vendredi 21 juin 2024

 

Pour l’avenir, se rassembler sans masquer les questions posées !

Au titre de la réflexion collective indispensable voici l’intervention de Marie-Christine Burricand membre de l’exécutif qui a voté contre l’accord de Front populaire avec 4 autres camarades et 8 qui se sont abstenus et qui s’en explique ici. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Lundi 17 juin 2024, par  Marie-Christine Burricand

Les membres du Conseil National devaient ce jeudi 14 juin se prononcer quant à l’accord du nouveau Front populaire ! Cinq camarades se sont prononcés contre cet accord – j’en suis – 8 se sont abstenus. J’explique ici mes raisons en précisant que ce vote n’affaiblit pas mon engagement pour que le nouveau Front populaire batte l’extrême droite les 30 juin et 7 juillet.

L’accord du Nouveau Front Populaire comprend deux volets, la répartition des circonscriptions et le programme.

Concernant la répartition des circonscriptions, l’accord reprend pour le PCF l’essentiel de celui passé en 2022 avec la Nupes. C’était un accord très contraignant puisqu’il ne permettait au PCF de ne se présenter que dans 50 circonscriptions. En 2022, je ne l’avais pas approuvé d’autant que sur la la 14éme circonscription du Rhône, il attribuait la candidature à la France Insoumise. Cependant, après nous être battus le plus loin possible pour une candidature communiste (Michèle Picard),nous l’avions respecté sur la circonscription.

Deux ans plus tard, alors que le Rassemblement National est aux portes du pouvoir, je ne m’attendais pas à autre chose que la reproduction à l’identique et je n’ai donc pas contesté l’accord sur ces questions.

C’est sur le programme que s’est donc décidé mon vote.

Il contient les mesures d’urgence essentielles, concernant l’abrogation de la réforme des retraites, de l’assurance chômage, le pouvoir d’achat…

S’il prévoit des mesures de taxation financières sur le capital et les grandes fortunes, il ne contient pas les propositions permettant de prendre le pouvoir sur le capital quant aux outils de production et financiers, en fait les leviers du pays.

Le programme laisse aussi de côté la question du maintien et développement du nucléaire, pour assurer un coût et une production garantissant l’égal accès à l’énergie et la réponse aux besoins de la population et de l’industrie qu’il faut développer dans des domaines à déterminer.

C’est une faiblesse, mais je peux considérer que ces questions se régleront par le développement et le renforcement du mouvement social, question qui doit mobiliser le PCF en permanence. Et s’il manque des propositions, le texte n’en interdit aucune à priori.
Ce qui a déterminé mon vote, c’est donc bien ce qui est écrit sur l’Ukraine, très tôt dans le document, que chacun peut lire ci-dessous

Défendre l’Ukraine et la paix sur le continent européen
Pour faire échec à la guerre d’agression de Vladimir Poutine, et qu’il réponde de ses crimes devant la justice internationale : défendre indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières, par la livraison d’armes nécessaires, l’annulation de sa dette extérieure, la saisie des avoirs des oligarques qui contribuent à l’effort de guerre russe dans le cadre permis par le droit international, l’envoi de casques bleus pour sécuriser les centrales nucléaires, dans un contexte international de tensions et de guerre sur le continent européen et œuvrer au retour de la paix”

Il est déjà assez étrange de prôner la paix pour justifier la guerre.
Les mots ont un sens et ce paragraphe nous enferme dans une guerre de plus en plus terrible et meurtrière.

Le soutien est “indéfectible” donc à priori indiscutable ; “la livraison d’armes nécessaires” indique que ce soutien autorise toutes les livraison d’armes, sans distinction aucune entre offensives et défensives, sans limite quant à la nature des ces armes ; c’est donc toujours plus …qui peut s’imagine que de telles livraisons d’armes peut aller sans l’intervention de militaires français sur le terrain ? Enfin, la référence à l’intégrité des frontières de l’Ukraine rend pour encore de longs mois toute négociation impossible avec la Russie puisque cette formule indique que les accords de Minsk qui ouvraient la porte à l’autodétermination des républiques du Donbass. sont caducs.

Mais François Hollande et Angela Merkel n’avaient ils pas avoué que ces accord n’avaient été signés que pour permettre à l’Ukraine de se réarmer sous l’égide de l’OTAN !

Ce paragraphe est extrêmement dangereux, il autorise une escalade supplémentaire dans la guerre quelle que soit la nature du gouvernement, y compris un gouvernement de gauche. Il y a trop de similitudes dans ce moment avec les débuts de la guerre meurtrière de 1914, où malgré Jean Jaurès et avant la création des partis communistes en 1920, la gauche français se compromit dans le soutien à la guerre.

Le pain et la paix vont de pair car la guerre finit toujours par rapporter aux financiers et marchands d’armes, ce sont toujours les peuples qui la paient. Enfin, cette guerre se fait sous l’égide de l’OTAN, qui peut s’imaginer que l’OTAN, bras armé de l’impérialisme du dollar veut la paix, alors qu’elle entretient partout dans le monde des foyers de tension qui peuvent être sources de nouveaux conflits ?

Qui peut fermer les yeux sur la réalité, le capitalisme pour maintenir sa domination a besoin de l’extrême-droite comme de la guerre, la dissolution n’est pas un caprice de Macron mais un choix du capital qu’il est urgent de déjouer.

C’est ce passage, pour moi contre-sens historique,qui a motivé mon opposition à ce programme. C’est pour cela aussi que je me félicite qu’en même temps que la section de Vénissieux se bat pour faire élire un député “Front Populaire”, elle appelle à agir dans le cadre d’un” comité populaire contre le fascisme, pour la paix” et à renforcer le PCF. Le vote est un moment de la bataille pour changer la société, l’action et l’organisation sont le cœur et la permanence de cette bataille.


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