La démocratie « participative » … un piège à « gogos » ?
La démocratie « participative » … un piège à « gogos » ?
Depuis quelques années un concept se répand : celui de démocratie « participative ». Auquel les juristes (au moins ceux qui jonglent avec des théories, imaginent des concepts en changeant de vocabulaire, ou simplement se mettent au service d’autrui), commencent à conférer une existence (1) .
Les citoyens qui souffrent des conséquences de la mise en place (méthodique) par les élites de la nouvelle société obéissant à la loi du marché (Maastricht, Lisbonne et quelques autres traités) et pratiquant de nouvelles conceptions de l’Homme (mode de gestion de ce dernier par l’élite, transformation de ses rapports avec l ‘Etat, rapports des individus entre eux) (2) voient de plus en plus qu’on les prend pour des sots. Surtout que les techniques de manipulation sont utilisées par les gouvernants en place de manière si visible, (v. pendant la « crise » du covid), que les citoyens - même non lecteurs d’E. Bernays ou de quelques autres spécialistes de ces techniques-, s’en rendent compte.
Par ailleurs, les gens ont fini par constater (avec une résignation au moins provisoire) que les élus, une fois qu’ils ont le poste, font tout autre chose que de se comporter en mandataires des citoyens (3). Et que la démocratie « représentative » connaît de ce fait une pratique qui tient de la farce.
L’idée de « créer » ce qui serait une troisième forme de démocratie, la démocratie dite « participative », et d’y faire croire, est donc astucieuse.
Parce qu’elle procure à des individus savamment recrutés, et censés être représentatifs de ce que pensent ou penseraient les citoyens dans leur ensemble, des espaces de défoulement : « grand débat », « assises de … », « Etats généraux de … », « carrefour de … », « conférence sur … », « CNR » (sic) (4), « convention citoyenne », etc …
Espaces qui sont moins dangereux pour les tenants du régime en voie d’installation, que la descente dans la rue ou l’occupation des ronds points. Et dans lesquels les gens conviés, calmes, polis et ayant accepté le rôle, sont fiers d’avoir été choisis. Et sont contents de s’exprimer (surtout si le président de la République est présent à ce moment là et peut s’y faire applaudir en déclarant à ces fins ce que l’auditoire attendait d’entendre). Participants qui sont ravis de croire que leur bonne volonté et leurs propositions orales ou écrites serviront à quelque chose.
Bien évidemment, les questions mises à l’ordre du jour de ces rassemblements portent sur des questions secondaires. Et jamais sur la remise en cause des règles sociétales de Maastricht ou de Lisbonne - et issues également d’autres traités -, pas plus que sur les décisions prises, comme par exemple celles portant sur la transformation en cours des services publics. Et, d’autre part, les organisateurs se réservent évidemment la liberté de traduire ou non en décisions (décrets ou lois) ce qui a été évoqué dans ces espaces.
Il ne s’agit donc pas de démocratie (qui suppose des décisions voulues et décidées par et pour le peuple), mais de la banale mise en œuvre d’une technique de manipulation … A ajouter aux autres (5).
Le président de la République, qui organise à la chaîne ce genre réunions (il a d’ailleurs déclaré qu’il s’y lançait « à gogo »), a manifestement vu le profit qu’il pourrait tirer de l’exploitation du concept.
Peu nombreuses à ce jour sont les personnes conviées à ces opérations qui se sont rendu compte du rôle qu’on voulait leur faire jouer, et qui ont décliné l’invitation à y participer.
L’avenir dira si l’astuce « marchera » ou si elle contribuera au contraire à inciter un peu plus de citoyens à la réflexion.
Marcel-M. MONIN
m. de conf. hon. des universités.
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