2021-2027: chronique d’une austérité programmée
Tribune
A écouter les déclarations de l’exécutif, à lire les rapports rendus au pouvoir, le retour de la rigueur budgétaire se profile. Même à quelques mois des élections.
La fin du confinement, des couvre-feu successifs ont placé les français dans une situation d’étrange attente. L’été à venir sera-t il à l’image du précédent, une pause avant un nouveau tour de vis à la rentrée ? Des élections se sont aussi tenues et ont rappelé une évidence si présente depuis la décennie 1980, celle de l’éloignement des citoyens du pouvoir. Au milieu de ce temps flottant et d’une vie politique largement vidée de toute substance, l’après crise économique se prépare même si les conséquences de la pandémie ne sont pas encore derrière nous. L’après pandémie prend tranquillement la forme de l’austérité.
Différents éléments l’indiquent et mis bout à bout donnent à la voir de manière indiscutable : le rapport Arthuis sur l’avenir des finances publiques, les déclarations des représentants de la majorité indiquant la fin « du quoi qu’il en coûte », le rapport de la Cour des comptes, la réforme de l’assurance chômage et surtout le programme de stabilisation 2021-2027 envoyé à l’Union européenne au printemps. Ce document, dont toutes les citations qui suivent sont extraites, est souvent peu évoqué dans la presse. Il ne fait pourtant pas de mystère sur la politique économique à conduire comme les suggère les morceaux suivants.
Transformations structurelles
Le rythme de progression de la dépense publique sera le plus faible au regard des périodes précédentes. La violence du choc économique à prévoir risque de rendre impossible toute sortie de crise. Des réformes dites structurelles sont attendues de la part des Etats pour accompagner ce mouvement. La sphère sociale est visée.
Efficacité de la dépense publique
Cette novlangue européenne requiert une traduction. Les réformes structurelles sont le maitre mot de la stratégie de croissance européenne depuis les années 1990. En résumé, le champ de la protection sociale, le marché du travail, et le marché des biens et services doivent être placés sous le signe de la concurrence, de la flexibilité. Le social est aussi perçu comme un poids à réduire et les mécanismes de marché sont encouragés.
L’effort que la France propose de réaliser va se faire sur la sphère sociale et particulièrement sur les retraites, l’assurance maladie, et l’assurance chômage.
Transformation du système de santé
L’assurance chômage sera source d’économies « Les prestations d’assurance chômage diminueraient en 2021 (-9,3%), dans un contexte de rebond de l’activité permettant une réduction progressive des dépenses d’activité partielle à 3,7 Md€ en 2021. Les dispositions de la réforme de l'assurance chômage concernant le calcul de l’indemnisation et le salaire journalier de référence entrent en vigueur le 1er juillet 2021. »
Le gouvernement indique simplement la modification du calcul de l’indemnisation du salaire journalier de référence sans autre explication. Le gouvernement entend clairement que ces nouvelles modalités vont entrainer une baisse du montant distribué. L’addition de la crise sera encore une fois de plus payé par les plus vulnérables.
Système universel de retraite
Le Conseil d’orientation des retraites pourtant dans son dernier rapport de juin 2021 affirme le contraire et n’indique pas de menace sur l’équilibre financier des retraites.
La crise pandémique n’a rien changé des orientations idéologiques qui prévalaient. La logique déflationniste est toujours à l’œuvre. Il serait possible d’ajouter bon nombre d’éléments présents dans le programme de stabilisation qui requerraient de longs développements sur la transformation de la fonction publique, le recours excessif à l’externalisation, la pression sur les personnels, la propagation des techniques du nouveau management public dont toute la nocivité a été perçue lors de la pandémie.
La sortie de crise laisse entrevoir le retour à l’austérité qui sera une nouvelle fois assumée par les plus vulnérables. La lutte des classes vous dis-je.
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