mardi 19 juillet 2022

 

Venezuela : Qu’il est difficile de faire un coup d’état ici !

17 Juillet 2022, 17:32pm

Publié par Bolivar Infos

Par Geraldina Colotti

 

Hypocrites et payés. Ainsi, avec la la polémique habituelle qui le caractérise, le président du parlement Vénézuélien, Jorge Rodriguez, a stigmatisé les médias hégémoniques qui sont surpris par les déclarations de John Bolton. L’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump (entre 2018 et 2019) a admis que le Gouvernement des États-Unis «a aidé » à faire des coup d’Etat dans d’autres pays en répondant à la question d’un journaliste de CNN, Jake Tapper, sur l’attaque du Capitole, le 6 janvier 2021 : ça n’a pas été un coup d’Etat, a-t-il dit, « croyez-moi, je sais ce que c’est qu’un coup d’Etat, je veux dire, pour avoir aidé à en organiser, pas ici mais dans d’autres pays. » Pour préparer un coup d’Etat, a-t-il ajouté, « il faut beaucoup de travail » alors que Donald Trump n’a rien fait de plus que sauter d’une idée à l’autre jusqu’à finir par pousser les responsables des troubles au Capitole. »

 

En ce qui concerne les interventions dans d’autres pays, aussi bien revendiquées auparavant par des fonctionnaires étasuniens comme Hillary Clinton dans son livre sur le coup d’Etat contre Manuel Zelaya au Honduras que prouvées des années après par des documents déclassifiés comme l’intervention de la CIA contre Salvador Allende au Chili, Bolton est resté vague. Mais il a évoqué le Venezuela : les tentatives de déstabilisation contre le Gouvernement de Nicolas Maduro qui se sont achevées avec l’opération Gédéon 2020. En mai 2020, un groupe de mercenaires de Colombie a tenté de débarquer sur les côtes vénézuéliennes mais a été repoussé par la réaction des pêcheurs organisés dans le pouvoir populaire, assistés par la Force Armée Nationale Bolivarienne.

 

L’objectif des paramilitaires qui comprenaient deux anciens « marins » était d’arriver à la capitale, Caracas, d’enlever le président Maduro avec le soutien aérien des forces étasuniennes et putschistes locales et d’éliminer un grand nombre de dirigeants chavistes. Il faut rappeler qu’à ce moment-là, Trump, dans une escalade de délire néocolonialiste, en est arrivé à mettre à prix la tête de Maduro et d’autres dirigeants chavistes.

 

La récompense de plusieurs millions, comme l’ont démontré plus tard les putschistes réfugiés à Miami (en perpétuelle dispute entre eux pour le partage du butin) dans plusieurs reportages, avait suscité de gros appétit comme au temps du Far-West. Les plans mercenaires ont été découverts et diffusés après l’arrestation d’un groupe d’ envahisseurs appartenant à une entreprise de sécurité privée chargée de protéger les activités politiques de Trump.

 

«J’ai écrit sur le Venezuela dans mon livre mais cette tentative n’a pas réussi. J’ai vu ce qu’il fallait faire pour que l’opposition essaye de renverser un Gouvernement élu illégitimement, » a dit Bolton. Tant d’efforts pour rien, a-t-il admis, en rendant encore hommage au gros travail réalisé pour exporter la démocratie étasunienne. Des efforts perdus parce que, a dit la haute fonctionnaire Carrie Filipetti dans une longue et éclairante interview accordée à la BBC, les cercles militaires n’ont pas trahi Maduro et les estimations suggérées par la droite putschiste n’ont pas permis une stratégie efficace.

 

Filipetti a été sous-secrétaire d’État pour le Venezuela et Cuba sous la présidence de Trump, à la tête d’une commission permanente (d’ingérence). Dans cette interview, elle raconte le jour de l’auto-proclamation de l’obscur député Juan Guaido, catapulté au rang de « président par intérim » du Venezuela. Et ensuite elle explique en détail bien qu’avec certaines omissions qui contredisent ce qu’ont dit publiquement Bolton ou Marc Esper, l’application criminelle et le véritable but des mesures coercitives unilatérales ainsi que du vol des actifs du Venezuela à l’étranger : pour permettre que leur pantin répartisse certaines prébendes, étant donné qu’il était impossible d’administrer les ressources de l’État et ainsi maintenir leur pantomime de « Gouvernement » virtuel.

 

L’impérialisme, par conséquent, a dû admettre que le principal moteur de la Révolution Bolivarienne, l’union civile et militaire construite par Chavez et renouvelé pendant deux mandats par Nicolas Maduro, n’a pas échoué. Malgré leurs attaques multiples et leurs millions, le seul facteur que l’impérialisme n’a pas pu estimer a été la conscience de classe et l’organisation qui a résisté contre vents et marées. La cohésion politique, la fermeté sur les principes ancrée dans l’histoire anticoloniale et révolutionnaire, le bilan des tentatives révolutionnaires destinées à renverser les « démocraties camouflées » de la IVe République et non les pressions des corporations déguisées en fausses alternatives « anti-système » et la « fin des idéologies » sont les facteurs qui provoquent le véritable changement. En revanche, comme nous le voyons avec tristesse en Europe et en particulier en Italie où le mot « communisme » est devenu imprononçable, la propagande guerrière désoriente les consciences et les cerveaux.

 

«Ils sont tellement habitués à compter les traîtres qu’ils ne peuvent concevoir une réalité différente, » a dit Jorge Rodriguez en se moquant de la description des efforts réalisés pour organiser la déstabilisation du pays faite par Bolton et Filipetti : « Ils semblent décrire le travail d’un volontaire, d’un écologiste, d’un travailleur social alors qu’ils organisent l’assassinat d’êtres humains, » a dit le président du Parlement. Et le député Pedro Infante a ajouté : « L’impérialisme yankee, les faucons du Gouvernement aussi bien républicain que démocrate poursuivent la politique d’agression qui s’est perpétuée contre notre peuple pendant plus de deux siècles. Mais Aujourd’hui, notre peuple crie : loyaux toujours, traîtres, jamais. Nous continuerons à vaincre. »

 

Carrie Filipetti, qui aujourd’hui continue à stimuler la « démocratie » à la tête de l’ONG Vandenberg, s’étend aussi sur les deux derniers voyages des délégations nord-américaines au Venezuela et souligne le rôle du faucon James Story, ambassadeur en Colombie et sur les plans des États-Unis concernant les prochaines élections présidentielles de 2024 au Venezuela. Elle se plaint que le Gouvernement Biden oscille, dans la situation du conflit en Ukraine, entre son intérêt à obtenir le pétrole du Venezuela que seul le président légitime Maduro peut garantir et une obsession de renversement en continuant à aider la bande de voleurs peu fiable dans laquelle les États-Unis ont investi.

 

Pendant ce temps une lettre des membres de la famille des mercenaires arrêtés au Venezuela et de certains hauts fonctionnaires de l’entreprise CITGO (succursale de PDVSA aux États-Unis) condamnés pour espionnage et corruption, a été rendue publique. Les membres des familles proposent d’échanger des détenus étasuniens avec le diplomate vénézuélien Alex Saab enlevé et déporté illégalement aux États-Unis et avec les neveux de Cilia Flores, députée, dirigeante chaviste et femme de Maduro, arrêtés aux États-Unis sous prétexte de trafic de drogue. Ils exigent aussi l’allégement des « sanctions » et accusent James Story de saboter les négociations.« Story plus que Maduro a été le gros obstacle pour que mon frère rentre à la maison, » a écrit Marc Denman, frère de Luc Denman, l’un des mercenaires capturés lors de l’opération Gédéon ratée. Le journaliste et politologue John Sweeney a également critiqué la délégation de Biden sur ses réseaux sociaux et dénoncé Roger Cartens et Story comme les saboteurs de la négociation. « L’accord obtenu avec le président Nicolas Maduro, a écrit le journaliste, a été annulé par le président lui-même au dernier moment à cause d’une réunion qu’ont eu James Story et Juan Guaido, l’ancien député complice du vol de CITGO, parallèlement aux conversations.»

 

Hypocrites et payés, les médias hégémoniques. À présent obligés de parler de l’opération Gédéon qu’ils se sont consacrés à démentir en discréditant le Gouvernement bolivarien et les preuves irréfutables qu’il a produites, ils ne parlent qu’en faveur de l’«inattention » néocolonialiste de John Bolton et des déclarations de la diligente fonctionnaire Filipetti. Une opération de plus de dévoilement du rôle que joue l’impérialisme yankee quelque soit le Gouvernement qui le guide et de la subversion des classes dominantes : ce qui devrait faire réfléchir ceux qui voient dans l’OTAN et dans les États-Unis des facteurs de « progrès ».

 

« Les déclarations de Bolton indiquent que les États-Unis sont le pire ennemi de la démocratie et de la vie, » a dit l’ancien président de la Bolivie, Evo Morales, qui a été victime d’un coup d’Etat avec de fausses dénonciations de fraude et de « l’auto-proclamation » de Jeanine Añes en 2019. Pour le ministre des affaires étrangères de la Chine, ce n’est pas étonnant parce que l’ingérence des États-Unis dans les affaires intérieures des autres pays et les tentatives de coups d’Etat sont « leurs pratiques habituelles. » La porte-parole de la chancellerie russe, Maria Zakharova, a demandé par contre une enquête internationale pour confirmer dans quels autres pays les États-Unis ont organisé des coup d’Etat.

 

Silence, bien sûr, du représentant de l’Union Européenne pour la politique étrangère de sécurité, Josep Borrel, particulièrement loquace et actif dans la politique d’ingérence contre le Venezuela et grand mécène des putschistes vénézuéliens.

 

Traduction Françoise Lopez pour Bolivar infos

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