lundi 14 février 2022

Comment des familles jouent au Monopoly avec des immeubles à Paris

Frénésie d'achat d'immeubles entiers à Paris. Pas par des fonds ou des entreprises, mais par des familles aisées qui veulent profiter des taux bas et protéger leur capital d'un retournement du marché boursier! Petite visite guidée des dernières opérations, avec quelques figures comme Xavier Niel et les frères Pariente...

Frénésie d'achat d'immeubles par des familles

Baisse des taux, crainte d'un retournement du marché immobilier: de nombreuses familles aisées souhaitent protéger leur capital en achetant des immeubles à Paris.

Alexander Demyanenko

L’immobilier est un sujet de conversation assez courant dans toutes les familles. Mais dans certaines, on ne fait pas qu'en parler: on achète! Depuis deux mois, c’est fou le nombre de famille fortunées qui ont sorti leur portefeuille pour se payer un actif. Et n’imaginez pas un bel appartement dans un quartier cossu, ni même un hôtel particulier donnant sur un parc. Non, elles ont carrément acheté… un immeuble. Oui, un immeuble entier. Allez, on vous emmène visiter quelques-unes des dernières opérations.

Le site de nos confrères CFNewsImmo est plein de trésors. C’est le meilleur point de vue en France pour suivre toutes les transactions professionnelles dans la pierre. Or, là, depuis quelques semaines, il se passe quelque chose: les transactions immobilières par des familles semblent monter en puissance. Elles sont à la fois plus fréquentes et d’un montant de plus en plus élevé. Ce n’est pas tous les jours, pourtant, qu’une famille peut sortir 40 ou 50 millions pour s’acheter quelques arpents de pierre. "Il y a, chez ces familles, le sentiment que la Bourse est sans doute en fin d’un cycle de hausse de 2 ans. Et parallèlement, il y a des banques qui sont toutes prêts à faire crédit et à des taux qu’on n’avait encore jamais vus", confie le dirigeant d’un multi-family office qui a récemment participé à un tel deal.

Les Pariente à Athènes (9ème arrondissement)

Prêts pour la visite? Commençons par les Pariente. Mais si, les Pariente, rappelez-vous, ce sont les créateurs de la marque des années 90, Naf-Naf, avec le petit cochon rose… La famille a revendu sa griffe il y a bien longtemps et tout replacé dans l’immobilier (elle possède des immeubles entiers dans le sentier) et dans l’hôtellerie à Méribel, Saint-Tropez et… Crillon-le-Brave. Le mois dernier, ils ont donc ajouté un immeuble à leur tableau de chasse, le 26 rue d’Athènes, dans le 9ème arrondissement.

Le 26, rue d'Athènes, dans le 9ème arrondissement, acheté par la famille Pariente en janvier 2022. Crédit: Google Maps

Cet immeuble de 1.000 m² a été acquis par une de leurs société, Berthie Albrecht, pour une vingtaine de millions d’euros. Il appartenait à l’ERAFP (Établissement de Retraite Additionnelle de la Fonction Publique) et servira donc à améliorer les pensions complémentaires des fonctionnaires. Situé derrière la gare Saint-Lazare, le bâtiment est loué à Grand Optical et au groupe d’assurance et de prévoyance Prévoir. Le 9ème arrondissement a été particulièrement actif, souligne Guillaume Gouot, du site CFNewsImmo, "et, selon nos données, l’an dernier, plus de 500 millions d’euros y ont été investis à travers une petite dizaine de transactions."

Xavier Niel joue au Monopoly

Deuxième famille, ou plutôt deuxième personnalité, à acheter un immeuble entier: Xavier Niel. Le milliardaire, fondateur du groupe Iliad (Free), est un grand amateur d’immobilier. Non seulement il possède un beau patrimoine d’immeubles à Paris, mais il a aussi investi dans la foncière cotée Unibail-Rodamco-Westfield (URW). Cette fois, il fait un mouvement particulièrement stratégique, puisqu’il achète -auprès d’une famille- l’immeuble situé au 25, boulevard Malesherbes, dans le 8e arrondissement de Paris, pour environ 45 millions d’euros. 

Le 25, boulevard Malesherbes, dans le 8e arrondissement de Paris. Crédit: Google Maps

Le bâtiment de 2.100 m² est situé entre Madeleine et Saint-Augustin et composé majoritairement de bureaux et d’une boutique en rez-de-chaussée. Et si Xavier Niel a mis plus de 20/000 euros/m² pour acquérir cet immeuble d’apparence banal, c’est qu’il est adossé à son siège social qui donne, lui, sur la rue de la Ville-l’Evêque et avec lequel il pourra potentiellement établir un passage. Au 8, en effet, est installé Free, et au 16, Iliad, deux bâtiments qui sont loués, le premier, à l’Evêché de Paris et l’autre à Sogecap.

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Les autres transactions ont été plus discrètes encore, et souvent masquées derrière un family-office ou une société ad-hoc, regroupant plusieurs familles. C’est le cas par exemple du rachat, pour moins d’une trentaine de millions d’euros d’un immeuble d'environ 1.800 mètres carrés, rue Richer, dans le 8ème arrondissement. Il a été repris par un pool d’investisseurs privés menés par le groupe Eternam et par Black

 

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