Génocide : les masques tombent, les responsables et les complices devront aussi tomber
La décision de la Cour internationale de justice (CIJ), officialisée vendredi 26 janvier 2024 constitue un événement historique majeur, dont les implications dépassent largement le conflit israélo-palestinien.
J'observe qu'une campagne médiatique coordonnée a été déclenchée afin
de tromper l'opinion publique sur la nature et les conséquences de
cette décision de justice, parallèlement à de nombreuses tentatives de
diversion. En toute logique, on peut s'attendre à des tentatives de
discréditer la CIJ elle-même.
J'ai entendu à plusieurs reprises, aussi bien dans des médias français,
allemands ou américains, des formules du type : "La CIJ demande à Israël
de prendre plus de précautions envers les civils palestiniens". Cet
énoncé est totalement faux et volontairement trompeur.
Premièrement, la CIJ ne "demande" pas à Israël, elle ORDONNE à Israël de
cesser immédiatement des actes qu'elle a reconnu comme constitutifs de
génocide. La cour a été très loin dans ses démonstrations, elle a
reconnu que les actes commis par l'armée d'occupation israélienne sont
de type génocidaire, non seulement par les faits, mais également par
l’intentionnalité. Elle a également ordonné que cessent et soient punis
tous les propos constituant des incitations au génocide. Le procès n'est
pas terminé, mais sur le fond, la question juridique est déjà
tranchée. Pour des raisons techniques, et parce que la justice à le
devoir d'examiner les faits de manière exhaustive, le procès peut être
long, avant que le verdict définitif ne soit prononcé. La "Convention
pour la prévention et la répression du crime de génocide" prévoit donc
des mécanismes qui visent simplement à ne pas attendre qu'un génocide
soit terminé et entièrement qualifié juridiquement pour entreprendre des
actions afin de le stopper. Nous sommes dans ce cas de figure. La cour a
reconnu dans les actions israéliennes 4 des 5 actes constitutifs de
génocide, tels que décrits dans l'article II de la convention, à
savoir :
- Meurtre de membres du groupe ;
- Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
- Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
- Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;
Il y a un second point fondamental qu'il faut mettre en lumière concernant la convention. Vous imaginez bien que lorsqu'on a affaire à des individus qui commettent un génocide, c'est-à-dire des fous criminels, on ne compte pas sur eux pour arrêter leurs crimes lorsque la justice le demande. C'est donc l'autre aspect contraignant de la convention : à daté de vendredi 26 janvier 2024, l'ensemble des pays signataires de la convention sont dans L'OBLIGATION de prendre toutes les mesures possibles pour empêcher le génocide, sachant que ces mesures bénéficient d'un statut d'extra-territorialité. Ceci signifie donc que l'état français est dans l'obligation d'agir de manière concrète, sincère et efficace à l'arrêt des actes décrits plus haut, sans quoi les responsables actuels pourront être poursuivis en justice pour non-respect de la convention, et le cas échéant, pour complicité de génocide. Et des poursuites similaires pourront être menées à l'encontre d'individus pour des propos visant à inciter au génocide. Le gouvernement a été très occupé à mettre en place toute sortes de dispositifs pour lutter contre la "haine en ligne", il est désormais légitime, et même moralement obligatoire de se saisir de ces mécanismes pour dénoncer la haine contre les Palestiniens, qui est une incitation au génocide. De plus, lorsque le verdict final sera rendu, et que très probablement l'acte de génocide sera définitivement reconnu, tout individu qui niera ce crime contre l'humanité sera passible des sanctions prévus par la loi dite "Gayssot" de 1990, qui réprime la négation des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
En tant que citoyen, c'est plus que jamais un devoir moral de
soutenir les associations de défense des droits des Palestiniens, qui
pourront, avec votre aide, entreprendre les actions juridiques
appropriées contre les apologistes du génocide, ou d'éventuels criminels
de guerre bi-nationaux.
J'évoquais des "diversions" en introduction, effectivement, tout un
baratin, un "hasbaratin" si j'ose dire, c'est immédiatement mis en
branle dans les médias pour tenter de détourner l'attention.
L'affaire de l'UNRWA, minable tentative de compromettre une organisation
caritative de plusieurs milliers de membres à l'aide de 12 personnes
dont les Israéliens ont arraché des aveux grâce à des "techniques
d'interrogatoire" très sophistiquées. En français, ils ont été
torturés. Piètre contre-feu, typique du caractère minable et sordide des
pratiques du pouvoir israélien.
Les questions autour du cessez-le-feu, ou plutôt du fait que la cour ne
l'ai pas demandé, sont instrumentalisées de manière totalement
délirante. Certains vont jusqu'à prétendre que c'est un feu vert pour
continuer des actions "militaires" légitimes, c'est absolument faux. La
raison pour laquelle la cour n'a pas demandé directement et
explicitement un cessez-le-feu, c'est qu'elle traite la plainte de
l'Afrique du Sud contre Israël, la partie palestinienne n'est pas
représentée au procès, la cour ne peut donc pas techniquement ordonner
un cessez-le-feu, qui logiquement devrait concerner les deux
partis. Cependant, les exigences qu'elle a imposé à Israël impliquent
objectivement un arrêt des hostilités. La question est donc très
secondaire.
Les Israéliens se retranchent derrière leur rhétorique frelatée autour
du 7 octobre. C'est un regret exprimé par les Palestiniens, la cour n'a
pas considéré dans son "périmètre" l'ensemble des actes dont les
Israéliens se sont rendu coupables, y compris avant le 7 octobre. On
notera cependant que le mot "fétiche" de la propagande israélienne,
"terroriste", n'a pas été prononcé par la cour concernant la résistance
palestinienne. Les Israéliens, disais-je, prennent prétexte de ce qu'ils
nomment "les massacres du 7 octobre". Je ne reviens pas sur les fables
sordides des "bébés décapités", ni des prétendus violes de masse, non
seulement la presse américaine a démenti ces allégations, après leur
avoir donné crédit, mais on remarque aussi qu'il aurait été très facile
pour les Israéliens de convoquer une enquête internationale, réalisée
par une entité indépendante, pour fournir des preuves crédibles aux yeux
du monde. Au lieu de cela, ce sont des militants sionistes intégristes
qui continuent à propager des récits grotesques qu'on nous demande de
croire sur parole.
J'avais fait un article sur ce sujet en novembre 2023, et toutes les
révélations qui ont suivi n'ont fait que le confirmer. On peut désormais
brosser un tableau assez précis des événements du 7
octobre. Premièrement, la presse occidentale a cherché à dissimuler la
dimension militaire de l'opération palestinienne. C'est d'abord et avant
tout l'armée israélienne qui a subi une défaite retentissante. La
question des civiles a également été totalement éludée par la presse au
profit de comptines macabres. Il faut comprendre que particulièrement
dans les kibboutz, les colonies israéliennes avoisinant Gaza, la
séparation entre civil et militaire n'est qu'une question d'uniforme,
les civils sont armés et organisés pour la défense des lieux, hommes et
femmes. Enfin, il est parfaitement clair et démontré que l'armée
israélienne a tué un nombre considérable de ses compatriotes, en vertu
de la "directive Hannibal".
Dernière arnaque visible dans la presse, certains veulent faire croire
que les ordres de la CIJ à l'état d'Israël sont conditionnés par la
libération des otages du Hamas. C'est évidemment faux.
Les réactions internationales à la décision de la CIJ montrent une fois
de plus l'isolement croissant des pays sous domination des Etats-Unis,
qui s'auto-proclament "communauté
internationale", enfermés dans une rhétorique absurde et minable, qui
consiste à dire : "nous sommes indéfectiblement attachés au droit
international et à la CIJ, c'est pourquoi nous ne respecterons pas le
droit international ni la CIJ". Le quai d'Orsay, ou disons ce qu'il en
reste, a fait un communiqué dans cette veine, la prodigieuse stratégie
diplomatique française consiste désormais à jouer à l'imbécile, à
l'idiot du village qui comprend tout de travers. Vu le niveau du
personnel politique, la bande de pieds nickelés qui entoure leur grand
leader Macron, c'était assez prévisible.
Notre brillant ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné,
avait, à l'Assemblée nationale le 17 janvier, prononcé ces
paroles : « Les mots ont un sens, Madame Obono, et accuser l’état juif
de “génocide“, c’est franchir un seuil moral ». Ce que notre ministre
n'avait pas compris, c'est dans quel sens le "seuil moral" est franchit
avec ces propos. Si l'anti-sémitisme est contraire aux principes
républicains, le philo-sémitisme l'est tout autant. Cet état d'exception
permanent sur une base communautaire a été trop longtemps toléré. Le
résultat est désastreux pour tout le monde, c'est le syndrome de
l'enfant gâté. Même en dehors des questions morales ou idéologiques
concernant le sionisme, force est de constater que la stratégie
israélienne est suicidaire, qu'elle n'est correctement caractérisée que
par les mots "connerie crasse".
Agora Vox
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