Ukraine : la Russie et les États-Unis "sont condamnés à s’entendre" sinon "c’est la guerre"
mercredi 19 janvier 2022 par Bruno Drweski (ANC)
Dites moi pour qu’elle raison la
Russie accepterait l’installation de bombes atomiques à 4 minutes de
Moscou, alors que les américains ont fait tout un fromage, frisant la
conflagration nucléaire, lorsque les soviétiques ont voulu installer des
ogives nucléaires à Cuba ? Même raison, même solution ? (JP-ANC)
Notre camarade, Bruno Drweski, interviewé sur France-Info, ne croit pas à
une offensive russe contrairement à ce qu’affirment les Américains.
Selon lui, l’Ukraine sert juste de moyen de pression pour empêcher un
élargissement de l’Otan dont Vladimir Poutine ne veut pas.
franceinfo : Est-ce qu’une attaque russe est possible à tout moment ?
Bruno Drweski : Non, je ne pense pas, parce que
sinon, elle aurait eu lieu il y a longtemps. Je ne pense pas que la
Russie ait, en ce moment, vraiment intérêt à prendre le contrôle de
l’Ukraine vu la situation économique de l’Ukraine. Je pense en revanche
que la Russie fait pression pour avoir des négociations globales,
l’Ukraine n’étant qu’un élément dans le jeu international.
"Évidemment, pour la Russie, une présence américaine ou une
présence de l’Otan en Ukraine est inacceptable parce que cela
signifierait que Moscou est à quatre minutes de bombes."
Pour les Russes, il s’agit de rétablir un équilibre entre la Russie, les États-Unis et l’Otan. L’Ukraine n’est qu’un terrain d’exercice, parmi d’autres, un des premiers terrains d’exercice entre les deux superpuissances.
À qui Poutine adresse-t-il ce message ?
Il l’adresse aux États-Unis considérant que l’Otan n’est qu’un
instrument des États-Unis. Ce qui explique évidemment pourquoi il a
décidé de négocier directement avec Washington. Ce qui peut évidemment
fâcher les Européens, qui aimeraient être de la partie.
Mais pour le moment, Poutine vise très certainement les États-Unis pour
essayer d’obtenir un accord global sur beaucoup de questions, en
particulier, évidemment, sur la question de l’élargissement de l’Otan
qu’il n’accepte pas.
Le tête-à-tête prévu vendredi entre Antony Blinken, le chef de la diplomatie américaine, et son homologue russe, Sergueï Lavrov, est déjà une victoire pour Moscou ?
Une victoire pour Moscou, mais plus largement une victoire pour le
bon sens parce que de toute façon les deux puissances sont condamnées à
s’entendre.
Si elles ne s’entendent pas, c’est la guerre, pas seulement en Ukraine,
cela peut être la guerre mondiale. Or, j’ose espérer qu’aucun des deux
protagonistes ne souhaite une guerre nucléaire.
La Russie demande un traité bannissant tout élargissement de l’Otan, en
particulier à l’Ukraine et à la Géorgie et que les Américains et leurs
alliés renoncent à organiser des manœuvres des déploiements militaires
en Europe de l’Est.
La Russie peut-elle obtenir gain de cause ?
Ils ont placé la barre très haut en Ukraine et déclaré qu’après tout, ils pourraient aussi placer des troupes russes à Cuba pour rappeler que l’on peut aussi se rapprocher des frontières des États-Unis. C’est évidemment la preuve d’un langage de fermeté extrême dans le but de créer un rapport de force qui aboutisse grosso modo à un compromis comparable à celui qu’on avait eu dans les années 1960, lors de la crise de Cuba.
Quel jeu peut jouer l’Europe ?
Pour le moment, les Européens sont effectivement assez largement absents. Vladimir Poutine, à plusieurs reprises, a manifesté sa condescendance à l’égard des Européens qui, selon lui, ne prennent pas assez d’indépendance. Ils souhaitent sans doute que l’Europe devienne à long terme un autre partenaire. Mais pour le moment, il laisse entendre que les Européens devraient montrer une politique plus indépendante, plus autonome par rapport à Washington.
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