mercredi 9 février 2022



l’ami Maurice n’est plus, lui et moi sommes libres…

Alors que le meeting de ROUSSEL avait lieu à Marseille, MAURICE LECOMTE a quitté la vie; Hier lundi en rentrant chez moi j’ai trouvé un message de sa fille m’annonçant qu’il était enterré au cimetière saint PIERRE à Marseille à 16 h15, il était exactement 16 heures trente quand j’ai pris connaissance du message. Trop tard, mais pourquoi cette annonce si tardive? Pire encore, elle m’avisait de cette mort en me demandant de prévenir les Cubains, MAURICE aimait tant les Cubains, comme nous tous, ils étaient l’image de ce qui n’avait jamais trahi. Et les communistes français comme MAURICE, ces dernières trente années, n’ont connu que la trahison et la solitude, ils ont tant voulu croire être utiles jusqu’au bout. Je me suis sentie coupable d’avoir ignoré cette fin , de l’avoir cru guéri et je ne pourrai plus jamais réparer de ne pas lui avoir dit adieu, lui le pur parmi les purs, le désintéressé, le modeste, le fidèle.

je lui avais téléphoné à l’hôpital où il était en réanimation à cause du covid, je le croyais enfin sorti d’affaire…

C’est étrange cette mort du militant, de celui qui a cru et aimé jusqu’au bout et qui a eu la solitude pour lot comme s’il avait été comme nous tous un des nombreux membres amputés de ce corps jadis plein de vie. Cela confirme si besoin était ce que je ressens avec une telle intensité : ce divorce, cette impossibilité à faire confiance et dans le même temps une sorte de quiétude à l’idée que cette rupture intervient en douceur, dans ce moment où ils croient peut-être revivre, où l’on ne pourra pas m’accuser de cette désertion face à de pauvres gens. j’ignore ce qu’il va advenir de ce parti et j’espère de tout coeur pour la FRANCE, mon cher pays au moins, que son peuple cabochard et digne retrouvera un parti. C’est étrange ce soulagement ressenti à cette idée alors même que je sais qu’il y a entre nous quelque chose de l’ordre de la dérive des continents. Qui peut savoir ce qu’il adviendra et en tous les cas pour MAURICE mais pour moi aussi le rideau est tiré, nous avons quitté cette scène là et personne ne le sait. Le temps de notre communisme n’est plus, Maurice en est peut-être mort, mais pour moi c’est un horizon vers lequel je bascule avec curiosité. je regrette tant de ne pas avoir dit à MAURICE , mon vieux copain ne t’inquiète pas tout est bien plus vaste, plus passionnant encore et il me semble le percevoir au-delà de nos vieilles écorces. Combien d’entre nous sommes dans ce cas, je l’ignore. Le militant est mort, il en reste peut-être mais ce sont pour moi de parfaits inconnus, mais ce que nous avons été et qui déjà s’invente, se déforme sera ignoré comme l’ont été tous les êtres humains et quand nous revivrons on croira que c’est du neuf.

Nous appartenons à une autre histoire autant et plus que cette foison de mains sur les parois des grottes préhistoriques et c’est étrange parce que je nous sens dans l’éternité d’un don qui fait se confondre le passé et l’avenir dans un temps sans limite. Vieux compagnon, je sais intellectuellement autant qu’émotivement qu’il est ce qu’il adviendra au delà des péripéties sans importance, des hochets que nous n’avons jamais désirés . Simplement cette réalité est ailleurs et j’éprouve à ‘idée de l’avoir vécu et de le ressentir dans sa plénitude une reconnaissance et le refus de me leurrer sur la possibilité de croire qu’il est encore là. Je sais que rester en vie, c’est le refus de s’accrocher à ce qui n’est plus et dans le même temps avoir la chance de partir au moment où ce n’est plus une désertion mais où on sait que l’on a plus besoin de nous, nous sommes libérés de devoir être là. C’est étrange MAURICE, ce sentiment je l’ai ressenti ces derniers temps à de multiples reprises y compris quand des gamins m’ont maltraitée, nous étions des lions devenus vieux, recevant le coup de pied de l’âne et j’ai toujours détesté que l’on dise du mal des ânes.

Maurice est mort, je suis vivante, tellement vivante, mais nous ne pouvons qu’emprunter un autre chemin pour rester fidèle à ce que nous avons été et que nous resterons. Je vais illustrer ce petit hommage du seul linceul que MAURICE aurait voulu : un drapeau cubain, mais nous n’avons jamais renié celui de l’URSS et c’est ce qui a fait notre romantique existence, cette soif de raison dont les soubassements sont restés l’innocence de l’enfance.

danielle BLEITRACH

PS Andrei comme bien des RUSSES aime et connait bien la FRANCE m’a envoyé ce film pour me dire ce que selon lui ROUSSEL incarnait , c’était l’espoir d’avoir le droit de vivre, d’aller danser, pouvoir faire des études. je suis d’accord, c’est ma mère, c’est ce petit peuple travailleur qui aime la vie, le beau et le bon, celui qui a créé la FRANCE à la sueur de son front, je ne suis pas sure qu’il puisse revenir et je sais à quel point à MARSEILLE en particulier certains ne pensent même pas à lui et sont déjà dans leurs sales combinaisons de gens qui “savent”, des bobos avec leur incroyable vulgarité; L’infirmière qui vient le matin m’a dit “ROUSSEL est très bien, mais il ne pourra rien faire, ils l’étoufferont tous, tu vois MAURICE nous sommes nombreux à savoir ce qu’il en est et cela finira bien par porter ses fruits :

https://www.arte.tv/fr/videos/091137-000-A/retour-a-reims-fragments/

 

Note de P.

Danielle a raison: ce n'est pas juste, de partir comme çà, dans l'oubli, l'anonymat, l'indifférence, quand on a été comme lui, Maurice LECOMTE, un combattant fidèle à l'idéal qui nous guide depuis des décennies et que d'autres ont détruit pas cupidité politicienne.

Merci pour ce bel hommage, Danielle

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