La Russie a déclaré la fin du monde financier occidental
Comme nous avons choisi dans ce blog d’insister sur la mise en place à un rythme accéléré de systèmes alternatifs, qui ne prétendent pas remplacer terme à terme l’ancien mais échapper à son emprise destructrice, on en voit ici la description du point de vue de la Russie. Cela ressemble à des canots de sauvetage qui en pleine tempête et naufrage du Titanic gagnent la haute mer et ça parait marcher. Comme le constatent les économistes occidentaux : l’économie russe résiste. L’idée de l’adoption d’une monnaie commune au sein des Brics, ce qui était une hypothèse défendue pour l’euro se substituant au dollar n’a jamais été testée entre systèmes conservant leur hétérogénéité et leur gouvernance propre, tout en rompant avec le dollar. Ce qui est sûr c’est tel qu’il est surtout en relation avec les pétroliers de l’OPEP, il est ce qu’a toujours interdit les Etats-Unis et on mesure mieux encore l’importance du défi de l’intervention en Ukraine qui a donné le signal d’une telle émancipation, pari militaire, pétrolier, monétaire de la souveraineté qui est tenu ce qui n’avait pas pu se réaliser dans l’expérience bolivarienne s’esquisse ici. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://vz.ru/economy/2023/12/8/1243245.html
Par Timour Sherzad
Le système financier occidental devient obsolète en termes de nouvelles technologies et archaïque. “Selon les experts, cela conduira dans les prochaines années à une véritable révolution qui finira par ébranler le monopole des grandes banques occidentales”, a déclaré Vladimir Poutine lors du forum “Russia Calling” de VTB (1).
M. Poutine a cité “certains collègues occidentaux” qui, en interdisant le fonctionnement des systèmes de paiement en Russie, voulaient faire souffrir les Russes, voulaient “créer des problèmes pour des millions de familles russes”. “Qu’est-ce qui s’est passé en pratique ? Les citoyens et les entreprises n’ont pas remarqué la transition en douceur vers le système de paiement national, qui fonctionne et se développe maintenant avec succès”, a souligné le dirigeant russe.
En conséquence, la Russie, selon le président, a cessé de verser des commissions aux entreprises occidentales, et ces dernières, à leur tour, n’ont fait que perdre ce qu’elles auraient pu gagner en Russie. Les objectifs fixés par les détracteurs n’ont pas été atteints. “Nous ne faisons que renforcer notre souveraineté dans ce domaine. Et nous le faisons en toute confiance”, a expliqué M. Poutine.
La Russie a commencé à préparer sa propre infrastructure financière à l’avance, dès que les menaces de déconnecter la Russie de SWIFT, ainsi que de Mastercard et Visa, ont commencé à se faire entendre. Tout d’abord, en 2014, le système national de cartes de paiement a été créé pour traiter les transactions par carte bancaire en Russie, suivi par le système national de paiement Mir, qui fonctionne activement depuis 2015. Ensuite, le système de transfert de messages financiers (FMS) de la Banque de Russie – un analogue du SWIFT occidental – a été lancé.
Par conséquent, les sanctions financières sévères de l’Occident et la déconnexion de nos banques de SWIFT n’ont pas entraîné d’effondrement. “Le nombre de clients des cartes Mir augmente de cinq à six millions de personnes chaque mois. Au début du mois de décembre, environ 240 millions de personnes possédaient ces cartes”, note Yuri Yudenkov, professeur au département des finances, de la circulation de l’argent et du crédit de la FFB de l’Académie russe de l’économie nationale et de l’administration publique. En outre, la carte fonctionne non seulement en Russie, mais aussi en Abkhazie, en Ossétie du Sud, en Arménie, au Belarus, au Kirghizstan, au Vietnam, au Venezuela, ainsi que dans un certain nombre de points de vente en Turquie et dans plusieurs États d’Asie centrale.
La tentative de l’Occident d’écraser le secteur financier russe par des sanctions n’a pas réussi, mais l’a au contraire incité à se développer activement. La Russie est témoin d’une véritable tendance à l’introduction de technologies financières.
Grâce à elles, ce n’est pas seulement la procédure des opérations bancaires et financières traditionnelles qui change, mais aussi le marché financier lui-même. En particulier, on assiste à l’émergence du DeFi (finance décentralisée), qui permet d’effectuer des transactions financières directement sans l’intervention des banques et autres institutions financières. Les régulateurs de nombreux pays occidentaux s’y opposent activement, car cette sphère échappe à leur influence et n’est contrôlée ni par eux ni par les banques sous leur contrôle”, explique Maxime Markov, professeur associé du département des marchés financiers mondiaux et des Fintech à l’université économique russe Plekhanov.
En particulier, en Russie, presque toutes les transactions financières peuvent déjà être effectuées à l’aide d’applications bancaires via un smartphone ou un ordinateur. À une telle échelle, cette possibilité n’existe pratiquement dans aucun autre pays du monde, souligne M. Markov. Et depuis août 2023, la Russie a commencé à tester un rouble numérique, dont la circulation repose sur l’utilisation de la technologie du registre en ligne (blockchain).
Le monopole des grandes banques occidentales réside dans le fait que la plupart des règlements dans le commerce extérieur entre les pays se font en dollars américains par le biais du système de transfert transfrontalier SWIFT.
Les banques correspondantes américaines perçoivent des commissions sur toutes ces transactions. Cependant, cette infrastructure devient obsolète car de plus en plus de pays passent à des règlements mutuels en monnaie nationale en utilisant d’autres systèmes de transfert d’argent”, explique Vladimir Chernov, analyste chez Freedom Finance Global.
“De plus, des systèmes de paiement modernes ont émergé sous la forme de technologies blockchain, qui sont décentralisées, de sorte que leurs actifs ne peuvent pas être bloqués ou gelés, et les régulateurs ne peuvent que restreindre le travail des échanges de crypto-monnaies dans leur région, mais les transferts blockchain eux-mêmes ils ne le peuvent pas”, note Vladimir Chernov. Ainsi, les pays occidentaux ont donné le feu vert au développement des transferts par blockchain avec leurs propres interdictions, grâce auxquelles leur monopole s’effondre et leurs sanctions financières deviennent tout simplement insignifiantes.
“Une révolution du système financier mondial est possible, surtout lorsqu’on en parle à un niveau aussi élevé et que tout est mis en œuvre pour y parvenir. Mais je ne pense pas qu’elle puisse se produire rapidement, car la majorité des règlements mutuels dans les relations commerciales extérieures dans le monde se font encore en dollars américains par l’intermédiaire du système SWIFT et une transition complète du modèle précédent pourrait prendre beaucoup de temps”, estime M. Chernov.
Que faut-il faire pour que la révolution soit plus rapide et que le monopole du système financier occidental soit enfin détruit ?
Dans un premier temps, les banques russes se sont connectées au système chinois de transferts internationaux de fonds, mais celui-ci n’est pas idéal : il ne permet que des transferts en yuans chinois. Pour le commerce avec la Chine, dont le chiffre d’affaires bat tous les records historiques, c’est pratique, mais ce n’est toujours pas le seul partenaire commercial de la Russie.
“La Russie et d’autres pays pourront révolutionner cette situation en créant une monnaie unique pour les pays des BRICS, adossée aux réserves d’or de ces pays, ou d’autres actifs réels, tels que les minéraux, les hydrocarbures, les métaux, les matières premières, etc. Sur cette base, il est déjà possible de mettre en place un nouveau système commun de paiements financiers transfrontaliers. Il est difficile de dire à quelle vitesse ce processus se mettra en place, mais il est probable qu’il s’accélère parallèlement à l’expansion de l’organisation des BRICS”, conclut M. Chernov.
(1) VTB, Vnechtorgbank (Banque du Commerce Extérieur) est la seconde banque de Russie avec près de 14,53 milliards de dollars d’actifs gérés, derrière Sberbank.
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