouvoir – dans les municipalités et sur les bancs de l’Assemblée – rassure les plus de 60 ans, chez qui le Rassemblement à doublé son score en dix ans. Lorsqu’on regarde la carte électorale, on s’aperçoit que seul deux électorats lui échappent encore : celui des classes intermédiaires des métropoles, et l’électorat « ethnique » des banlieues. Le reste de la carte lui est acquise, avec des scores qui peuvent aller jusqu’à 60% dans les villes moyennes de tradition ouvrière.

Et puis, grâce à notre président-acteur, nous avons eu notre moment dramatique. On ne peut nier que Macron a le sens du drame : en pleine débâcle de sa liste, il a presque fait oublier cet échec en annonçant la dissolution de l’Assemblée. Une décision que certains jugent audacieuse – et c’est un euphémisme – alors que les bienpensants l’accusent même de « jouer avec le feu » en prenant le risque de porter le RN au pouvoir, un peu comme si l’on ne devait demander son avis au peuple que lorsqu’on est sûr qu’il votera comme il faut. Ce qui, vous me l’accorderez, révèle une curieuse idée de la démocratie. Mais lorsqu’on regarde les choses de plus près, on s’aperçoit que le choix présidentiel est, de son point de vue, un excellent choix tactique. Macron est péniblement conscient de la paralysie croissante des institutions avec une assemblée sans majorité claire et aux votes erratiques (1). Les tentatives de négocier un contrat de majorité avec Les Républicains ayant échoué – en grande partie parce que Macron n’a plus grande chose à leur donner, et parce qu’après le guet-apens de la loi immigration Les Républicains ne sont pas prêts à se vendre bon marché – la dissolution était inévitable dans les mois qui viennent, et risquait d’arriver dans des conditions bien plus difficiles, par exemple, à l’automne après un vote de censure sur le budget.

Les 31% obtenus dimanche par le Rassemblement National permettent à Macron d’agiter l’épouvantail sur le mode « c’est moi ou le chaos ». Avec un Rassemblement National qui semble proche du pouvoir, Macron peut espérer susciter le « réflexe républicain » à son profit, avec des appels à « l’union nationale » pour « battre l’extrême droite », d’autant plus que l’opposition de gauche est très divisée et ne constitue pas vraiment une alternative de gouvernement. Autrement dit, Macron espère faire aux législatives ce qu’il a fait avec la présidentielle : faire de l’élection une confrontation entre deux pôles, les gentils « progressistes » rassemblés autour de lui, et les affreux « nationalistes » menés par le Rassemblement National. Bien entendu, c’est risqué, parce que le scrutin majoritaire peut amplifier les mouvements, et au soir du 7 juillet donner une majorité au Rassemblement National ou, plus probablement, une Assemblée encore plus ingouvernable que celle que nous avons aujourd’hui avec 150 députés RN et un bloc macroniste réduit. Mais quelles sont les alternatives ? Traîner la patte en prenant des coups et quitter honteusement le pouvoir en 2027 ? Ce n’est pas dans le caractère de Macron, qui reste convaincu de la toute-puissance de son Verbe.

La décision de Macron ouvre une crise dans la droite dite républicaine entre les partisans de l’alliance au centre, et les partisans d’une alliance à l’extrême droite. Les premiers pensent que dans l’état de faiblesse actuelle de la majorité présidentielle, ils pourraient obtenir à peu près tout ce qu’ils pourraient demander – le poste de premier ministre et le soutien macroniste pour leur candidat en 2027, par exemple. Les seconds craignent d’être électoralement laminés par la poussée du RN, et pensent qu’ils ont plus à gagner en cherchant des alliances à droite, idée d’autant moins saugrenue que le RN se cherche des alliés dans la perspective d’une victoire qui amènerait son poulain au pouvoir. Déjà des noms d’oiseau ont été échangés entre sarkozystes partisans de la première solution, et ciottistes partisans de la seconde…

Mais cette situation révèle surtout l’état de déliquescence intellectuelle de la gauche. Nous avons une gauche dont les militants et les dirigeants sont complètement déconnectés du réel. Je vous propose un exemple presque caricatural : hier soir, à la République, manifestation de la gauche « contre les fascistes ». Et que crie la foule en liesse ? « Tout le monde déteste Bardella ». Mais si « tout le monde » déteste la tête de liste du Rassemblement National, comment expliquer qu’un votant sur trois ait mis un bulletin à son nom ? Ces jeunes manifestants – et les dirigeants qui, eux aussi étaient sur la place – ne se rendent semble-t-il pas compte de la contradiction qu’il y a dans une démocratie à appeler à se mobiliser contre quelqu’un que « tout le monde déteste ». Si « tout le monde le déteste », alors il n’a aucune chance de gagner une élection, et donc d’accéder au pouvoir…

La gauche ne veut pas comprendre que s’il y a un problème, c’est précisément parce que tout le monde ne déteste pas Jordan Bardella, Marine Le Pen et le reste. Au contraire, les Français sont de plus en plus nombreux à leur accorder leur suffrage, voire à envisager leur arrivée au pouvoir. Alors, au lieu de nier les réalités, ces militants feraient bien de se demander pourquoi, alors que les raisons pour le détester leur paraissent si évidentes, « tout le monde » n’y adhère pas. On n’insistera jamais assez : en politique il faut partir de ce que les gens ont dans la tête, et construire à partir de cette réalité. Répéter aux gens qu’ils ne sont que des affreux fascistes, cela n’a jamais permis de changer le monde, au contraire. Pour convaincre, il faut d’abord établir une communication, ce qui suppose d’écouter l’autre. En politique, le but est d’emporter l’adhésion, et non d’avoir raison ou de gagner un débat.

Sur ce point, je dois dire que je remarque un changement radical dans l’attitude des militants. Dans le temps, ces derniers cherchaient le dialogue, aujourd’hui ils ne cherchent qu’à vous faire accepter leur tract. Et dès lors qu’ils comprennent que vous n’êtes pas de leur persuasion, ils coupent la discussion sur le mode « je ne vais pas perdre du temps à essayer de vous convaincre ». Ce manque de curiosité pour ce que pense l’autre est un sérieux handicap dans l’activité politique. Car un argument n’est pas « convaincant » que s’il s’adapte à l’état d’esprit de l’interlocuteur. Pour convaincre, il faut d’abord écouter, connaître son public.

Désolé d’ennuyer mes lecteurs habituels, qui doivent connaître tout cela par cœur, mais le secret de la pédagogie réside souvent dans la répétition. Alors, je vais me répéter. Le succès du RN tient à plusieurs facteurs, certains structurels, d’autres conjoncturels. Structurellement, le RN a bénéficié d’un changement économique et sociologique majeur, qui commence au début des années 1970, avec la prise du pouvoir par les classes intermédiaires associées à la bourgeoisie, qui crée un rapport de force massivement défavorable aux couches populaires. Le corollaire en est une démobilisation de ces dernières, qui se trouvent ainsi privées de représentation politique au fur et à mesure que communistes et socialistes se tournent vers les classes intermédiaires dans les années 1980 et 90. A la fin des années 1990, les couches populaires se retrouvent sans représentation politique. Cela laisse vacant un électorat important. Le coup de génie de la direction frontiste autour de Marine Le Pen est d’avoir perçu que ce champ était libre, et qu’on pouvait le conquérir pour peu qu’on adapte le langage et le projet aux demandes de ces populations. Adaptation d’autant plus facile que, pour des raisons démographiques, la base traditionnelle de l’extrême droite française était en train de disparaître. C’est alors que le FN abandonne le discours économique ultra-libéral, qui était celui de Le Pen père, pour lui substituer un discours étatiste qui sur beaucoup de points reprend des thèmes du PCF « ouvriériste » des années 1970, vous savez, celui d’avant la « mutation » Huesque qui en a fait un parti dominé par les classes intermédiaires. Dans la même logique, le discours anti-immigration du FN cesse d’être fondée sur une vision raciste, mais devient largement économique. Le fonctionnaire cesse d’être l’ennemi.

Le deuxième secret de la réussite du RN, c’est la patience et la continuité stratégique. Implanter un candidat, faire connaître un dirigeant, cela prend du temps, et on ne peut se permettre d’en changer tout le temps, pour un oui ou pour un non. Là où les égo-politiciens Macron ou Mélenchon changent d’étiquette en permanence (« en marche » devient « la république en marche » puis « renaissance » ; le « parti de gauche » donne naissance à la « France insoumise », et celle-ci à « l’Union populaire » puis à la « NUPES », et tout cela bien entendu avec changement de logo), le RN n’a changé de nom qu’une fois en un demi-siècle, et son logo est toujours le même. Alors que depuis vingt ans et malgré sa dynamique électorale le RN échoue régulièrement à prendre des positions institutionnelles – il ne contrôle qu’une poignée de municipalités, pas un seul conseil départemental ou régional – ce n’est pas pour autant qu’il change ses équipes ou ses candidats. A chaque élection, ils engrangent des gains en voix, et attendent patiemment que ces gains se traduisent par un basculement. De ce point de vue, les parcours de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon sont amusants à comparer : elle se présente pour la première fois à la députation en 2007 dans une circonscription difficile, et elle sera battue deux fois avant d’être élue en 2017. Mélenchon, lui, s’est présenté pour la première fois dans la circonscription où son élection était garantie, mais dans laquelle il n’avait aucune implantation personnelle, en chassant d’ailleurs le candidat local déjà investi par son parti, et ne se représente pas à l’élection suivante. Laquelle des deux méthodes garantit une implantation de long terme ? Dans lequel des deux cas les électeurs se sentent plus écoutés, plus respectés ?

Enfin, et c’est peut-être le plus important, le RN est un parti « démagogique » au sens étymologique du terme, c’est-à-dire, qui prétend « conduire le peuple ». Or, pour conduire le peuple, il faut l’écouter. Et le RN, quels que soient ses énormes défauts, est un parti à l’écoute. Vous me direz que cette écoute est intéressée, que c’est un simple moyen d’alimenter un discours démagogique. Admettons. Mais cette écoute n’est pas moins efficace en termes de stratégie. Quand on entend les dirigeants du RN, on a l’impression qu’ils connaissent beaucoup mieux leur base que leurs concurrents de gauche, qui ont tendance à expliquer au bon peuple ce qu’il devrait penser. Tiens, prenons un exemple amusant : en réponse aux résultats de dimanche dernier, François Ruffin et quelques-uns de ses copains (Sébastien Jumel (PCF), Marie-Charlotte Garin (Ecologistes), Sébastien Peytavie (G.s), Sophie Taillé-Polian (G.s), Nicolas Sansu (PCF), Damien Maudet (LFI), Karine Lebon (GDR), Leïla Chaibi (LFI), Emeline K/Bidi (GDR)) lancent l’idée d’un « Front Populaire » et créent un site internet à cet effet (2). Si vous avez le temps, regardez la page de présentation : on y voit un dessin stylisé représentant une foule portant des drapeaux, et parmi eux, on voit deux pancartes seulement : l’une porte le mot « UNION », l’autre « REVOLUTION FEMINISTE ». Maintenant, posons-nous la question : est-ce que les fondateurs de ce site pensent vraiment que la « révolution féministe » soit pour les Français la première des priorités programmatiques ? S’ils avaient pris la peine d’écouter, ils auraient peut-être perçu que si une telle revendication excite quelques militants – surtout des « militantes », d’ailleurs – l’immense majorité de nos concitoyens pensent – ils ont tort, certainement – que la sécurité, l’éducation, la santé, les services publics, le pouvoir d’achat et l’emploi sont des sujets bien plus importants.

Tout indique aujourd’hui que la gauche ira à cette élection « unie ». Ce sera, dans le meilleur des cas, une union de façade, qui tient plus au souci de sauver des sièges qu’à une quelconque dynamique programmatique. On nous annonce un « programme de rupture », car comme le dit Eric Coquerel, « Il n’y a qu’un programme de rupture qui peut empêcher le Rassemblement national de gagner cette élection ». L’ennui, c’est qu’il ne suffit pas de proposer une « rupture ». Encore faut-il que cette « rupture » corresponde aux soucis des électeurs, qui ne sont pas forcément ceux des aristocraties militantes. Elaborer un tel programme suppose une capacité à écouter les couches populaires que la gauche n’a pas. On peut donc parier que le « programme de rupture » sera celui des classes intermédiaires qui se regardent dans le miroir.

Mais ce n’est pas le seul problème. A supposer que la gauche veuille enlever ses œillères et écouter le peuple, il faudrait que le programme qui en sortirait soit crédible. La difficulté est que la gauche a déjà gouverné. Et lorsqu’elle a gouverné, elle a mal gouverné, ou du moins a gouverné en fonction des intérêts des classes intermédiaires et de la bourgeoisie. Quelle crédibilité a la gauche qui a fait Maastricht, qui a ouvert le marché de l’électricité à la concurrence, qui a amené Hollande au pouvoir – et qui a mis le pied à l’étrier à Macron – pour parler aujourd’hui de « rupture » ? Qui s’imagine un instant que le Parti socialiste aujourd’hui est prêt à rompre avec les turpitudes du passé, qu’il est disposé à s’attaquer véritablement à « la finance » ?

Le problème est que la gauche n’a rien oublié, et rien appris. Pour rendre la « rupture » crédible, il faudrait un retour critique sur les expériences de la gauche au pouvoir, qui montreraient que la gauche a compris pourquoi cela n’a pas marché, et n’est pas prête à refaire la même chose. Or, c’est le contraire qu’on observe. Chez les socialistes, on cherche à chaque opportunité à vanter le bilan de la gauche au pouvoir, de l’expérience mitterrandienne – pourtant achevée dans la catastrophe électorale de 1993 – à celle de la « gauche plurielle » – dont le succès est si éclatant que son candidat est éliminé dès le premier tour – ou celle de la présidence Hollande – un triomphe tel que le président doit renoncer à se représenter. Pour les couches populaires, qui ont souffert de ces expériences, qui ont pu regarder impuissantes la privatisation des services publics, la dégradation de leur cadre de vie, la désindustrialisation, le chômage de masse, entendre célébrer l’œuvre de la gauche au motif qu’on a aboli la peine de mort, cela sonne comme une moquerie.

Sans ce retour critique, comment imaginer un instant que l’électorat populaire, que la gauche a non seulement systématiquement trahi, mais à qui elle fait en permanence la leçon, ferait confiance au « programme de rupture » porté par Coquerel et compagnie ? Comment imaginer que l’électorat puisse croire les belles promesses d’une gauche qui prétend obtenir l’absolution sans confession ?

On ne fera pas en trois semaines le travail qu’on n’a pas fait en trente ans. Si la gauche veut se reconstruire et être autre chose qu’une droite avec un supplément de cœur, elle doit comprendre que le problème n’est pas tant d’apporter des réponses toutes faites, fussent-elles « de rupture », mais de se poser les bonnes questions et d’y répondre avec franchise. Si au lieu de plébisciter la société « créolisée » et les valeurs « woke » le bas peuple préfère le conservatisme social du RN, s’il préfère qu’on lui parle pouvoir d’achat et défense de sa culture plutôt que de « révolution féministe » et « sortie du nucléaire », il doit bien y avoir une raison. Et tant qu’on n’aura pas compris cette raison, aucune stratégie rationnelle n’est possible. Elle doit aussi comprendre que la reconquête des couches populaires, sans laquelle l’étiquette « gauche » n’a pas de sens, ne peut être qu’une stratégie de long terme, ce qui suppose de renoncer à la logique des « coups médiatiques » pour faire le travail ingrat de terrain, avec des militants qui s’investissent sur le temps long. C’est avec le porte-à-porte et la discussion des dimanches sur les marchés qu’on gagne la confiance, pas avec des « manifestivals » et autres opérations qui laissent à penser qu’on ne s’intéresse au peuple qu’en période électorale.

Quant au RN, il est lui aussi à la croisée des chemins. A-t-il intérêt à gagner ces élections ? Cela se discute. D’un côté, cela permettrait à ce parti de former des cadres et des réseaux dans l’Etat, et donc de devenir un véritable parti de gouvernement. Mais d’un autre côté, il aurait beaucoup de mal à satisfaire les expectatives de son électorat, compte tenu du pouvoir d’obstruction du président de la République, de l’hostilité des milieux économiques et des pouvoirs de la Commission européenne. Accepter de diriger un gouvernement aujourd’hui, c’est perdre à coup sûr l’élection présidentielle de 2027. Si le RN devait avoir la majorité à l’Assemblée, il devrait dans une logique gaullienne exiger la démission du président de la République, clairement désavoué dans les urnes. Ce serait une grave erreur que de chercher à gouverner en cohabitation : les Français ont beau adorer la cohabitation, celle-ci a toujours été la tombe politique de ceux qui s’y sont risqués.

Descartes

(1) Plusieurs fois, le gouvernement s’est fait piéger par des votes de circonstance introduisant dans les textes soumis au Parlement des amendements absurdes, au point qu’il n’ose plus proposer des lois générales, et ne met à l’ordre du jour que des textes spécifiques, pour lesquels il est plus facile de combattre les amendements qui s’écarteraient de l’esprit du texte en tant que « cavaliers législatifs ».

(2)  https://www.frontpopulaire-2024.fr

Aucun commentaire: