Agriculteurs : réunion entre maquignons à Matignon...
Le 1er ministre a reçu les président de la FNSEA et des jeunes agriculteurs pour travailler à la mise en oeuvre des annonces du 1er ministre lors du mouvement social des agriculteurs. La confédération paysanne et le Modef n'étaient pas invités car minoritaires.
Lors d'une conférence de presse, les deux présidents Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot ont fait état d’une bonne réunion de travail, tout en indiquant qu’ils demeuraient « vigilants car il reste beaucoup à faire ».
Arnaud Rousseau a salué la décision de Bruxelles d’introduire une dérogation sur les 4 % de superficie de chaque exploitation en jachère, laquelle ne sera donc pas obligatoire cette année. Il a aussi rappelé qu’il convenait de faire fonctionner « la construction du prix en marche avant » afin de respecter les orientations de la loi Egalim.
Après avoir évoqué la future loi sur la souveraineté alimentaire que doit présenter le gouvernement, il a parlé d’un rendez-vous mensuel avec ce gouvernement sur la simplification administrative. La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs seront reçus le 20 février par le président Macron, tandis que les syndicats minoritaires le seront dès cette semaine.
Les manifestions de janvier étaient porteuses de revendications sur des prix agricoles, afin de permettre aux paysans de vivre de leur travail. Pourtant, cette question ne fut pas abordée hier soir par Arnaud Rousseau et Arnaud Gaillot dans leur conférence de presse.
Comme les prix du blé et du maïs connaissent une baisse moyenne de 30 % en février 2024 par rapport à février 2023, nous avons demandé au président de la FNSEA, lui-même céréalier, comment ce prix pouvait favoriser la rémunération de producteurs « en marche avant ». Il considère que ce prix fixé dans les salles de cotation ne peut pas être utilisé dans les négociations entre les producteurs et les transformateurs. Pourtant, à deux reprises en 2023, Bruno Le Maire promettait des baisses sensibles sur le prix des pâtes, du pain et des viennoiseries en 2024, suite aux négociations commerciales qui se sont terminées en janvier. Son seul argument portait sur la baisse du prix des céréales réduisant les coûts de production pour les transformateurs.
Par ailleurs, Eric Thirouin, céréalier comme Arnaud Rousseau, mais aussi président de l’Association générale de producteurs de blé et autres céréales (AGPB) de la FNSEA, a écrit que la forte et longue baisse du prix du blé en ces termes : « entre 2021 et 2023, les importations de blé ukrainien dans l’Union européenne ont été multipliées par vingt ». Ces importations sans droits de douane continuent et l’Europe ne cache pas que c’est une manière de soutenir l’effort de guerre de l’Ukraine. Mais la lourde facture est à payer par les producteurs de céréales dans les pays de l’Union européenne.
C’est aussi le cas des éleveurs de volailles en raison de la forte augmentation des importations de poulets ukrainiens depuis 2 ans sans droits de douane. En 2023, ils ont représenté 28 % des importations européennes contre 13 % en 2021, sans que les importations en provenance du Brésil, de la Thaïlande et du Royaume-Uni aient diminué entre ces deux dates. Une invasion qui suscite cette réaction de Jean-Michel Schaeffer, président de la Confédération Française de l’Aviculture, une fédération affiliée à la FNSEA : « nos éleveurs sont en colère. On est en train de détruire leur revenu et leur avenir et aussi notre souveraineté alimentaire ».
Tels sont les effets collatéraux du soutien à l'Ukraine et de la politique libérale de Macron. L'invasion des produits ukrainiens font baisser les prix sur les marchés que l'agrobusiness répercutent aux producteurs qui ne peuvent plus vivre de leur travail alors que les grand groupes de la distribution montent leur prix de vente aux consommateurs qui voient le coût de la vie augmenter alors que les salaires stagnent voire régressent.
Le cas du lait de vache est significatif ! En novembre 2023, alors que les négociations commerciales entre les grandes enseignes et leurs fournisseurs sur les prix d’entrée en magasin pour 2024 commençaient, les importations françaises de beurre avaient augmenté de 6 % par rapport au même mois en 2022, celles de crèmes étaient en hausse de 8 % et celles des fromages de 4 %. Selon l’Institut de l’élevage, qui vient de publier ces chiffres, « les importations de crème et de beurre pourraient être à destination de la restauration hors domicile et des produits de premiers prix vendus en magasin ».
C’est une façon pour les grandes enseignes, de dire aux fournisseurs hexagonaux que la possibilité d’importer permet de se passer partiellement de la production nationale faute d’obtenir des prix bas.
Du coup, Lactalis, N° 1 mondial dans la transformation du lait de vache, a fait passer son prix de base des 1 000 litres de lait de 405 € à 420 € au départ de la ferme en 2024 provoquant la colère des producteurs car cette hausse minimum ne peut couvrir l’augmentation de coûts de production sur douze mois qu'ils supportent. Le Modef réclame lui 500€ considéré comme le minimum pour que les producteurs de lait de vache puissent vivre de leur travail.
Sources Une tribune de Gérard Le Puill publiée dans l'Humanité
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