mercredi 14 février 2024

 

La Russie développe le réseau ferroviaire de l’Eurasie

La Russie développe le réseau ferroviaire de l’Eurasie. Tandis que l’occident global tente de créer partout les conditions de la guerre et d’une crise économique, sociale, environnementale il est tout de même rassurant de mesurer à quel point sa stratégie est impuissante à s’opposer à ce qui nait même si partout, il ne reste plus à l’occident global et à nos gouvernants impuissants qu’à tenter de provoquer guerre, destruction, un autre monde est en train de naître. Ici l’exemple de la manière dont la Russie qui a dû faire pivoter son économie vers l’Asie recrée le continent eurasiatique que les guerres type celle de l’Afghanistan, la création de réseaux terroristes n’arrivent pas à empêcher (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

01jeudiFév 2024

Posted by Groupe Gaulliste Sceaux in Débats,Décryptage,OpinionsEconomieInternational

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Vladimir Mozhegov

« Le développement des corridors de transport est une question très importante. Tous les corridors … augmentent. L’Est – plus 5 % en général, les exportations – plus 7 %. Par ailleurs, le transport avec la Chine se distingue. Vous avez remarqué que le chiffre d’affaires des échanges avec la Chine va augmenter – plus de 200 milliards [de dollars]. Nous le constatons dans le volume du trafic. C’est en ces termes qu’Oleg Belozerov, directeur des chemins de fer russes, a décrit, lors d’une réunion avec le président russe Vladimir Poutine, la croissance du chiffre d’affaires du fret en direction de l’Est d’ici à la fin de 2023.

La croissance des échanges commerciaux entre la Russie et la Chine a depuis longtemps démontré la nécessité d’accroître la capacité des voies ferrées. Cet objectif a été fixé au milieu des années 2010. Mais à cette époque, alors que les principaux intérêts commerciaux de la Russie se situaient en Europe, la direction asiatique semblait d’une importance secondaire. En outre, à l’époque de la mondialisation, le principal flux de marchandises de la Chine vers la Russie passait par la mer, via le canal de Suez et les plates-formes européennes, et non par le rail.

Tout a changé après le lancement du système d’échange de quotas d’émission et l’imposition de sanctions antirusses par l’Union européenne. La connectivité des transports intérieurs par voie terrestre s’est avérée essentielle pour les échanges commerciaux sur le continent eurasien. Les chemins de fer en sont le principal outil.

Au cours des deux dernières années, le réseau ferroviaire russe s’est à nouveau rapidement orienté vers l’est, en direction de la Chine. Les deux autoroutes les plus importantes – le BAM et le Transsibérien – justifient pleinement les fonds énormes consacrés à leur construction depuis l’époque de la Russie impériale. La route terrestre vers la Chine, basée sur le BAM et le Transsibérien, est devenue une artère clé du commerce extérieur russe. Toutefois, la croissance du trafic de marchandises est entravée par un certain nombre de contraintes objectives. La Russie les surmonte avec tous ses voisins de l’Est en développant son réseau ferroviaire.

Voies existantes

À l’heure actuelle, les communications ferroviaires entre la Russie et la Chine s’effectuent le long de cinq itinéraires principaux. Ces itinéraires sont les suivants

  • le transit par le Kazakhstan
  • le transit par la Mongolie ;
  • la traversée du territoire chinois à la ville de Zabaikalsk (branche du Transsibérien) ;
  • pont ferroviaire sur le fleuve Amour au point de passage de Nizhneleninskoye-Tongjiang (ouvert au printemps 2022) ;
  • passage à niveau à Ussuriysk près de l’extrémité orientale du Transsib.

La mise en service du pont sur l’Amour a immédiatement multiplié par cinq le trafic de marchandises dans cette direction. Selon Kirill Dmitriev, directeur du Fonds russe d’investissement direct, qui a financé le projet, dans un avenir proche, cette direction représentera 10 % du chiffre d’affaires total du fret russo-chinois.

À cela s’ajoute le passage de la ville russe de Blagoveshchensk à la rive chinoise du fleuve Amour – à la ville de Heihe. Un pont autoroutier sur le fleuve a été inauguré en mai 2022. Des voies ferrées s’approchent du poste-frontière des deux côtés de la frontière, de sorte que ce point de contrôle est déjà devenu très important pour le trafic de marchandises entre les deux pays.

Les possibilités de développer le transit de marchandises chinoises par le Kazakhstan ont été épuisées en 2021, lorsque plus de 15 000 trains ont été envoyés de Chine au Kazakhstan, puis en Russie et en Europe. L’augmentation de la capacité des itinéraires ferroviaires alternatifs est d’une importance capitale.

C’est pourquoi la modernisation du BAM et du Transsibérien est devenue l’un des principaux projets d’infrastructure du pays. Cependant, nous ne parlons pas seulement de l’expansion des autoroutes vers les ports de l’Extrême-Orient russe, mais aussi du début de la formation d’embranchements à partir de ces autoroutes, y compris à l’extérieur de notre pays. En d’autres termes, la création d’un réseau de transport intra-eurasien à part entière. Il permettra d’assurer la connectivité globale de l’ensemble du continent par des voies terrestres.


Projets de développement du réseau ferroviaire

La capacité du poste frontière ferroviaire de Zabaikalsk est actuellement en cours d’extension – elle sera portée à 32 paires de trains par jour. Il est prévu de construire un deuxième poste frontière ferroviaire vers la RPC à Starotsuruhaitui, situé à l’est. Il est également prévu de moderniser le poste frontière Solovyevsk-Erentsav vers la Mongolie, ce qui créera une autre voie de transit vers la Chine à travers ce pays.

La construction du chemin de fer Lesozavodsk – Hulin dans le kraï de Primorsky est à nouveau à l’ordre du jour. Elle pourrait être demandée pour les cargaisons chinoises devant être acheminées par la route maritime du Nord.

Il est également prévu de rouvrir le poste frontière Dzhalinda – Mohe dans la région de l’Amour. Dzhalinda est relié au chemin de fer transsibérien par la station de jonction de Skovorodino, qui est elle-même reliée au BAM.

L’augmentation des livraisons de produits russes à la Chine rend nécessaire de penser non seulement à la modernisation des anciennes routes, mais aussi à la mise en place de nouvelles routes. En octobre 2023, la Russie a annoncé son intention de construire deux nouvelles voies ferrées vers la Chine.

L’un d’eux partira de Kyzyl pour rejoindre la Mongolie, où il se divisera en deux parties : la branche orientale ira jusqu’à Erlian et la branche occidentale jusqu’à Urumqi. Le second partira de Biysk (territoire de l’Altaï) et rejoindra également Urumqi. Selon les spécialistes, ce projet est d’une ampleur comparable au BAM, mais le délai de mise en œuvre est beaucoup plus court. La construction de ces autoroutes est incluse dans le plan de mise en œuvre de la stratégie de développement socio-économique du district fédéral de Sibérie jusqu’en 2035.

La République populaire de Chine a déjà réalisé une grande partie des travaux de construction de sa section de la ligne Biysk – Urumqi. Wang Wen, doyen exécutif de l’Institut d’études financières Chongyang de l’Université populaire de Chine (RDCY), affirme que « le nouveau chemin de fer contribuera de manière significative au développement régional de la Russie et de la Chine ». Actuellement, le centre de gravité de l’économie russe se situe à l’ouest de l’Eurasie, tandis que le centre de gravité économique de la Chine se trouve à l’est du continent. Le chemin de fer jouera un rôle important dans le rééquilibrage du développement économique des deux pays ». En d’autres termes, l’ouest de la Chine et l’est de la Russie bénéficieront d’un élan de développement supplémentaire grâce aux nouvelles liaisons ferroviaires.

Ensemble avec les partenaires

La Chine et la Russie ne sont pas les seules à construire activement des chemins de fer le long de cet axe. Par exemple, des préparatifs sont en cours pour construire une voie ferrée allant du nord-est du Kazakhstan au nord-ouest de la Mongolie, en passant par la région autonome ouïgoure du Xinjiang (XUAR) de la République populaire de Chine.

En outre, en 2022, Alexei Shilo, directeur adjoint de JSC « Russian Railways », a déclaré qu’ »avec des partenaires kazakhs, nous travaillons sur le projet d’une nouvelle ligne ferroviaire Ayagoz – Bakhty avec un nouveau point de contrôle à la frontière kazakho-chinoise ». Et avec la Mongolie, « nous travaillons à la reconstruction de la ligne Solovyevsk – Choibalsan, et de là, à la construction d’une nouvelle ligne jusqu’à la frontière entre la Mongolie et la Chine ».

En septembre 2023, le directeur des chemins de fer iraniens, Miad Salehi, a déclaré que l’Iran préparait « les bases d’une augmentation du volume du trafic ferroviaire de marchandises vers la Chine ». Il est prévu que le transit ferroviaire passe par le poste frontière de Sarakhs, à la frontière entre l’Iran et la Turkménie. Il ne fait aucun doute que ce bond sera également garanti par l’achèvement d’un autre axe ferroviaire clé dans la région : le corridor entre l’Azerbaïdjan et l’Iran le long de l’axe Resht-Astara. La construction de cet embranchement devrait débuter prochainement. Ce tronçon constituera le dernier fragment du corridor de transport international Nord-Sud.

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La coopération entre la Russie et la Chine dans le développement du réseau ferroviaire montre clairement le degré de rapprochement économique entre Moscou et Pékin. Tant qu’il s’agissait principalement du transit de marchandises chinoises vers l’Europe, des lignes ferroviaires latitudinales ont été développées. Mais aujourd’hui, alors qu’une intégration plus poussée des économies des deux pays est à l’ordre du jour, il est devenu nécessaire de compléter les lignes latitudinales par un réseau plus dense. L’inclusion d’autres pays membres des BRICS et de l’OCS dans ces processus renforce encore la position géopolitique de la Russie. Le réseau ferroviaire à grande échelle en cours de création confirme le statut de la Russie en tant que centre d’intégration de l’Eurasie.

VZ

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