lundi 29 janvier 2024

 

Génocide : les masques tombent, les responsables et les complices devront aussi tomber

La décision de la Cour internationale de justice (CIJ), officialisée vendredi 26 janvier 2024 constitue un événement historique majeur, dont les implications dépassent largement le conflit israélo-palestinien.

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J'observe qu'une campagne médiatique coordonnée a été déclenchée afin de tromper l'opinion publique sur la nature et les conséquences de cette décision de justice, parallèlement à de nombreuses tentatives de diversion. En toute logique, on peut s'attendre à des tentatives de discréditer la CIJ elle-même.

J'ai entendu à plusieurs reprises, aussi bien dans des médias français, allemands ou américains, des formules du type : "La CIJ demande à Israël de prendre plus de précautions envers les civils palestiniens". Cet énoncé est totalement faux et volontairement trompeur.

Premièrement, la CIJ ne "demande" pas à Israël, elle ORDONNE à Israël de cesser immédiatement des actes qu'elle a reconnu comme constitutifs de génocide. La cour a été très loin dans ses démonstrations, elle a reconnu que les actes commis par l'armée d'occupation israélienne sont de type génocidaire, non seulement par les faits, mais également par l’intentionnalité. Elle a également ordonné que cessent et soient punis tous les propos constituant des incitations au génocide. Le procès n'est pas terminé, mais sur le fond, la question juridique est déjà tranchée. Pour des raisons techniques, et parce que la justice à le devoir d'examiner les faits de manière exhaustive, le procès peut être long, avant que le verdict définitif ne soit prononcé. La "Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide" prévoit donc des mécanismes qui visent simplement à ne pas attendre qu'un génocide soit terminé et entièrement qualifié juridiquement pour entreprendre des actions afin de le stopper. Nous sommes dans ce cas de figure. La cour a reconnu dans les actions israéliennes 4 des 5 actes constitutifs de génocide, tels que décrits dans l'article II de la convention, à savoir :

 

  • Meurtre de membres du groupe ;
  • Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;
  • Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;
  • Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;

 

Il y a un second point fondamental qu'il faut mettre en lumière concernant la convention. Vous imaginez bien que lorsqu'on a affaire à des individus qui commettent un génocide, c'est-à-dire des fous criminels, on ne compte pas sur eux pour arrêter leurs crimes lorsque la justice le demande. C'est donc l'autre aspect contraignant de la convention : à daté de vendredi 26 janvier 2024, l'ensemble des pays signataires de la convention sont dans L'OBLIGATION de prendre toutes les mesures possibles pour empêcher le génocide, sachant que ces mesures bénéficient d'un statut d'extra-territorialité. Ceci signifie donc que l'état français est dans l'obligation d'agir de manière concrète, sincère et efficace à l'arrêt des actes décrits plus haut, sans quoi les responsables actuels pourront être poursuivis en justice pour non-respect de la convention, et le cas échéant, pour complicité de génocide. Et des poursuites similaires pourront être menées à l'encontre d'individus pour des propos visant à inciter au génocide. Le gouvernement a été très occupé à mettre en place toute sortes de dispositifs pour lutter contre la "haine en ligne", il est désormais légitime, et même moralement obligatoire de se saisir de ces mécanismes pour dénoncer la haine contre les Palestiniens, qui est une incitation au génocide. De plus, lorsque le verdict final sera rendu, et que très probablement l'acte de génocide sera définitivement reconnu, tout individu qui niera ce crime contre l'humanité sera passible des sanctions prévus par la loi dite "Gayssot" de 1990, qui réprime la négation des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité. 

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En tant que citoyen, c'est plus que jamais un devoir moral de soutenir les associations de défense des droits des Palestiniens, qui pourront, avec votre aide, entreprendre les actions juridiques appropriées contre les apologistes du génocide, ou d'éventuels criminels de guerre bi-nationaux.

J'évoquais des "diversions" en introduction, effectivement, tout un baratin, un "hasbaratin" si j'ose dire, c'est immédiatement mis en branle dans les médias pour tenter de détourner l'attention.

L'affaire de l'UNRWA, minable tentative de compromettre une organisation caritative de plusieurs milliers de membres à l'aide de 12 personnes dont les Israéliens ont arraché des aveux grâce à des "techniques d'interrogatoire" très sophistiquées. En français, ils ont été torturés. Piètre contre-feu, typique du caractère minable et sordide des pratiques du pouvoir israélien.

Les questions autour du cessez-le-feu, ou plutôt du fait que la cour ne l'ai pas demandé, sont instrumentalisées de manière totalement délirante. Certains vont jusqu'à prétendre que c'est un feu vert pour continuer des actions "militaires" légitimes, c'est absolument faux. La raison pour laquelle la cour n'a pas demandé directement et explicitement un cessez-le-feu, c'est qu'elle traite la plainte de l'Afrique du Sud contre Israël, la partie palestinienne n'est pas représentée au procès, la cour ne peut donc pas techniquement ordonner un cessez-le-feu, qui logiquement devrait concerner les deux partis. Cependant, les exigences qu'elle a imposé à Israël impliquent objectivement un arrêt des hostilités. La question est donc très secondaire.

Les Israéliens se retranchent derrière leur rhétorique frelatée autour du 7 octobre. C'est un regret exprimé par les Palestiniens, la cour n'a pas considéré dans son "périmètre" l'ensemble des actes dont les Israéliens se sont rendu coupables, y compris avant le 7 octobre. On notera cependant que le mot "fétiche" de la propagande israélienne, "terroriste", n'a pas été prononcé par la cour concernant la résistance palestinienne. Les Israéliens, disais-je, prennent prétexte de ce qu'ils nomment "les massacres du 7 octobre". Je ne reviens pas sur les fables sordides des "bébés décapités", ni des prétendus violes de masse, non seulement la presse américaine a démenti ces allégations, après leur avoir donné crédit, mais on remarque aussi qu'il aurait été très facile pour les Israéliens de convoquer une enquête internationale, réalisée par une entité indépendante, pour fournir des preuves crédibles aux yeux du monde. Au lieu de cela, ce sont des militants sionistes intégristes qui continuent à propager des récits grotesques qu'on nous demande de croire sur parole.

J'avais fait un article sur ce sujet en novembre 2023, et toutes les révélations qui ont suivi n'ont fait que le confirmer. On peut désormais brosser un tableau assez précis des événements du 7 octobre. Premièrement, la presse occidentale a cherché à dissimuler la dimension militaire de l'opération palestinienne. C'est d'abord et avant tout l'armée israélienne qui a subi une défaite retentissante. La question des civiles a également été totalement éludée par la presse au profit de comptines macabres. Il faut comprendre que particulièrement dans les kibboutz, les colonies israéliennes avoisinant Gaza, la séparation entre civil et militaire n'est qu'une question d'uniforme, les civils sont armés et organisés pour la défense des lieux, hommes et femmes. Enfin, il est parfaitement clair et démontré que l'armée israélienne a tué un nombre considérable de ses compatriotes, en vertu de la "directive Hannibal".

Dernière arnaque visible dans la presse, certains veulent faire croire que les ordres de la CIJ à l'état d'Israël sont conditionnés par la libération des otages du Hamas. C'est évidemment faux.

Les réactions internationales à la décision de la CIJ montrent une fois de plus l'isolement croissant des pays sous domination des Etats-Unis, qui s'auto-proclament "communauté internationale", enfermés dans une rhétorique absurde et minable, qui consiste à dire : "nous sommes indéfectiblement attachés au droit international et à la CIJ, c'est pourquoi nous ne respecterons pas le droit international ni la CIJ". Le quai d'Orsay, ou disons ce qu'il en reste, a fait un communiqué dans cette veine, la prodigieuse stratégie diplomatique française consiste désormais à jouer à l'imbécile, à l'idiot du village qui comprend tout de travers. Vu le niveau du personnel politique, la bande de pieds nickelés qui entoure leur grand leader Macron, c'était assez prévisible.

Notre brillant ministre des affaires étrangères, Stéphane Séjourné, avait, à l'Assemblée nationale le 17 janvier, prononcé ces paroles : « Les mots ont un sens, Madame Obono, et accuser l’état juif de “génocide“, c’est franchir un seuil moral ». Ce que notre ministre n'avait pas compris, c'est dans quel sens le "seuil moral" est franchit avec ces propos. Si l'anti-sémitisme est contraire aux principes républicains, le philo-sémitisme l'est tout autant. Cet état d'exception permanent sur une base communautaire a été trop longtemps toléré. Le résultat est désastreux pour tout le monde, c'est le syndrome de l'enfant gâté. Même en dehors des questions morales ou idéologiques concernant le sionisme, force est de constater que la stratégie israélienne est suicidaire, qu'elle n'est correctement caractérisée que par les mots "connerie crasse".

Agora Vox

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