APRÈS LES AVEUX D’ÉLIANE HOULETTE LE BAL DES HYPOCRITES
Le spasme qui a saisi le monde politique après les déclarations de l’ancienne patronne du PNF devant la commission parlementaire d’enquête est finalement très amusant.
Tout
le monde savait que le raid judiciaire contre Fillon était une
opération savamment préparée, et exécutée avec zèle par des magistrats
parfaitement d’accord pour la mettre en œuvre. Depuis trois ans, en
dehors de quelques aboiements, dont ceux de votre serviteur, quelques
contritions discrètes (Davet et Lhomme, Marc Endeweld), tout le monde a
fait semblant. Il n’est que de voir l’absence de réaction dans la
presse, face aux réquisitions, surprenantes de sévérité du
PNF à l’audience du procès Fillon. Comme d’ailleurs à toute l’attitude
du parquet pendant son déroulement, alors que sautait aux yeux
l’évidence du seul objectif, justifier la violence procédurale du
printemps 2017, pour parer à l’accusation d’instrumentalisation de la
justice à des fins politiques. Dont on sait bien sûr qu’elle est
parfaitement fondée.
Alors livrons-nous à un petit passage en revue des différentes réactions.
Le réveil des LR
Les
LR se réveillent d’un long sommeil sur cette question, alors qu’ils
étaient parfaitement au courant depuis le premier jour de l’existence de
l’opération visant à disqualifier leur candidat et à permettre
l’élection de Macron. Un mélange de lâcheté, d’envies d’aller à la soupe
et d’aversion pour François Fillon, ont abouti à l’instauration d’un
pieux silence. Dont ils sortent aujourd’hui, sentant Macron affaibli et
soucieux de redorer leur blason comme ils l’ont fait en s’opposant
victorieusement quoique tardivement à la loi scélérate Avia (tant mieux,
et merci à eux quand même). Alors, bardés de fausse ingénuité, ils font
semblant de découvrir la lune avec les déclarations d’Éliane Houlette,
et enfoncent vaillamment des portes ouvertes.
Jean-Luc Mélenchon a compris
Pendant
la campagne de l’élection présidentielle de 2017 Jean-Luc Mélenchon
n’écoutait pas les conseils de prudence dans le maniement des
informations données par la presse à l’aide des fuites ciblées de
l’enquête, puis de l’instruction. Ses partisans et lui n’hésitaient pas à s’en servir à l’encontre de leur concurrent LR.
C’est
aujourd’hui une autre chanson, car entre-temps, le patron de LFI a
goûté à l’instrumentalisation politique de la justice en se faisant
appliquer le même genre de traitement. Et douloureusement surpris, a
trouvé cela passablement désagréable, et donc changement de discours et
prise en compte du réel. Le voilà qui nous dit : « Il
y a eu un effet de meute. Il est clair que sa liquidation politique a
servi l’ascension de monsieur Macron. C’est de la grossière manipulation ». Carrément ?
Socialistes et éditocrates, Joffrin porte-parole
Il
est nécessaire de faire un lot commun dans la description du
comportement des socialistes et des journalistes soutiens indéfectibles
d’Emmanuel Macron.
D’abord
parce que ce sont les mêmes et ensuite parce que ce sont eux qui ont
été à la manœuvre. Les uns organisant et soutenant la manipulation, les
autres la relayant dans un invraisemblable bombardement médiatique. Ils
auraient du mal à prétendre que c’était pour soutenir Benoît Hamont
candidat officiel du PS !
Non
non, c’était bien Macron qu’ils voulaient. Le problème, c’est que les
Français en ont fait l’expérience depuis, et allez savoir pourquoi, ils
ont quand même l’impression d’une superbe erreur de casting. Alors,
beaucoup rasent les murs, mais pas Laurent Joffrin comme d’habitude qui
s’y colle dès qu’il faut afficher son ignorance et déployer sa mauvaise
foi. Et comme d’habitude toujours, on n’est pas déçu. Il défend bec et
ongles la fable et révèle en creux sa conception de la démocratie. « On
parle «d’instrumentalisation», de «forfaiture», de «cabinet noir» et on
regonfle le mythe d’une «élection volée» qui aurait privé un Fillon
blanc comme neige de son ticket d’entrée à l’Elysée. »
Mais
dites donc Monsieur Joffrin, vous savez bien que ce n’est pas le
principe même d’une procédure à l’encontre de François Fillon qui pose
un problème, mais la façon dont elle s’est initialement déroulée. Dont
vous ne dites pas un mot. Le caractère exceptionnellement fulgurant à ce
moment-là, à un rythme que je n’ai JAMAIS VU en 48 ans de carrière, à
partir, non d’un réquisitoire, d’une plainte, ou d’un signalement
article 40 mais d’un article de journal opportunément publié à quelques
semaines du scrutin, tout ça ne vous dérange en rien ?
La
violation des règles de la loi sur le secret de l’enquête, probablement
par des gens liés à celle-ci, pour que des pièces de la procédure
habilement sélectionnées paraissent dans la presse avant même qu’elles
soient « côtées » dans le dossier judiciaire, pour vous tout va bien ?
Aucun problème quand la loi devient à géométrie variable, et que des
fonctionnaires violent leurs obligations légales et par conséquent leur
serment sous votre nez. Ces délinquants-là seraient donc « blancs comme
neige » ?
Et
puis on voit en creux l’argument, tant de fois entendu, d’une
culpabilité affirmée concernant François Fillon qui aurait justifiée
qu’on l’écarte de la course à la présidence dont il était le favori.
Jolie conception de la séparation des pouvoirs que cette présentation
des choses qui trouve normal qu’en déclenchant une procédure judiciaire
ultrarapide et en la mettant en scène dans un grand tintamarre
médiatique illégalement organisé, ce soient les procureurs qui désormais
choisissent qui peut se présenter à l’élection la plus importante de la
république.
Dans une démocratie normale, c’est le juge du fond après un débat contradictoire dans le respect des règles qui peut décider d’infliger la peine complémentaire d’inéligibilité.
En
revanche, Laurent Joffrin ne voit aucun inconvénient à ce que l’affaire
Arif qui jetait un drôle d’éclairage sur les conditions financières de
la campagne de hollande en 2012, dorme paisiblement du sommeil de
l’injuste depuis plus de six ans, celle de Ferrand depuis trois ans.
Benalla bien sûr, El Guerraj et toutes les autres quand, d’enlisements
en classements sans suite, on épargne soigneusement la macronie.
Il
n’a aucun souci quand la procédure jumelle contre le ministre
socialiste de l’intérieur de Hollande Bruno Le Roux à qui l’on
reprochait les mêmes faits qu’à Fillon, est silencieusement encalminée
depuis plus de trois ans.
La défense de Fillon et « les magistrats en campagne »
Un
des avocats de François Fillon, vient nous dire aujourd’hui que pendant
l’information judiciaire, il avait eu l’impression d’être devant, non un magistrat instructeur, mais devant un militant. On veut bien le croire, mais on va peut-être quand même s’interroger sur cette prise de conscience tardive.
Car
en effet, c’était le même magistrat qui avait instruit la procédure
diligentée à l’encontre de Nicolas Sarkozy pour le règlement par l’UMP
en 2012 de l’amende fixée par le Conseil constitutionnel pour le
dépassement des comptes de campagne.
À
ce moment-là l’instruction complètement à charge et les mises en examen
multiples du « magistrat militant » n’avaient pas beaucoup gêné
François Fillon alors à la tête de l’UMP, qui avait été les solliciter de Jean-Pierre Jouyet alors secrétaire général de l’Élysée sous François Hollande. Dites Monsieur Fillon, un « magistrat en campagne », un coup c’est bien, un coup c’est mal, c’est ça ?
Macron veut qu’on vérifie…
Emmanuel Macron quant à lui fait très fort. Il a annoncé à grand son de trompe qu’il avait saisi le Conseil Supérieur de la Magistrature pour vérifier « l’indépendance de l’enquête ».
On a bien entendu, Emmanuel Macron ne parle pas « d’impartialité » mais « d’indépendance ». Pardi, la procédure a bien été « indépendante »
parce qu’il n’y avait nul besoin de pressions sur Éliane Houlette pour
qu’elle lance soigneusement le premier étage judiciaire du missile
anti-Fillon.
Le
juge d’instruction Serge Tournaire du pôle financier allumera le
second, et ce sera suffisant pour sortir Fillon de la course et ouvrir
un boulevard à Macron. Et nul besoin non plus, d’ordres de la
chancellerie ou de l’Élysée pour que Catherine Champrenault apporte tous
ses soins à l’opération.
La
duplicité de cette annonce présidentielle fait sourire. C’est comme si
après l’assassinat de Jules César aux ides de mars 44 avant J.-C.,
Brutus avait demandé au Sénat romain de « vérifier » son innocence dans le complot et le meurtre de son père adoptif.
Des magistrats un peu gênés
Il
y a enfin des magistrats, dont beaucoup sont bien embêtés, qui
rappellent les grands principes, se réfugient dans le déni, ou bien
essayent une fois de plus de faire avancer la mauvaise cause de
l’indépendance du parquet.
Et
puis, ceux qui accusent les copains histoire de se défausser de leur
responsabilité dans la manipulation du printemps 2017. Dont, on ne sait
jamais, il faudra peut-être un jour rendre des comptes.
Et
c’est dans ce contexte que cette séquence se produit, lancée par ce qui
ressemble aussi à un règlement de compte entre deux magistrates
engagées et semble-t-il en rivalité. On rappellera quand même par
méchanceté pure, qu’elles ont été toutes deux choisies et nommées par
François Hollande. Les méchantes langues gratifient même Catherine Champrenault d’une grande proximité avec François Hollande et Ségolène Royal.
L’instrumentalisation
politique de la justice pour disqualifier le favori de l’élection
présidentielle de 2017 est une évidence depuis trois ans.
L’épisode
consécutif aux déclarations de Madame Houlette ne fait que confirmer ce
que l’on savait déjà. Mais dévoile la nature du consensus qui avait
tenu à jeter un voile pudique sur la manipulation antidémocratique qui
avait permis à Emmanuel Macron d’arriver au pouvoir.
2 commentaires:
Bonjour Pedrito
Bon sang mais il insiste ce bougre de De Castelnau!!un gars de droite qui défend son Fillon? Ou alors un qui fait semblant de ne pas savoir que les règles concernant les magouilles fiscales venaient de changer? Si la justice n avait pas été rapide les fautes de Fillon tombaient sous le coup de la prescription. Et alors tout le monde aurait été ravi? Non au contraire si Fillon gagnait l élection ON METTAIT UN DELINQUANT, EN COL BLANC CERTES, MAIS UN DELINQUANT TOUT DE MEME AU POUVOIR. Vue la crise de confiance actuelle vis à vis des institutions et notamment des politiques De Castelnau croit il que cela aurait été mieux?
S il veut dire que ,contrairement à la période des années 60/70 où c'était les politiques qui avaient une main prégnante sur la justice, et que de nos jours c est plutot l'inverse, on ne peut pas dire que c est faux; mais alors qu il le dise autrement sinon il se ridiculise en perdant toute crédibilité comme un militant filloniste entêté, obtus et stupide qu il est?...ou pas? Patrick Sabatier 13300
Bonjour Pedrito
Eric Ciotti souhaite que son groupe à l assemblée nationale dépose un projet de loi pour supprimer le PNF. Encore un (mais ce n est pas étonnant de sa part) qui souhaite que les délinquants en col blanc parviennent au pouvoir, y compris à la plus haute marche nationale.
De Castelnau/ Ciotti même combat!!?? Une HONTE!! Patrick Sabatier 13300
Enregistrer un commentaire