vendredi 24 juin 2022

 

François Ruffin prend ses distances avec la stratégie de Jean-Luc Mélenchon

Dans une interview au Monde, le député NUPES de la Somme invite la gauche à ne pas laisser tomber les électorats ouvriers et populaires des périphéries.

DENIS CHARLET via AFP
François Ruffin s'adresse à des électeurs dans un café de Condé-Folie, dans la Somme, le 31 mai 2022, avant les élections législatives. (Photo by Denis Charlet / AFP)

POLITIQUE - “Où sont les millions de voix qui nous manquent?” Au lendemain des élections législatives, l’insoumis François Ruffin, réélu dans la 1re circonscription de la Somme, voit le verre à moitié vide et ne se satisfait pas du score de la coalition de gauche NUPES, qui a fait élire 142 députés et privé Emmanuel Macron d’une majorité absolue.

Dans un entretien au Monde publié mercredi 22 juin, il questionne la stratégie (“C’est très bien d’avoir posé l’idée du troisième tour, d’une revanche sur Macron même si je ne pensais pas possible d’avoir une majorité”) et remet en cause certaines positions de Jean-Luc Mélenchon, qui minent selon lui la place de la gauche dans l’électorat populaire et ouvrier. “On ne doit pas devenir la gauche des métropoles contre la droite et l’extrême droite des bourgs et des champs, qu’on leur laisserait”, affirme l’élu, préoccupé par l’élection de 89 députés du Rassemblement national.

Des propos sur la police qui “heurtent”

Pour François Ruffin, la gauche doit plus que jamais miser sur la valeur du travail. “La gauche doit évidemment défendre les pauvres, mais aussi les modestes, les ‘moyens’”, ajoute celui qui défend l’indexation des salaires sur l’inflation, en plus du Smic à 1500 euros, proposition du programme de la NUPES. Crise du textile et de la métallurgie, délocalisations en série... Le fondateur du journal Fakir rappelle la “demande de protection des classes populaires” face à la mondialisation et au libéralisme.

Le “député-reporter” prend aussi ses distances avec certaines déclarations du leader de la France insoumise sur les policiers. “La police tue et le groupe factieux Alliance justifie les tirs et la mort pour ‘refus d’obtempérer’. La honte c’est quand?”, avait tweeté Jean-Luc Mélenchon le 6 juin, après l’annonce de la mort d’une passagère d’une voiture soupçonnée d’avoir foncé sur des policiers à Paris. “Il y a des endroits, comme le mien, où ce genre de propos, oui, heurte”, affirme François Ruffin, élu picard où le RN a obtenu de très bons scores.

Électron libre, François Ruffin ne secoue pas le cocotier de son camp pour la première fois. Après l’élimination de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle, il se disait “fier” du score du candidat et de la gauche, mais pointait aussi, dans une interview à Libération, la difficulté à “muer en espoir la colère des ‘fâchés pas fachos’”.

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