samedi 8 juillet 2023

Flicaille contre racaille, où le débat rase le bitume

7 Juillet 2023 , Rédigé par Réveil Communiste Publié dans #Ce que dit la presse, #GQ, #Répression, #Théorie immédiate, #lutte contre l'impérialisme, #Front historique, #Qu'est-ce que la "gauche", #classe ouvrière

C'est mal parti

C'est mal parti

 

Merde ! La guerre civile, la révolution, tout ça, c’est déjà fini ?

On brûle trois bus, trois écoles, trois poubelles et on retourne à sa console de jeux !

Il n’a pas encore coulé beaucoup de sang (mais deux morts quand même, et pas du coté de la police) mais déjà l’encre coule à flot et les postillons volent partout sur les réseaux sociaux (pas trop dans la vraie vie, quoique, restons prudent) on voit qu’on est en France y compris aux crétineries des propositions judiciaires et législatives qui se développent de part et d’autre (mettre en prison les parents, dissoudre la police).

La France a encore joué à son jeux favori depuis 1968 : faire semblant de faire la révolution. A ce niveau les enfants d’immigrés montrent leur paradoxale mais parfaite intégration.

On rejoue aussi le soulèvement des ghettos états-uniens dans l’espoir de parvenir à une sorte de considération de la part des bonnes âmes de la gauche divine qui font l’opinion autorisée. Mais n’est pas Martin Luther King qui veut et surtout il n’y a pas le moindre droit civique à décrocher – seulement des subventions pour les porte-paroles et quelques emplois d’animateurs socio-culs - et l’on va droit à la racialisation des rapports sociaux. Et dans ce cas il vaudrait mieux être majoritaire avant de partir par là ! Vous ne croyez pas ?

Tout ça au bout du compte c’est pour faire du spectacle à deux balles et l’indignation n’a rien à voir la-dedans, on veut montrer que dans son quartier on a les plus grosses.

Macron s’en moque complètement et il a mieux à faire pendant ce temps là, à engager la France dans le bourbier ukrainien quand personne ne regarde dans cette direction. Il est pathétique de voir comment les commentateurs étrangers tous aussi anti-impérialistes les uns que les autres qui se croient perspicaces se laissent berner par les images de voitures en feu.

Si ces images étaient mauvaises pour Macron en particulier et pour l’impérialisme en général, et bien on ne les diffuserait pas.

La police n’a pas à abattre des gens, jeunes ou non, maghrébins ou non, sans autre forme de procès, parce qu’ils conduisent sans permis une BMW sans respecter le code de la route. Moi non plus je n’aime pas du tout les BMW si on va par là mais je ne tuerais pas ceux qui les conduisent même si j’avais comme elle la possibilité de le faire et de m’en tirer avec impunité. C’est cette police-là assez bien rémunérée d’ailleurs qui réprime les manifestations de plus en plus brutalement depuis dix ans, et qui n’est pas pour autant devenue républicaine parce que les suspects habituels de communautarisme profitent de la situation pour diffuser un discours anti-flic sommaire au profit des dealers. Le contraire d’une erreur, en général, c’en est une autre.

Et les jeunes - et aussi les gardiens de murs moins jeunes -  qui vivent dans les quartier chauds, même s’ils se sentent visés spécifiquement par le harcèlement et les violences policières, à tort ou à raison, et souvent à raison, ne sont pas dotés pour autant d’une sorte de licence de tout piller en réaction et de détruire leur propre cadre de vie tout en offrant à ceux qui les haïssent l’image qu’ils attendent pour confirmation de leurs préjugés.

Signalons au passage à ceux qui voient dans l’émeute à l’américaine la dernière carte du désespoir que l’incidence des meurtres policiers en France est environ dix fois moindre qu’aux États-Unis et que dans ce pays les pauvres n’ont pas de sécu.

Au passage n'oublions pas aussi les bons français qui ironisent sur les allocations familiales perçues par les familles immigrées : ils n’ont qu’à faire des enfants aussi s’ils veulent en profiter.

Le pillage est en fait moins lié au besoin et à la pauvreté, même si les juges, qui valent bien les flics mais sont loin d’être autant détestés, on se demande pourquoi, s’acharnent sur les voleurs de pommes qu’ils ont pu identifier sur les réseaux sociaux, qu’aux théories anarchistes de la reprise individuelle qui ont fait leur chemin dans les ghettos via la petite bourgeoisie d’extrême-gauche qui les fréquente et qui les parasite, que ce soit pour y tenter un encadrement démagogique ou pour se procurer de la drogue.

C’est la loi désir à l’œuvre dans publicité qui trouve ici son accomplissement. Volez des produits de marque, c’est aussi consacrer leur notoriété.

Finalement ce ne sont que les gangsters et les mafieux qui tireront profit de la situation et de la marginalisation accrue et de la tiers-mondisation des quartiers où les immigrés récents et les descendants des moins récents sont concentrés.

Cela dit dans peu de temps si on n’y veille pas les jeunes hommes en mal de prouver leur masculinité sur Instagram en cassant des abribus, en renversant des camions (« elle est où la police , elle est pas là, la la la! ») et en défiant une police armée jusqu’aux dents, qui se fait ensuite un plaisir de les tabasser, vont se retrouver alignés contre les Russes dans le Donbass, comme chair à canon.

Réveillez-vous.

 

GQ 7 juillet 2023

 

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