Le blocus de la Baltique par l’OTAN ouvre un nouveau front dans la guerre contre la Russie
- 23 Juin 2022
Noam Chomsky le disait, les parties engagées dans la guerre en Ukraine ont le choix entre la diplomatie ou la poursuite des hostilités, avec des conséquences terribles pour toute l’humanité. L’Occident poursuit sur la deuxième voie. La Lituanie, membre de l’OTAN, vient d’imposer un blocus des marchandises entre la Russie et l’enclave russe de Kaliningrad. Un pas de plus vers l’escalade. Confrontés de toutes parts à la crise économique et une montée en puissance des mouvements sociaux, les dirigeants de l’OTAN cherchent-ils à sauver leur peau en sacrifiant celle du peuple dans une nouvelle guerre mondiale? (IGA)
Lundi, la Lituanie, un État balte membre de l’OTAN, a imposé un blocus effectif à l‘encontre de la Russie, empêchant le transport de nombreuses marchandises, dont l’acier et le charbon, entre la Russie et l’enclave russe de Kaliningrad.
Traditionnellement, l’imposition d’un blocus est considérée comme un acte de guerre. Par cette provocation irresponsable, les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN cherchent à pousser la Russie à une attaque militaire contre un pays de l’OTAN, ce qui entraînerait l’invocation de l’article V de la Charte de l’OTAN et une guerre totale avec la Russie.
Confrontés à une série de revers militaires sur le terrain en Ukraine, les États-Unis, l’OTAN et les puissances européennes cherchent à ouvrir au nord un nouveau front dans la guerre.
Les responsables lituaniens ont laissé entendre que la décision d‘effectuer un blocus contre la Russie fut prise en étroite concertation avec les autres membres de l’OTAN et Washington. «Ce n’est pas la Lituanie qui fait quelque chose, ce sont les sanctions européennes qui ont commencé à opérer», a déclaré le ministre lituanien des Affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis.
En réponse au blocus, le ministère russe des Affaires étrangères a averti sans détours: «Le transit de marchandises entre la région de Kaliningrad et le reste de la Fédération de Russie via la Lituanie doit être entièrement rétabli dans un avenir proche, sinon la Russie se réserve le droit de prendre des mesures pour protéger ses intérêts nationaux».
Un sévère avertissement est ici nécessaire. Les États-Unis et les puissances européennes, qui tous sont aux prises avec une véhémente crise économique, sociale et politique et craignent la montée d’un mouvement social de la classe ouvrière, suscitent de façon irresponsable l’escalade d’une guerre où on risque d’utiliser des armes nucléaires.
L’imposition d’un blocus à la Russie par un membre de l’OTAN intervient quelques jours seulement après une suite de déclarations hautement provocatrices de la part de dirigeants militaires et civils européens.
Dans un message interne adressé aux militaires, Sir Patrick Sanders, le chef d’état-major britannique des armées a déclaré: «Il existe à présent l’impératif brûlant de forger une armée capable de se battre aux côtés de nos alliés et de vaincre la Russie au combat». Dans une allusion glaçante à la Première et à la Seconde Guerre mondiale, il a conclu: «Nous sommes la génération qui doit préparer l’armée à combattre une fois de plus en Europe».
S’adressant au journal allemand Bild am Sonntag, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré: «Nous ne devons pas cesser de soutenir l’Ukraine… nous devons nous préparer au fait que cela pourrait prendre des années».
Écrivant samedi dans le Timesde Londres, le Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé l’OTAN à «terminer cette guerre selon les termes énoncés par le président Zelensky», c’est-à-dire à reconquérir le Donbass et une Crimée que la Russie considère comme faisant partie de son territoire.
Dans une autre menace à glacer le sang, Ingo Gerhartz, chef de l’armée de l’air allemande, a déclaré que l’Allemagne devait être prête à utiliser des armes nucléaires: «Nous avons besoin à la fois des moyens et de la volonté politique pour mettre en œuvre la dissuasion nucléaire».
Des centaines de soldats ukrainiens meurent déjà chaque jour. Que signifierait pour le Royaume-Uni et d’autres pays européens de combattre «aux côtés» des forces ukrainiennes dans une guerre contre la Russie et que ce conflit dure «des années»?
Les responsables européens parlent d’une guerre qui s’étendrait à l’ensemble du continent européen, avec des centaines de milliers ou des millions de morts. Toute l’Europe doit être transformée en énorme champ de bataille.
Qui a décidé qu’une nouvelle génération de jeunes européens devait être envoyée mourir en masse dans les tranchées? Qui a demandé au public si la Première Guerre mondiale devait être répétée?
Ces déclarations démentent l’affirmation des États-Unis et des puissances de l’OTAN qu’ils ne mènent pas de guerre contre la Russie. Cette assertion, accompagnée de la déclaration qu’il est «peu probable» que la Russie utilise des armes nucléaires, est une tentative désespérée d’endormir la population pendant que les gouvernements l’embarquent dans une guerre qui menace de tuer des millions de gens.
Tout dernier prétexte pour enflammer encore plus la guerre, Josep Borrell, le plus haut responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, a accusé la Russie de crimes de guerre pour avoir soi-disant empêché l’Ukraine d’exporter des céréales. Rompre le «blocus» des exportations de céréales sert de prétexte à une opération, d’abord proposée par l’amiral James G. Stavridis, pour provoquer une bataille navale entre navires de guerre de l’OTAN et de la Russie en mer Noire.
L’enclave balte de Kaliningrad a été successivement, de 1525 à 1945, sous contrôle polonais, prussien et allemand. Après la Seconde Guerre mondiale, elle a été annexée par l’Union soviétique. Kaliningrad est le seul port russe de la mer Baltique libre de glace toute l’année et il est crucial pour le maintien de la flotte russe dans la Baltique. Des responsables polonais, dont l’ex-commandant de l’armée de terre polonaise, ont affirmé que Kaliningrad faisait partie de la Pologne.
Dans les États baltes de Lettonie, Lituanie et Estonie, de puissants mouvements de droite occupent des postes gouvernementaux dominants. Le ministre lituanien des Affaires étrangères, Landsbergis, est le petit-fils de Vytautas Landsbergis, qui a fondé le mouvement d’extrême droite Sąjudis et préconisé l’interdiction de tous les symboles du socialisme.
Le dernier cabinet estonien comprenait le Parti populaire conservateur fasciste d’Estonie dont le ministre de l’Intérieur s’est photographié plusieurs fois en train de faire le geste des suprémacistes blancs. Le gouvernement actuel de la Lettonie a pris ses ministres de l’Économie, de la Culture et de l’Agriculture dans l’Alliance nationale, fasciste et fanatiquement anti-russe.
Ces petits États politiquement instables, dominés par l’extrême droite, reçoivent carte blanche et soutien politique de la part des puissances impérialistes pour provoquer une guerre avec la Russie.
Les actions des puissances de l’OTAN montrent un degré stupéfiant d’irresponsabilité qui ne peut s’expliquer uniquement par les revers militaires subis par l’Ukraine.
Tous les pays impérialistes font face à une crise économique et sociale pour laquelle ils n’ont pas de solution. La pandémie de COVID-19, qui a tué plus de 20 millions de personnes dans le monde, s’accélère dans sa troisième année. Les gouvernements des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne sont en proie à la crise et à l’instabilité. Partout dans le monde, le coût de la vie devient incontrôlable.
Afin d’imposer le coût de la crise inflationnaire à la classe ouvrière, la Réserve fédérale américaine et d’autres banques centrales s’efforcent de faire monter le chômage en augmentant les taux d’intérêt, déclenchant ainsi une liquidation de tous les actifs financiers qui est, dans une certaine mesure, sans précédent depuis la Grande Dépression.
La crise inflationnaire pousse les travailleurs à une lutte dont la manifestation la plus visible est la grève du rail britannique, commencée hier. Dans l’histoire, les classes dirigeantes se sont servi de la guerre pour détourner l’attention vers l’extérieur et de l’effort de guerre comme d’un prétexte pour réprimer les grèves et l’opposition de la classe ouvrière.
La réaction du gouvernement Poutine est une totale banqueroute. Poutine croit que par la surenchère militaire, il peut conclure avec les puissances impérialistes un accord permettant une répartition plus égale du pouvoir dans le monde. Il croit qu’en faisant pression sur les «partenaires occidentaux» de la Russie, il serait possible de parvenir à un certain règlement du conflit.
Mais il ne peut y avoir de règlement pacifique de la crise mondiale qui a conduit à la guerre en Ukraine. Les puissances impérialistes sont déterminées à soumettre et à dépecer la Russie et la Chine. Elles se livrent à une série de provocations risquant de déclencher une guerre nucléaire qui mettrait fin à la civilisation. Toute escalade militaire de Poutine en réaction, comme l’invasion de l’Ukraine, ne peut que produire un bain de sang faisant le jeu des puissances impérialistes.
Il n’y a pas de solution militaire à la crise actuelle, qui ne peut pas en fin de compte être résolue dans le cadre du système de l’État-nation. La guerre est la forme la plus avancée d’une crise qui frappe l’ensemble de la société capitaliste.
Dans la mesure où il existe une issue à ce désastre, elle viendra de l’intervention de la classe ouvrière. Alors que les travailleurs entrent en lutte contre la hausse du coût de la vie, ils doivent chercher à lier leurs luttes au plan international à la lutte contre la guerre impérialiste. Comme la pandémie de COVID-19, la troisième guerre mondiale, qui a déjà commencé, ne peut être stoppée que par l’intervention consciente d’une classe ouvrière mobilisée sur la base d’une perspective socialiste.
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