Droite, Gauche… et le prolétariat dans tout cela ?
Le déchainement parfois jusqu’à l’hystérie de divers insoumis contre le PCF et Fabien Roussel en particulier, appelle une réflexion sur les enjeux de fond de la crispation. Certes on pourra dire que cette attitude politique de l’invective, l’insulte et la menace n’est pas sans rappeler des comportements observés de la part d’une prétendue ultra gauche proche du lambertisme, déjà observés dans d’autres circonstances. Mais, en réalité, et sans vouloir prétendre boucler le débat, il nous faut aller chercher ailleurs les racines de cet assaut d’acrimonie, réel aveu d’incompréhension voire d’impuissance.
Finalement tout était dit dans l’intervention de Yann Brossat, sur la Fête de l’Huma, qui, en marxiste définit le prolétaire par le travail et invite à rassembler sur cette base, et non dans une fumeuse association d’un homme éclaté vision intersectionnalité défendue par Rousseau, Mélenchon comme Ruffin au nom d’une conception moralisée de la « Gauche ».
Oui, eux ont parfaitement compris la bataille de fond qu’engage le PCF pour une nouvelle hégémonie culturelle du prolétariat dans son essence comme sa globalité ; une hégémonie de la lutte de classe, venant enfin se substituer à son enferment dans une morale woke le culpabilisant dans toutes ses dimensions culturelles.
Nous assistons depuis les années 1970 à la montée de cette hégémonie woke conduisant à imaginer que le citoyen substitué au prolétaire, serait défini autrement lorsqu’il sort de son rapport direct à l’exploitation de sa force de travail. Conception diviseuse qui, s’appuyant une prétendue indépendance de justes luttes sociétales diverses, voudrait le redéfinir dans chacun des aspects de sa vie.
Cette hégémonie devenant le plus sûr moyen de lui interdire de faire le lien entre son exploitation dans et hors travail, entre son statut de dominé pisseur de plus-value et celui d’exploité dans ses divers rapports sociaux. Mais également de l’exploser dans des luttes opposables faute de lien théorisé.
Le hiatus énorme s’est installé entre la masse du prolétariat qui vit quotidiennement les conséquences de sa position de classe, toujours plus dominé durant toute sa vie, et sa frange préservée qui s’adonnant à cette schizophrénie sociale en vient à se comporter en allier objectif de la bourgeoisie par les divisions qu’elle génère.…
Pire, une part progressivement plus grande se tourne vers la droite, car heurtée par les divisions culturelles et l’incompréhension sociétale de sa souffrance, qu’elle croit plus tolérée dans la dimension conservatrice de la droite.
C’est cette division idéologique que refuse, à très juste titre idéologique, le parti communiste et avec lui Fabien Roussel. Ainsi, lorsqu’ils indiquent vouloir rassembler « citoyens de droite et de gauche », en réalité ils usent de mots faisant écho chez les électeurs, mais en perte de sens pour des prolétaires exploités et culturellement rejetés.
Mais pour cela nous devons revenir sur le sens des mots. Le concept de gauche n’est pas marxiste. Le marxisme définit 2 classes sociales antagoniques : le prolétariat et la bourgeoisie.
Ce qui conduit à, d’une part des partis bourgeois et leurs allies objectifs, souvent réformistes ou gauchistes… d’autre part, en face, se tenant en face la social-démocratie et le Parti communiste. Ce sont ceux-ci qui ont vocation à s’unir pour révolutionner la société. Le reste est terminologie installée par la bourgeoisie pour asseoir sa conception de la démocratie et son pouvoir !
Ce concept de « gauche » doit être redéfini car il sert aujourd’hui de fourre tout trompeur permettant de noyer l’enjeu de classe et d’installer des diviseurs au sein du prolétariat, fourre-tout dans lequel naviguent pas mal de provocateurs alliés objectifs de la bourgeoisie.. Faute d’être recentré sur la conscience de classe.
Il y a un vrai travail théorique à reconstruire pour déjouer le piège de la primauté de « l’union » électorale de la gauche qui passe par perte et profil l’essentialité de la lutte de classe, et ainsi une gde part du prolétariat que nous devons rassembler pour mener un changement révolutionnaire : on ne cassera pas le capitalisme avec 30% de celui-ci.
C’est tout le prolétariat qui doit retrouver sa boussole de classe en se réappropriant une conscience collective de classe et en rejetant les divisions sociétales fondées sur le wokisme !! Le projet est beaucoup plus vaste que celui défendu depuis 60 ans en réduisant le rassemblement du prolétariat à celui de la gauche.
Les errements unitaires par le haut enclenchés en 1965 et la candidature unique de Mitterrand ont été théorisés, en substituant à son rôle historique la notion de « rassemblement du peuple de France par des accords unitaires » de sommet en 1967 avec la Conférence de Champigny.
Le PCF a donc commencé à s’effacer devant le PS au nom de l’unité et à tiédir son programme politique pour le rendre « unitaro compatible ».
Bilan : le prolétariat d’abord illusionné (mais vite ramené aux
réalités, lui), s’est progressivement divisé et éloigné du cirque
électoral et le PCF s’est effondré. Une part de plus en plus grande se
trouvant déconsidérée par la « morale » universaliste de « gauche »,
portée également par le parti, s’est même tournée vers la droite puis
l’extrême-droite qui ont su elles jouer, en version populiste, cette
petite musique.
Malgré les retournements opportunistes vers les besoins de la bourgeoisie de la part de prétendus « alliés », le mythe s’est pérennisé, convertissant et absorbant toute l’énergie militante vers un rassemblement politique d’en haut sur un projet et des attendus de moins en moins partagés dans le prolétariat ; creusant le fossé, réduisant les effectifs des prolétaires se sentant citoyens, seule la fuite en avant a été envisagée faute d’accepter une révision théorique de la stratégie poursuivie ;.
Cela d’autant plus qu’incapable d’analyser la réalité des pays socialistes et les causes de leur destruction le PCF s’est laissé berner par l’Histoire réécrite par la propagande de la bourgeoise et de la social-démocratie mondiale.
Ayant tourné le dos à son rôle, jusqu’à la lie et les 1,8% de Buffet, il s’est encore obstiné avec les errements du Front de Gauche dans lequel il est allé au bout de son renoncement en construisant une usine à gaz, marche pied d’un opportuniste débarqué du trotskismes lambertiste après avoir commis pis que pendre avec le PS.
Résultat, le PCF a semé l’illusion (dans laquelle trop se situent) que le changement révolutionnaire pourrait émerger des seules urnes, avec une part « progressiste » du prolétariat ; sans l’intervention massive et dirigeante de celui-ci et sans s’unifier dans la conscience de classe. La masse de celui-ci se trouva finalement incomprise, soumise à cette hégémonie culturelle « woke » la jugeant inculte, beauf, inepte à percevoir les luttes sociétales et attentiste au point de pouvoir se contenter de petites miettes bien vite reprises par le combat de classe de la bourgeoisie (« union de la gauche », « gauche unie », « gauche plurielle », « Front de gauche »…) (France, Grèce, Espagne, Chili, Venezuela, Portugal….)….
Aujourd’hui le PCF retrouve ses fondamentaux après 60 ans d’impasse et s’adresse de nouveaux à tout le prolétariat (toute identification politique hormis dans le racisme), non dans le but de le représenter mais de l’inviter à intervenir lui même pour révolutionner le système. Gramsci décrit très bien cette responsabilité qui incombe aux révolutionnaire de mener la guerre idéologique sur le terrain même de la lutte de classe, pour substituer l’hégémonie des intérêts révolutionnaires du prolétariat à ceux du capital. C’est tout le sens des interventions multiples de Fabien Roussel et des dirigeants actuels du parti.
Je comprends que cela gêne les habitudes de soumission attendue, mais il va falloir s’habituer à cela.
Nous présenterons partout des candidats communistes pour rassembler tous ces millions de travailleurs devenus muets devant les mensonges, fausses promesses et délégations de pouvoir vaines et que nous continuerons d’accompagner dans leur lutte de classe, avec leurs syndicats (et non contre ou en concurrence).
Mais, ne nous y trompons pas, il ne suffira pas d’aller, comme y invite RUFFIN, dans les quartiers et campagnes populaires, ni même d’y tenir un discours de classe. Il faudra d’abord accepter tout ce prolétariat perdu, éclaté, divisé et facticement opposé et méprisé en prenant en compte sa culture, ses attentes réelle et respecter son identité explosée. Alors nous pourrons l’aider à se rassembler dans sa TOTALITÉ (Manifeste du parti communiste-Marx Engels). Il faudra cesser de le renier ou de lui faire la « morale » sur ses modes de vie, ses cultures et ses mœurs. Les évolutions conceptuelles de masse ne se distribuent pas comme « des bons points » mais se construisent ensemble dans les luttes de défense de sa classe sociale, dans le respect et dans l’échange collectif.
C’est pour cette raison que Mélenchon perd sa 3ème élection présidentielle ; non à cause de ses « alliés » possibles, mais de par son incapacité à rassembler l’électorat populaire prolétaire, tant son expression comme son programme les divise et les ignore.
Alors ? Alors, que nul n’attende aucune démission de notre part. Finis les romans photos, les explications politiciennes et anti communistes. Le PCF est de retour pour TOUT le prolétariat.
Il y travaillera comme bon lui semble, sans demander d’autorisation à qui que ce soit.
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