La farce politique tourne à la tragédie sociale
C’est avec la tête basse que Hollande a quitté le pouvoir, pour le confier à Macron. Ce dernier s’est dit socialiste, puis a nié être socialiste. Il s’est dit d’abord ni de droite ni de gauche pour revendiquer ensuite être de droite et de gauche. Dans son opus écrit en 2016 relatif à la présidence de Hollande, Valery Chartier parle de farce politique. Avec Macron, la farce tourne à la tragédie sociale. Si Hollande a donné à sourire avec ses maîtresses successives, Macron reste un personnage équivoque qui inquiète.
Une farce politique à lire, si ce n’est pas déjà fait, « La Droite d’après. La gauche décomplexée », écrite par Valery Chartier et publiée en 2016 (Fakir éditions, décembre 160 pages, 10 euros, ean : 9782369210146). Sur la couverture de l’ouvrage, Hollande apparaît en Che Guevara. Sur la une du quotidien Libération du 11 mai 2015, la Une était déjà illustrée à l'aide d'un montage mélangeant le portrait de Hollande à celui de l'illustre révolutionnaire. "Je ne ressens aucune filiation avec lui", a toutefois assuré sérieusement l’ex-locataire de l’Elysée. Nous n’en avons jamais douté ! C’était déjà de la dérision sur ce quinquennat qui a été une mauvaise farce faite à la Gauche ! Hollande avait déclaré la guerre au monde de la Finance et donc des riches. S’il s’est affirmé fier d’être socialiste, c’était pendant la campagne électorale de la Présidentielle de 2012. Quel socialiste s’est-il révélé être ? Un socialiste qui renonce aux valeurs de la gauche, un socialisme au ventre mou. Il a tout promis : notamment en finir avec la souffrance au travail et le chômage. Sous les tapis rouges de l’Elysée, il laisse, en partant, un million de souffrances supplémentaires et les conséquences sociales de la loi Travail. Il a confié la clé à la droite extrême si proche de l’extrême-droite en embuscade. Imaginez, s’il avait tenu ses promesses ! De ses promesses, il ne reste que des éléments de langage que les survivants du PS veulent nous servir comme menu des lendemains de gueule de bois.
C’est avec la tête basse que Hollande a quitté le pouvoir, pour le confier à Macron. Ce dernier s’est dit socialiste, puis a nié être socialiste. Il s’est dit ni de droite ni de gauche pour revendiquer ensuite être de droite et de gauche. Dans la réalité, il représente la droite décomplexée et vient de faire son coming out politique dans le discours de politique générale lu par son jeune premier casé à Matignon. Pendant cinq ans, Valéry Chartier a fait un rêve : que la « gauche de gouvernement » soit de gauche, résolument décomplexée. Que François Hollande lutte contre notre adversaire, la Finance, qu'il démantèle les paradis fiscaux, que les intégristes libéraux soient déradicalisés. C’est de l’humour, bien sûr, et on jubile de l’outrance. Mais cette parodie est aussi à prendre à sérieux : elle rouvre un imaginaire de gauche. Avec un programme : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace. Les cinq années d'avant, Valéry Chartier avait fait un autre rêve qui est notre cauchemar à venir : que la droite soit de droite, résolument décomplexée. Mais là, euh, c'est la réalité. Du recueil de mensonges de l’Elysée, Fakir a tiré une farce désopilante illustrée de fausses déclarations justes, de mesures que Hollande aurait pu justifier, comme réduire les dividendes de la rente et les salaires indécents des patrons du CAC 40. Hollande a fait un autre choix en commençant le détricotage du code du travail. Il paraît qu’il ne faut pas s’attaquer aux dividendes pour ne pas tuer l’investissement. Macron est le prolongement de ces cinq années de non-socialisme auxquelles il a activement participé, en aggravant la politique résolument antisociale qui a permis aux « très riches » de s’enrichir comme jamais. La crise profite au monde de la finance et à la rente.
En 2017, c’est le vote républicain qui l’a emporté au deuxième tour contre Marine Le Pen. En 2022, Macron n’a même pas eu besoin de faire campagne. C’est encore le vote républicain qui l’a emporté contre Marine Le Pen. Que va-t-il se passer en 2027. On sent bien que l’on nous prépare le même scénario. On dédiabolise le Rassemblement National. On divise la gauche et on diabolise les Insoumis. Dans la dernière ligne droite, on agitera l’épouvantail de l’extrême-droite. Toutefois, pour l’heure, Macron ne peut briguer un troisième mandat consécutif. D’aucuns pensent qu’il va essayer de s’ouvrir la possibilité d’un troisième mandat. D’autres lui prêtent des ambitions européennes, tout en se cherchant un clone à propulser pour les prochaines élections présidentielles. La grande majorité ne le voit pas abandonner le pouvoir et se retrouver à la merci de poursuites comme c’est le cas pour Sarkozy, devenu son conseiller et ami politique. Pour cela, son mouvement « En marche » devenu « Renaissance » doit trouver un leader charismatique si ce n’est pas Macron lui-même qui prend les affaires en main. Il faut dire qu’il est difficile de ne pas lier ce mouvement à Macron dont l’égo est surdimensionné. « En Marche » reprend ses initiales E.M. Quant à renaissance, il retrouve son rôle d’épouvantail joué à 15 dans la pièce « La comédie du langage » choisie par sa professeure de théâtre devenue son épouse. Sur une vidéo, on voit Macron déambuler sur scène en déclamant : « Ah !... Qu’il est bon de renaître ! ».
Ah, qu’il est bon de renaître ! Les mots de Jean-Louis Tardieu résonnent comme une mélodie douce, une invitation à célébrer la vie et à embrasser chaque nouveau départ. Dans ce cycle infini de naissance et de renaissance, nous trouvons la promesse d’espoir et de renouveau. Les saisons changent, les feuilles tombent, mais la vie persiste, se régénérant sans cesse. Alors, renaître, c’est peut-être se libérer des fardeaux du passé, des regrets et des ombres qui nous ont enveloppés. C’est se lever avec une nouvelle lumière dans les yeux, prêt à explorer, à aimer, à créer. Jean-Louis Tardieu, poète et philosophe, nous rappelle que chaque instant est une chance de recommencer, de réinventer notre histoire. Alors, laissons-nous porter par cette douce brise de renaissance et écrivons notre propre poème sur les pages vierges du temps. Quelle interprétation en a fait Macron ? Notre Jupiter reconverti en Vulcain se prend pour un Dieu. Il n’est ni un poète , ni un philosophe. La philosophie, Macron l’aurait côtoyée en assurant des tâches de secrétariat pour le compte de Paul Ricoeur qui travaillait sur « La Mémoire, l'Histoire, l'oubli », dans les dernières années de sa vie.
En 2016, lorsque Macron est interrogé sur son engagement politique à venir. A la question du journaliste : « Vivez-vous cela comme une mission ? », il a répondu par l’affirmative et dans une longdans le champ politique, je vis ça comme une mission ». « Il y a une dimension de spiritualité ? » relance alors le journaliste, derrière la caméra, Pierre Hurel. Réponse d'un Macron habité : « Il y en a une. Et en tout cas la conviction qu'il existe une transcendance, oui. Quelque chose qui dépasse. Qui vous dépasse. Qui vous a précédé, et qui restera. » ( Un premier documentaire sur Macron a été diffusé le 21 novembre 2016 sur France 3, la Stratégie du météore et un autre « Ainsi soit Macron » a été diffusé sur la même chaîne au lendemain du second tour de l'élection présidentielle, en mai 2017).
Ne nous y trompons pas ! Macron n’est pas un philosophe, bien qu’il fasse étalage de son lien fugitif avec Paul Ricoeur. Un philosophe ne peut pas se prendre pour un Dieu. Le « en même temps » n’est pas un concept philosophique nouveau mais plutôt un attrape-couillon. Macron abuse de quelques notions de philosophie pour mettre du vernis sur son cynisme et son hypocrisie. Il avait écrit, paraît-il, un mémoire sur Macchiavel et Hegel. Tout un programme ! Sa renaissance est celle de la métempsychose. La réincarnation successive de la droite la plus réactionnaire. Avec lui, renaissent les privilèges et même le spectre du Pétainisme. Sa mission n’est pas messianique. Elle est celle que lui ont assignée ceux qui l’ont porté au pouvoir à grand renfort de propagande et de contributions financières.
Dans son opus, Valery Chartier parle de farce politique. Avec Macron, la farce tourne à la tragédie sociale. Si Hollande a donné à sourire avec ses maîtresses successives, Macron reste un personnage équivoque qui inquiète. On a compris qu’il avance masqué. Il est de droite et de plus en plus à droite. Sa stratégie a évolué. Il reprend les idées de l’extrême-droite. Il a divisé le parti socialiste dont i n’a plus rien à craindre. Il lui reste à diviser les Républicains et à récupérer les électeurs de l’extrême-droite. Pendant les trois ans qui lui restent, il va beaucoup communiquer, tout en continuant son travail de sape des institutions, de la fonction publique et des acquis sociaux. Comme l’a annoncé son jeune Premier de Matignon, il va désmicardiser, déréglementer, déverrouiller, débureaucratiser… et dans la foulée décongépayétiser, déretraitiser, déprotéger… détruire tout ce qui a été construit et acquis en plusieurs générations.
Dans son opus « L’espoir », André Malraux a écrit : « Pour l'intellectuel, le chef politique est nécessairement un imposteur puisqu'il enseigne à résoudre les problèmes de la vie en ne les posant pas ». Macron occulte les problèmes du quotidien. Il ne résout rien mais au contraire dévoie tout ce qu’il dit résoudre. Il abuse de la comédie du langage et d’une dialectique trompeuse pour imposer une régression sociale. Il n’arrive cependant pas à déguiser son pédantisme ou sa morgue. Sa personnalité narcissique et autoritariste n’est plus supportable pour celles et ceux qui croient à la démocratie.
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