Les États-Unis, menace principale pour la paix et pour la santé publique
Note du 3 avril 2020 :
Loin
d'être l'occasion d'une trêve pour les Folamour de Washington, la
pandémie du Covid-19 semble être une occasion d'escalade. Elle soumet le
système de santé américain, et même ses forces armées, à un stress dont
les responsables sont tentés de fuir leurs responsabilités gravissimes,
par la provocation, l'agressivité diplomatique et la fuite en avant
militaire. Les cibles ne manquent pas : Cuba, et tout pays acceptant son
aide médicale, Venezuela, Iran, Russie, Chine, Syrie, Corée, etc.
La guerre mondiale, qui la veut?
Le
danger de guerre actuel provient exclusivement des États-Unis qui ont
obtenu leur hégémonie mondiale en gagnant les trois précédentes (on peut
considérer la Guerre froide en comptant les conflits localisés qui
l’ont accompagnée (Corée, Viet-Nam, Proche Orient, Afrique, etc.) comme
la troisième), et qui sont tentés de la conserver en s’engageant dans
une quatrième.
Aucune
autre puissance n’est en mesure de menacer la paix. Le terrorisme,
notamment, n’est qu’un instrument au service des États-Unis, soit un
allié direct comme en Syrie, soit un adversaire idéal qui ne présente
aucun danger réel, et qui joue son rôle dans la mise en condition
militaire des peuples occidentaux, et leur acceptation tendancielle, au
rebours de leurs valeurs individualistes, d’un État policier et d’une
société de surveillance et de fichage généralisés.
Les
États-Unis du capitalisme en déclin de l’année 2020 peuvent croire
qu'ils ont objectivement intérêt à la guerre dans cette décennie. Leur
équipement militaire hypertrophié et leur expérience du combat réel leur
donnent la certitude trompeuse d'une victoire dans n’importe quel
conflit armé classique, à condition qu’ils puissent mobiliser les médias
globaux pour construire le consentement de l'opinion occidentale à une
telle démarche sanguinaire, mais cette avance technologique est financée
par la contribution du reste du monde à commencer par la Chine, qui
comble les déficits abyssaux de l'économie américaine en rachetant du
papier dollarisé, et elle aura complètement disparu d’ici quelques
années.
Depuis
la crise de 2008, ils sont entrés dans une phase agressive, s’attaquant
sous les prétextes les plus transparents à des nations petites ou
moyennes, le plus souvent en utilisant des collaborateurs locaux, des
séparatistes, des réactionnaires religieux, des intermédiaires en
apparence non étatiques et des auxiliaires étrangers, et surtout une
« société civile » ad hoc cultivée dans leurs universités et recrutée
dans un certain nombre de pays stratégiques [ Voir le Venezuela, comme
cas d'école de l'ingérence].
Mais
ils ont aussi mené des guerres directes dont le but réel semble bien
tout simplement de maintenir en état opérationnel leurs forces armées et
de tester leurs armements. Ils sont d'ailleurs déjà lancés dans une
cyber-guerre ouverte avec le reste du monde.
Il
faut bien comprendre que la déclaration officielle de guerre au
terrorisme en septembre 2001 a une importance fondamentale dans
l’histoire de l’Empire américain : il s’agit d’une revendication de
souveraineté qui porte sur l’ensemble du territoire mondial, et qui met
fin à la politique internationale telle qu’elle était basée sur le
respect de principe sinon de fait de la non-ingérence dans les affaires
intérieures d'autrui, depuis les traités de Westphalie au moins (1648).
Ils revendiquent ce faisant le statut et rang de seul État souverain au
monde.
Mais les moyens indirects ont eu leur préférence depuis leur relatif échec en Irak et en Afghanistan.
Ils
ont réussi à prendre le contrôle du gouvernement de plusieurs États en
instrumentalisant une opposition stipendiée de longue date, et en
pratiquant avec l’aide des grands groupes de médias mondialisés une
déstabilisation intérieure de grande échelle [dernier exemple en date :
la Bolivie, le 12 novembre 2019].
Comme
l'a symboliquement établi la destruction de l'ambassade à Belgrade en
1999, l’ennemi principal des États-Unis est bien entendu la Chine, dont
le surgissement prochain au premier rang économique mondial épouvante
l’oligarchie occidentale qui se croit le dépositaire de la civilisation.
Les actions erratiques de l’Occident piloté par les États-Unis ont
paradoxalement renforcé ce rival, en consolidant son alliance avec la
Russie, et la présidence Trump n’a fait qu’accélérer ce mouvement.
Une
guerre directe contre la Chine ou la Russie, sous la forme de
subversion interne, de pressions externes et de blocus maritime et
aérien de leurs territoires, dont les littoraux sont étroitement
verrouillés par les bases américaines, est techniquement possible et
même jouable, dans l'intention de la gagner, mais au prix de provoquer
une très forte crise économique internationale dont les effets seraient
imprévisibles si la victoire n'était pas immédiate.
Les
militaires ne font rien d’imprévisible. Mais ils ont tendance à
surestimer leurs capacités, qui en l’occurrence sont effectivement
fortes, et la tentation de chercher des solutions technologiques à des
problèmes stratégiques, notamment pour neutraliser les armes nucléaires.
Cependant,
les États-Unis eux-mêmes ne sont pas un sujet géopolitique pleinement
souverain, et le pouvoir réel va se chercher dans un milieu
international où leurs ressortissants sont des plus influents mais non
exclusivement. Milieu composé des institutions financières et des
banques, des cadres dirigeants des multinationales et des ONG qui
recrutent dans les mêmes écoles, des médias internationaux, etc.
Dans
ces milieux, la perspective d’une guerre qui ne soit plus une guerre
asymétrique à zéro mort dans le camp occidental crée un malaise. Ils
conservent parfois la culture historique suffisante pour comprendre que
la guerre ouverte comme solution des contradictions du capitalisme n’est
pas la meilleure option, parce qu'elle peut déboucher sur la révolution
comme la Grande Guerre de 1914 à débouché sur la Révolution d'Octobre.
Ils soutiendront donc toutes les guerres néocoloniales ou
contre-révolutionnaires, mais chercheront à éviter un conflit majeur
avec les puissances émergentes capitalistes. D'autre part, en cas de
guerre mondiale ouverte et déclarée, l'expérience historique montre que
la puissance qui en a pris l'initiative perd la mise.
Certains
alliés des États-Unis de puissance bien moindre (Grande Bretagne,
France, Israël, Arabie saoudite) peuvent être tentés chacun leur tour de
jeter de l'huile sur le feu pour acquérir un rang de « senior partner »
dans l’alliance occidentale.
Tout
ce qui contribue à affaiblir la résistance à l'hégémonie des États-Unis
rend la guerre plus probable, car elle crédibilise chez les pions qui
nous gouvernent l'idée d'une guerre technologique victorieuse propre et
rapide. L'effondrement de la Libye a rapproché le monde de la
catastrophe. La résistance de la Syrie, mais aussi de la Corée, de
l'Iran, et du Venezuela face aux ingérences impériales, éloigne la
guerre mondiale.
Contrairement
aux apparences, un va-t-en guerre brouillon et impulsif à la tête des
États-Unis dans le genre Donald Trump est moins dangereux qu'un
politicien consensuel comme son adversaire malchanceuse Hillary Clinton
(ou le criminel John McCain, qui fut universellement regretté par les
partisans de l'impérialisme et leurs médias), qui engagerait la guerre
contre le pays visé à la suite d'une longue préparation médiatique, de
sanctions économiques destructrices, et d'une subversion interne à
grande échelle, et qui ne lâcherait pas sa proie facilement, ne
serait-ce que pour ne pas perdre la face. Et cela, même s'il peut être à
titre individuel réticent face aux aventures militaires, comme c'était
le cas d'Obama dans la guerre de Syrie [Trump se rapproche maintenant de
ce modèle dans la crise vénézuélienne, recueillant les applaudissements
de ceux qui dans l'establishment et les médias globaux le vouaient au
gémonies l'année dernière - note 2018].
Cela
dit s'il y a un pays où les contradictions du capitalisme s'aiguisent
de manière décisive, ce sont bien les États-Unis. La révolution ou la
guerre civile pourraient bien surgir à l'intérieur même de ce pays. Et
la tentation d'en sortir par la guerre extérieure va devenir forte pour
ses élites prédatrices.
L'anti-impérialisme
et le mouvement international pour la paix sont donc redevenus les
priorités existentielles pour l’avenir de l’humanité.
GQ , 13 août 2017, relu le 14 avril 2020
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