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Le FMI affirme que les sanctions contre la Russie menacent de réduire la domination du dollar américain

Si la plupart des analystes s’accordent pour dire que l’actuelle domination du dollar dans les échanges mondiaux n’est pas remise en question, un mouvement vers la diversification est amorcé dans lequel la Russie joue un rôle d’accélérateur. Elle agit non seulement pour développer l’usage du rouble mais d’autres monnaies à l’exclusion du dollar. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

02/04/2022

La Russie travaille à développer davantage de commerce avec le rouble

par Dave DeCamp
Publié le31 mars 2022

La campagne de sanctions occidentales menée par les États-Unis contre la Russie menace de réduire la domination du dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale, a déclaré un haut responsable du FMI au Financial Times.

Gita Gopinath, première directrice générale adjointe du FMI, a déclaré que les sanctions radicales contre la Russie conduiront davantage de pays à effectuer des transactions dans d’autres devises.

« Le dollar resterait la principale monnaie mondiale même dans ce paysage, mais une fragmentation à un niveau plus faible est certainement tout à fait possible », a-t-elle déclaré. « Nous le voyons déjà avec certains pays qui renégocient la monnaie dans laquelle ils sont payés pour le commerce. »

Depuis le début de la campagne de sanctions, le président russe Vladimir Poutine a pris des mesures pour accroître le commerce en roubles. Il a déclaré que la Russie cesserait de vendre du gaz aux pays « hostiles » à moins qu’ils ne paient dans la monnaie russe. Moscou a également proposé à l’Inde de conclure des accords sur des paiements libellés en roubles et en roupies.

Gopinath a déclaré qu’à mesure que de plus en plus de devises seront utilisées dans le commerce mondial, il y aura une plus grande diversification des actifs de réserve détenus par les banques centrales nationales. « Les pays ont tendance à accumuler des réserves dans les devises avec lesquelles ils commercent avec le reste du monde et dans lesquelles ils empruntent au reste du monde, de sorte que vous pourriez voir des tendances lentes vers d’autres devises jouant un rôle plus important [dans les actifs de réserve] », a-t-elle déclaré.

Les sanctions récemment imposées par les États-Unis et leurs alliés visaient spécifiquement l’utilisation du dollar et de l’euro par la Russie, de sorte que la décision de Poutine d’augmenter le commerce avec le rouble n’est pas une surprise. La Russie se prépare à se protéger des sanctions occidentales depuis des années, et le rouble a déjà retrouvé presque toute sa valeur depuis qu’il s’est écrasé dans les premiers temps de l’invasion de Moscou.

Gopinath a déclaré que la domination du dollar ne sera pas contestée à « moyen terme ». Mais des transactions plus globales effectuées dans d’autres devises peuvent réduire la valeur du dollar au fil du temps. Le président Biden a averti à plusieurs reprises que les sanctions nuiraient aux États-Unis et à l’Europe ainsi qu’à la Russie.

Publié sur news.antiwar.com

Paiement du gaz russe en “roubles”, détails complets

Pour résumer, il s’agit d’une pirouette, d’une astuce et d’un abus de langage. En réalité, la Russie ne demande pas le paiement du gaz russe en roubles. C’est beaucoup plus intelligent, et plus compréhensible: la Russie exige simplement que ceux qui achètent du gaz paient ce gaz dans la monnaie de leur choix, non pas vers un compte bancaire de Gazprom dans une banque située en Europe, aux USA ou à l’étranger, mais directement à Gazprombank, en Russie.

Aussi simple que cela. Ensuite, ça ne regarde plus le client final : Gazprombank convertit elle-même l’argent en roubles, et transfère ces roubles sur les comptes de Gazprom dans la même Gazprombank (banque qui lui appartient, par ailleurs).Ainsi, la Russie exige simplement que l’argent en devises étrangères lui soit envoyé directement chez elle, et non plus stocké dans une banque étrangère pour être pris en otage. Et Gazprom est payée en roubles.

c’est une excellente manière, puisque la Russie accumulera ainsi des euros, des dollars, en échange de son gaz, comme cela aurait toujours dû être le cas d’ailleurs

.Voici le détail, par le très excellent @rybar :« Le décret présidentiel publié aujourd’hui expliquant exactement comment vendre et payer le gaz russe a, comme on pouvait s’y attendre, été mal interprété.

La tâche, tout d’abord, était de transférer tous les règlements se faisant dans les zones de contrôle américaines et européennes, vers la zone russe. Il est nécessaire de transférer les transactions financières vers la juridiction russe afin d’éliminer les risques d’interruption des paiements et de blocage des comptes russes.

C’est exactement ce qui a été fait.

Pour les Européens, bien sûr, s’engager dans l’échange d’euros contre des roubles est techniquement incompréhensible, difficile et indésirable.

Par conséquent, une option leur est proposée : ils ouvrent un compte auprès de la Gazprombank russe, les paiements seront reçus en devises étrangères, convertis au taux de change de Moscou et transférés sur les comptes de Gazprom dans la même Gazprombank, où ils seront reçus à titre de paiement.

Autrement dit, la partie russe garantit ainsi que Gazprom recevra de l’argent. Et c’est un point fondamental.

Le stratagème, auquel les Américains ont poussé les Européens, était le suivant : l’argent va sur les comptes de Gazprom en Europe et, par conséquent, y est bloqué Et cela se répète sans fin jusqu’à ce que l’opération militaire s’arrête [ou un autre prétexte]. C’est tout simplement un piège financier !Pour la partie russe, faire des transactions dans sa zone de juridiction nationale est également une étape intéressante.

Même si cela aurait pu aller plus loin, cela reste une première brique dans la construction d’un système financier parallèle, dont on a tant parlé ces derniers temps

Un système de règlement alternatif est en train d’être formé. Il ne s’agit en aucun cas d’une violation des contrats existants. C’est une façon de s’adapter à la pression sans précédent à laquelle la partie russe est confrontée. »