La course aux profits…jusqu’à la tombe
754-02/02/2022 Depuis fin janvier, le groupe ORPEA fait la une de tous les médias. Dès l’annonce de la parution du livre « Les fossoyeurs » du journaliste Victor Castanet, l’action ORPEA dévissait à la Bourse de Paris.
ORPEA, cible de l’ouvrage, c’est, derrière Korian, un des plus grands
groupes capitalistes dans le secteur de l’accueil des personnes âgées
dépendantes. Le sujet touche à la famille proche donc à l’émotionnel et
les chœurs scandalisés se lamentent tous azimuts. Ce livre révèle-t-il
d’horribles réalités totalement ignorées de tous ? Pas du tout puisque
régulièrement des situations graves de maltraitances sont dénoncées par
les familles des résidents, par les personnels souvent maltraités
eux-aussi, par leurs syndicats là où ils ont réussi à résister à la
répression des patrons de secteur qui leur préfèrent clairement le
syndicat-maison joliment nommé « Arc en ciel ». Des reportages,
la presse ont déjà évoqué les maigres repas indignes, les défauts de
soins, d’hygiène et de surveillance, le manque d’animations sous les
mines contrites des responsables de cette situation. Quelles suites ?
quelles mesures ? aucune. Il aurait fallu parler du capitalisme et de
ses ravages. Le marché des maisons de retraite a été ouvert aux
entreprises privées dont le but est de faire le profit maximum, voilà le
résultat Ils se font des milliards sur le dos des retraités, des
familles, de la Sécurité Sociale et des contribuables
ORPEA, c’est 1156 établissements dans le monde, surtout en Europe,
c’est 116 514 lits dans 23 pays. Ce sont bien sûr des établissements
privés comme 20% des EPHAD puisque depuis 1997, les pouvoirs publics ont
ouvert cette activité aux fonds privés. 29 % sont privés à but non
lucratif et 51 % relèvent du secteur public. Les premiers cités se
trouvent dans les grandes villes ou dans des zones attractives telles
que le Sud, les littoraux, Paris, là où l’immobilier de luxe est très
présent, argument majeur de leur publicité. Les établissements publics
sont généralement construits là où se concentrent les populations et
donc les besoins, en zones rurales ou dans les quartiers populaires. Les
tarifs suivent les mêmes règles géographiques : de 1600 € par mois dans
les régions rurales non touristiques à 10 000 voire 12000 euros sur la
Côte d’azur. Le tarif pratiqué n’est pas synonyme de présence accrue de
personnel : le public emploie en moyenne 70,6 salariés pour 100
résidents contre 50,3 dans le privé lucratif. La nécessité de servir
toujours plus les actionnaires écrase le niveau des salaires du
personnel, les mal-nommées « charges ». La décision de 1997
d’offrir ce secteur au capital autorisait toutes les dérives au nom du
profit et les offres aux candidats investisseurs promettaient de
fabuleux retours, promesse tenue. Chacun savait au prix de quelles
souffrances des résidents se paieraient ces dividendes. Xavier Bertrand
ministre de la Santé à cette époque est resté très attaché à ces
investisseurs, continuant de leur faciliter la tâche et les gains grâce à
ses amis politiques. On se souvient de l’expression « sylver economy »,
sous ce vocable, les gouvernements faisaient miroiter des gisements
d’affaires à réaliser avec les personnes âgées, du moins celles qui en
ont les moyens. Ils ne sont plus que des comptes bancaires à récupérer.
Les maîtres mots des décideurs sont alors réduction drastique des coûts,
rationalisation , rationnement, tout est bon pour le profit tant pis
pour la santé et la dignité des résidents. La presse économique présente
toujours les investissements dans le secteur du vieillissement comme
parmi les plus rentables, avec toujours un rapport à deux chiffres,
évoquant un rendement de 40 00 à 50 000 euros par lit, par an ! A ce
prix-là, on ne peut pas faire dans la philanthropie. Ce qui n’empêche
pas de se masquer derrière un label de critères Environnementaux,
Sociaux et de bonne Gouvernance !
Macron
avait promis une loi grand âge sur la perte d’autonomie, nous avons eu
une cinquième branche de la sécurité sociale, financée non plus sur le
travail mais par les salariés et les retraités eux-mêmes. La ministre
Brigitte Bourguignon annonce qu’elle va frapper fort, mais sur qui ? un
fusible a sauté, un ou deux autres vont suivre jusqu’à la reprise des
affaires. L’ancien patron avait d’ailleurs pris soin de se délester de
milliers de ses actions avant la sortie du livre. Il faut donc arracher
ces structures d’accueil aux vautours du capitalisme. La vieillesse, la dépendance, qui relèvent de la solidarité nationale, doivent totalement revenir dans le secteur public
Le
secteur public n’est certes pas exempt de reproches mais les causes
sont bien différentes : nul ne bâtit sa fortune sur la maltraitance, la
volonté politique suffirait pour augmenter les crédits alloués,
embaucher des personnels formés dans toutes les catégories, augmenter
massivement les pensions pour que les anciens travailleurs puissent,
parvenus à la retraite choisir sereinement et sans contrainte cette
nouvelle étape de leur vie. Dans l’immédiat, nous réclamons que la
lumière soit faite sur la réalité dans les EPHAD et qu’enfin une
politique du troisième âge soit menée pour les personnes âgées. Dès
maintenant, les moyens existent pour assurer aux personnes dépendantes
des soins de qualité respectueux de leur situation. C’est seulement par
la lutte unie avec les personnels que nous y parviendrons dans une
société bâtie pour le bien-être de tous. Cette lutte, urgente, est aussi
celle que nous menons avec notre candidat Louis Daniel Gourmelen, le
seul qui fasse de la destruction du capitalisme et de la construction
d’une société socialiste la base de tout changement.
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