Il faut raison garder, même en realpolitik : la désescalade en Ukraine en cours ?
Par Sébastien Boussois
RT france
Poutine
s'apprête-t-il vraiment à envahir l'Ukraine ? Pour le docteur en
sciences politiques Sébastien Boussois, ce narratif est symptomatique de
la panique morale des Occidentaux face à la Russie, depuis son retour
sur la scène internationale.
Depuis
plusieurs semaines, le contexte géopolitique est de plus en plus tendu
aux frontières géographiques de l’Europe. L’Ukraine, enserrée entre les
pinces non désintéressées d’un certain nombre d’acteurs mondiaux, fait
monter la pression et le président Volodymyr Zelensky sait en jouer. Ni
en Europe, ni en Asie, encore moins en Amérique, le pays est l’objet de
vives tensions, tiraillé entre les tenants de l’OTAN qui reluquent
toujours un peu plus loin que leur zone d’influence, et la Russie, qui
cherche à maintenir la sienne. Comme un regain de guerre froide, on voit
les camps se raidir et la peur d’une nouvelle guerre des étoiles
surgir. Reprocher à Vladimir Poutine de se battre pour son aire
d’influence est quelque peu hypocrite, tant chacun des pays ou des
organisations sur terre fait de même. Survaloriser l’importance de
l’OTAN qui ne gagne plus beaucoup de guerres depuis bien longtemps aussi
– et qui se prétend toujours défensive alors que la situation en Libye a
prouvé le contraire. Mais quand c’est la Russie qui hausse le ton,
c’est niet !
Car l’Ukraine est bien en dehors des frontières géographiques de l’Union européenne, tout comme en dehors des frontières de l’espace russe. Mais face au vide géopolitique bien installé depuis l’arrivée de Joe Biden dans des zones traditionnellement sous tension, Moscou cherche à faire respecter «son» droit, surtout celui moral qu’on lui a promis il y a bien longtemps : que l’Ukraine n’entrerait pas dans l’OTAN. Mais les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent c’est bien connu. Alors Poutine va-t-il envahir ou pas le pays ? En a-t-il seulement les moyens ? Les Etats-Unis pourraient-ils se réengager dans une guerre violente aux nombreuses inconnues alors que le traumatisme de l’Afghanistan et le retrait catastrophique l’été dernier sont encore dans tous les esprits ? Economiquement, politiquement, militairement, personne n’a les moyens d’entrer dans une telle guerre. La crise économique est violente aussi bien du côté américain, que russe, et européen et encore accentuée depuis la pandémie. Autant désamorcer au plus vite la grenade, d’autant qu’on s’emballe peut-être un peu vite du côté des Occidentaux qui prêtent toujours de manière pavlovienne, les pires intentions au président russe, en dehors parfois de toute rationalité. Sans oublier, la dépendance totale du vieux continent au gaz russe.
Que se passerait-il en cas de nouvelles sanctions contre Moscou ? Comment Bruxelles se fournirait-elle en urgence pour éviter les pénuries ? Quels autres partenaires mobiliser au plus vite ? Cela prendrait de toute façon beaucoup de temps.
On ne la lui fait pas, à Vladimir Poutine...
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